1944-Liberation-Creil

La Libération de Creil


Extrait de l'article "Une page d'histoire locale, 15 août 1944 - 2 septembre 1944)

le 15 octobre 1944


  15 août 1944

La ville depuis peu a subi ses derniers bombardements, les Alliés encerclent Paris. Les renseignements les plus contradictoires parviennent au PC de la Résistance ou en plein cœur de la RD au milieu des colonnes ennemies, qui refluent dans un désordre indescriptible ; les chefs des mouvements de résistance se concertent avec le chef de sous-secteur. Sans cesse, des estafettes quittent le PC qui adresse des renseignements militaires importants au QG des alliés en marche

Le Poste de commandement est transformé en forteresse.


  17 août

L'ennemi prend ses dispositions pour miner le pont de l'Oise, l'état major départemental des FFI donne l'ordre aux groupes de Creil de faire ce qu'ils pourront pour protéger cet ouvrage et pendant plus de huit jours, une garde vigilante et discrète de jour et de nuit, surveille les travaux des artificiers, tandis que le chef militaire désigné prend ses dispositions tactiques pour tenter de s'opposer à la rupture du pont.

Ce même jour, les boulangers informent qu'ils n'ont plus de farine que pour un jour. Immédiatement, le PC FFI donne tous pouvoirs à M. Lestrade pour régler les questions de ravitaillement, la mission est périlleuse, elle implique de circuler constamment des porteurs d'ordres FFI, ce qui est suffisant pour être abattu sur le champs. M. Lestrade, sans hésiter, suit l'exemple des braves qui transportent sans discontinuer les plis secrets aux EM. les services du PC réquisitionnent le mazout de l'ENP de garçons, le soir in commence de battre, le lendemain on moud. Creil, Nogent, Montataire et les communes avoisinantes ne manqueront pas de pain.

En même temps, on signale que le ramassage du lait s'effectue mal ou ne s'effectue plus par endroit, on règle la question du lait comme on a réglé la question du pain, et comme le lendemain on règlera la question des pommes de terre.

Il a fallu vaincre quelques inerties, la menace des foudres de la justice militaire y a suffi. Aujourd'hui, 15 octobre, il serait bon de la brandir à nouveau et même de l'appliquer aux saboteurs.


  22 août

18h00 - Les chars Tigre déferlent sur la rue Gambetta. Les FFI qui posent sans arrêt des crève-pneux "made in Creil" prennent la décision d'arrêter les chars. trois volontaires se détachent au PC avec mission de poser une mine, l'endroit choisi est à 200m entre le Pont Royal et Nogent.

Entre deux chars, un homme pioche, l'autre qui porte la mine dans un sac tyrolien cueille de l'herbe. La confection du trou à la sauvette demande plus d'une demi-heure. Le trou prêt, la pose de la mine s'effectue en moins d'une minute, dégoupillage compris. Sans précipitation, les hommes repartent, il est temps, un nouveau convoi de chars arrive. Désappointement chez les FFI, la mine n'a pas explosé. 


21h00 - Le commandant va se rendre compte sur place. les chars sont passés à moins de 2 cm du premier percuteur. Là, il rencontre les chefs de Villers-Saint-Paul qui, sans consultation préalable, ont eu la même idée que ceux de Creil.

Après un court conciliabule, l'emplacement idoine pour la seconde mine est déterminé, quelques coups de raclette, elle est en place.


21h30 - Une détonation, puis une autre, coup sur coup, les deux mines ont explosé, les Tigres sont stoppés chacun une chenille hors d'usage, l'ensemble du convoi immobilisé pour une durée de 12h déclenche une fusillade très dense conte le parc du Château Herbert dans lequel il n'y a rigoureusement personne.

Encore une fois, les "terroristes" ont le dessus.


  24 août

Les Allemands qui évacuent le terrain d'aviation, placent des bombes d'avion dans l’École Nationale Professionnelle de Filles. Au PC de la Résistance, on se concerte, les renseignements indiquent que le moral allemand, tout entier dominé par la crainte des terroristes, est défaillant. Le commandant décide de profiter de la destruction, l'ultimatum suivant est envoyé au colonel Allemand Richter.


  26 août

  "A Monsieur le Feldkommandant de Beauvais

  Monsieur le Fliegerhorstkommandant à Creil

  J'ai l'honneur de vous faire connaître que la destruction par vos troupes de bâtiments publics ou privés entraînera sur les prisonniers que nous possédons déjà, ainsi que sur ceux qui tomberont entre nos soins, des représailles proportionnées aux actes de destruction que vous vous disposez d'ordonner.

