Le camp de prisonniers de guerre de Royallieu par Jean-Yves Bonnard
Avec la mobilisation générale, le 3e bataillon du 67e RI et les unités de l’Aérostation quittent les casernes de Royallieu pour prendre position le premier dans l’Aisne, les secondes sur la frontière belge ou en centre-ville. Les bâtiments de casernement changent alors d'affectation pour servir d'abord d'hôpital militaire puis, avec l'invasion allemande (10 mai 1940) de centre d'hébergement pour les réfugiés.
D'hôpital en centre d'hébergement pour refugiés
La caserne de Royallieu est alors reconvertie en hôpital d'évacuation secondaire sous l'intitulé HOE 2 n°7. Pour répondre à cette fonction, un réaménagement est organisé avec la création de couloirs isolés entre les bâtiments, l’installation du chauffage central dans quelques autres et la création de huit nouveaux baraquements. Orné au sol d'immenses drapeaux frappés d'une croix-rouge, l'hôpital ne sera pas la cible des bombardements lorsque l'Allemagne lancera son offensive sur la France. A la suite des premiers bombardements de Compiègne, les 17 et 18 mai 1940, l’HOE 2 n°7 est déplacé vers l’arrière. Les casernements de Royallieu sont réquisitionnés pour les réfugiés du Nord et de l’Aisne. L'invasion allemande de Compiègne, le 10 juin 1940, changera de nouveau la destination des lieux.
Un camp d'internement des prisonniers de guerre
Courant juin, l'occupant allemand réquisitionne les casernes Jeanne d'Arc et de Royallieu pour y emprisonner les prisonniers de guerre et cantonner ses troupes.
Les réfugiés étant autorisés à rentrer chez eux, les prisonniers de guerre les remplacent en juillet. La caserne Jeanne d'Arc est alors désaffectée.
Sous l'autorité militaire du commandant Sofl, la caserne de Royallieu est entourée de fils de fer barbelés pour y rassembler les prisonniers de guerre français et britanniques. Devenue centre de détention, la caserne est dénommée alors le Fronstalag 170 KN 654. Il comptera jusqu'à 11 000 prisonniers. Certains d'entre eux pourront être employés comme travailleurs civils dans les fermes ou dans des bureaux administratifs des environs de Compiègne.
En ville, des ouvroirs de Dames travaillent à constituer des colis pour les prisonniers.
Le camp sera vidé progressivement de ses prisonniers envoyés en captivité en Allemagne dès décembre 1940. La caserne de Royallieu demeure le lieu de détention des prisonniers affectés à l'extérieur qui y reviennent après leur journée de travail.
Fin juin 1941, le commandant Solf est relevé de ses fonctions et est remplacé. Les derniers prisonniers de guerre sont envoyés en captivité en Allemagne et sont remplacés par des prisonniers politiques, conséquence de l'invasion de l'URSS par l'Allemagne (22 juin 1941). Le camp devient un camp d'internement des ennemis "judéosoviétiques" de l'Allemagne et est dénommé Frontstalag 122.
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