BIONDI Jean alias "Léon Parent", "Jacques Batelier"
Résistant Libé-Nord et du réseau Brutus
déporté n°61964
par Jean-Pierre Besse
Né à Sari d’Orcino le 9 mai 1900, Jean Biondi fait ses études secondaires au collège d’Ajaccio puis ses études supérieures à la Sorbonne. Professeur au lycée Condorcet à Paris, il milite à la SFIO dès l’âge de vingt-cinq ans et adhère en 1930 à la section de Creil. Après la mort de Jules Uhry, en février 1936, il devient député et maire de Creil.
Franc-maçon, il appartient à la loge "Liberté" à Creil.
Le 10 juillet 1940, il est un des 80 parlementaires qui refusent de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain à Vichy. Déchu de son mandat de maire en avril 1941, il entre très vite dans la Résistance. Il participe à la création du CAS et s'occupe de la confection des tracts et du journal Socialisme et Liberté.
Arrêté une première fois le 12 septembre 1942, il est relâché peu après. Il participe aussi à la création de Libé-Nord et entre dans l'illégalité, en mars 1943. Il s'affilie alors au réseau Liberté. Sous le pseudonyme de "Léon Parent" ou de "Jacques Batelier", Jean Biondi recrute Marcel Mérigonde, Marcel Philippe, André Caron, Espérance Maillard, Georges Blin et Gabriel Havez et devient chef de secteur chargé de l'organisation dans quinze départements du Nord-Est, avant de prendre la direction de la zone occupée. Il est aussi membre du réseau Brutus.
Selon Daniel Mayer, Jean Biondi est "la cheville ouvrière de la SFIO " (Section française de l’Internationale ouvrière) dans la France de l’Est. Ce dernier a raconté l’arrestation de Jean Biondi : " Dès le 13 janvier 1944, des arrestations massives décapitaient le parti clandestin. Nous avions ce jour-là une réunion clandestine dans le local d’une imprimerie appartenant à un camarade du 10ème arrondissement, rue de l’hôpital Saint-Louis… Justement, Jean Biondi, député-maire de Creil, l’un des 80 est là… Il fait la liaison entre l’organisme central et ces départements. Il est normal qu’il soit l’un des premiers. Je vais à lui. Ma femme me serre le bras… Effectivement, la raison revenue, je m’aperçois qu’il baisse obstinément le regard. Il ne veut pas croiser le nôtre. Tout est désormais clair ; il est arrêté et sert d’appât… Notre camarade impassible d’apparence, continue à regarder le trottoir… "
Après un séjour à Fresnes puis à Royallieu, Jean Biondi est déporté par le convoi du 6 avril 1944 au départ de Compiègne à Mauthausen. Il y est interné du 9 avril au 24 juillet 1944, avant de passer dix mois au camp d’Ebensee.
De retour en France le 25 mai 1945, il est réélu maire de Creil, député de l’Oise et devient par la suite secrétaire d’Etat. Il meurt dans un accident de la route à Groslay le 10 novembre 1950.
Sources :
Le Cri populaire de l'Oise, 1930-1939, quotidien - Le Socialiste de l'Oise, 1944-1946, quotidien - Le Réveil de l'Oise, 1946-1949, quotidien - Mayer Daniel, Les socialistes dans la Résistance, Paris, PUF - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, tome 19-tome 26, Editions ouvrières, 1984-1986 .