1943 Camp de transit

Un camp de transit vers les camps allemands

A partir de la mi-décembre 1941, le commandant du Frontstalag 122  obtient la déportation à l’Est pour travaux forcés d’ « éléments judéo-bolchéviques ». Deux convois de juifs sont ainsi constitués au printemps 1942 à destination d’Auschwitz (27 mars et 75 juin 1942). Par la suite, 38 autres convois de déportés politiques partent de Compiègne vers les camps de concentration allemands par voie ferroviaire dont un convoi de 230 femmes le 24 janvier 1943 (convoi dit des 31.000, en référence aux matricules). Parmi eux, de nombreuses personnalités civiles et militaires.

Le camp de Royallieu, un des plus importants rouage du système totalitaire et génocidaire
Devenu camp de rassemblement et de transit, le Frontstalag 122 est l'un des plus importants rouages du système totalitaire et génocidaire sur le sol français. Plus de 54 000 résistants, militants syndicaux et politiques, juifs et civils raflés y seront internés. Si quelques milliers ont pu être libérés, 50 000 d'entre eux seront déportés dans les camps de concentration et d'extermination d'Auschwitz, Ravensbrück, Buchenwald, Dachau, Sachsenhausen, Mauthausen, Neuengamme. Près de la moitié d'entre eux décèdent pendant le transport ou dans les camps.


Le regroupement à Royallieu face à la progression alliée (17 août 1944 - 25 août 1944)
Au lendemain du Débarquement de Provence (15 août 1944), les Allemands précipitent l’évacuation des prisons où sont détenus les résistants. Pour le SIPO-SD, le choix est simple : soit laisser les détenus aux mains des Alliés et leur permettre d’en grossir les rangs, soit transférer ces hommes en Allemagne pour les faire travailler de force pour les usines d’armement. Il fait le choix de soutenir l’économie de guerre.
Royallieu, en tant que camp de regroupement, voit arriver les détenus des prisons de Picardie (Compiègne, Saint-Quentin, Amiens), de la région parisienne (Fresnes), de l’ouest (Rennes) et du centre de la France (Angers) mais aussi de l’ancienne Zone Sud : Montpellier, Lyon. En tout, une trentaine de départements sont concernés par ce regroupement.
Tandis que l’autorité militaire du camp de Royallieu organise un nouveau convoi, un accord est signé le 17 août 1944 entre « M. Nordling, consul général de Suède, en son nom personnel, au nom des divers pays qu’il représente, et le Militärbefehlshaber in Frankreich représenté par le Mayor Huhm, d’accord avec le Wehrmachtbefehlshsaber in Paris ». Doivent passer sous le contrôle du consulat de Suède et de la Croix-Rouge tous les politiques internés ou détenus dans les prisons de Fresnes, Cherche-Midi, Santé, Villeneuve-Saint-Georges, Saint-Denis, dans les hôpitaux de la Pitié, du Val de Grâce, de Saint-Denis et dans les camps de Compiègne, Drancy et Romainville. L’accord s’étend en outre « à tous autres lieux de détention et tous les trains d’évacuation sans exception faisant route à l’heure actuelle vers d’autres destinations ».
Aussi, le convoi en cours de constitution tombant sous le coup de cet accord, les détenus de Royallieu ne devraient plus quitter le camp. Mais le Sipo-SD n’entend pas se conformer à l’accord Nordling-Huhm et ordonne au commandant du camp, le lieutenant-colonel Possekel, de poursuivre l’opération qui sera menée à exécution.

La libération du camp
Avec la libération de Paris, le 24 août 1944, l'autorité allemande se prépare à quitter le camp de Royallieu. De nombreux dossiers sont regroupés pour être emmenés en Allemagne et d'autres documents sont brûlés sur place.
Le 25 août, quelques prisonniers jugés peu dangereux, dont Mgr Théas, évêque de Montauban, sont libérés. Pendant ce temps, un dernier convoi de 300 internés est organisé à destination d'Aix-la-Chapelle via Saint-Quentin et Liège. Le lendemain, le convoi s'ébranle avec de nombreux Allemands quittant le camp pour l'Allemagne. Grâce à l'intervention des cheminots, le convoi est détourné sur la ligne Montdidier-Péronne et immobilisé sur la voie.
Les détenus parviennent à quitter leur wagon tandis que leurs gardiens fuient dans la nature.
Ce 26 août, le camp n'est plus gardé permettant aux derniers détenus de retrouver la liberté.

Compiègne sera libérée par les Américains le 1er septembre 1944, après des combats en lisière sud de la forêt. Bientôt, le camp de Royallieu sera réemployé par les troupes alliés pour y détenir des prisonniers de guerre allemands.
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