  Au PC, le 26 août 1944
  Signé : Martin

  Commandant le Sous-secteur"


Celui-ci fait retirer les bombes, il déclare à l'envoyé des FFI qu'il sait par ses agents que ceux-ci sont des soldats d'élite et indique verbalement qu'il est prêt à leur reconnaître la qualité de combattants.


  27 août

Le pont est miné, les guetteurs sont à leur place et les hommes de protection dans les caves qui leur servent de repaire sont prêts à intervenir.

A ce moment, le colonel Richter (qui a décidément envie de se mettre bien avec les Creillois) informe le secrétaire de Police M. Boizard qu'il fait don au Creillois de 3000 tonnes de charbon aux habitants. L'EM FFI décide  que le colonel Richter n'étant pas à même de protéger ce charbon, celui-ci doit être considéré comme prise de guerre et réquisitionne immédiatement chevaux, tombereaux et hommes pour en assurer l'acheminement vers l'usine à gaz et les chantiers Devauchelle.

La récupération commence dans l'ordre. C'est le moment que choisit M. Arnould, maire vichyssois, qui réside quelque part à Chantilly et dont les Creillois n'avaient même pas remarqué la disparition, pour revenir brusquement à Creil prendre un initiative incongrue, celle de faire tambouriner l'ordre de récupération individuelle (à noter que deux camions de la firme dont il était directeur, récupéraient individuellement par 5 tonnes à la fois).

Le commandant des FFI suspend M. Arnould de ses fonctions, mais faute de moyens policiers, ne peur faire cesser l'anarchie.

Il n'empêche que 250 tonnes de charbon ont été ainsi récupéré au profit de la collectivité, ce qui a permis d'assurer la distribution du gaz après la libération, ainsi que la reprise du courant électrique.


  28 août

Le pont est miné, le dispositif de mise à feu est en place l'exception du détonateur proprement dit. Des batteries ennemies s'installent sur les collines avoisinantes. les dispositif de combat allemand se renforce autour du pont. pour l'équilibrer, M. Havez, l'actuel maire, reçoit l'ordre d'aller au-delà de Clermont chercher deux fusils mitrailleurs. Pendant douze heures, ses hommes et lui marchent à travers les bois avec armes et munitions. Dans le même temps, le groupe De Neyman - Seymand s'empare d'un canon de 25 avec l'intention de le retourner conter l'ennemi. Faute de spécialiste, ce canon ne pourra être utilisé.


  29 août

Les Allemands mettent à nouveau des bombes de l'ENP de Filles, nouvel ultimatum dont les termes sont motivé par l'impression fâcheuse que l'affaire des tanks avait laissée sur les Allemands.

"Le commandant du sous-secteur

à Monsieur le Horstkommandant à Creil,

Vous avez prématurément donné l'ordre de brûler le stock de charbon situé sur la rive droite de l'Oise, privant ainsi les habitants de nos cités d'un moyen de chauffage dont les autorités d'occupation les ont guère pourvu depuis juin 1940.

En conséquence, j'ordonne:

1° - que les prisonniers de guerre allemands tombés entre les mains des soldats FFI seront totalement privés e chauffage au cours de l'hiver prochain.

2° - Dans le cas où vous opéreriez des destructions d'édifices publics non construits originellement pour des fins militaires, la mesure ci-dessus prise sera aggravée.

Au-cas où l'Ecole Nationale Professionnelles de Jeunes Filles serait détruite par vous, je donnerai l'ordre à mes hommes de ne plus faire de prisonniers.

Au PC le 29 août 1944Le commandant du sous-secteur"


Richter est parti, le nouveau feldkommandant allemand tape sur la table, hurle, boucle ses valises et s'en va.


  30 août

La défense du pont est renforcée du côté allemand, 6 pièces de canon quadruples sont prêtes à tirer dans tous les sens, de l'infanterie en quantité importante, plus de 200 fusils mitrailleurs, lance-grenades et mitrailleuses sont prêts à intervenir.

La position de ces armes est scrupuleusement notée et transmise au QG allié qui atteint Chantilly à ce moment même.

Devant la puissance de feu ennemie, le commandant des FFI qui n'a pas reçu l'aide escomptée sous forme de commando parachuté, rend compte à l'EM départemental et en plein accord avec celui-ci, supprime le dispositif FFI


  31 août

On connait le reste, à 8 heures, le pont saute, les chars alliés informés des pièges allemands évitent la RN16 et se faufilent par les bois d'Apremont. Tout le dispositif allemand s'écroule d'un coup, l'adresse et la malfaisance des tireurs d'élite allemands ne peuvent plus que prolonger d'une journée les angoisses des Creillois de la RD, tandis que les groupes Wiamont et Boizard renforcés de nos courageux amis Belges donnent la réplique aux franc-tireurs allemands.

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