1945-Combats-FFI amalgames

La participation des troupes amalgamées de l'Oise
à la Campagne de Libération de la France
par Jean-Yves Bonnard

Au lendemain du 11 novembre, le 1er Bataillon du 67e R.I. sera mis à la disposition des troupes britanniques. Le 3e Bataillon, quant à lui, restera encore quelques temps à Compiègne où il apprendra le maniement d’armes et participera aux premières cérémonies du 11 novembre dans la clairière de l’Armistice.
Une armée d’appoint
Du 11 au 18 novembre, le 1er bataillon du 67e R.I. fait mouvement pour les plages du débarquement avec comme destination « Sword », où s’étaient battues le 6 juin précédent les troupes du 1er corps et de la 3e division d’infanterie de la 2e armée britannique du général Dempsey. Lion-sur-Mer, cité balnéaire et de villégiature située dans le secteur « Queen », deviendra la ville de garnison du Bataillon de Picardie. Les hommes de troupe logeront dans les hôtels et maisons tandis que les gradés occuperont les villas. Sous le double commandement britannique et français, les hommes pourront compléter une formation militaire jusque-là restée rudimentaire en pratiquant les exercices physiques ou le maniement d’armes d’après les ordres traduits en français de sous-officiers anglais dirigés par le major Dalby. Aussi, le 28 novembre 1944, le bataillon est-il inspecté par le général Legentilhomme, le brigadier Strong et le colonel Montgomery (fils du général). La mutation du Chef d’Escadron de Bellegarde pour l’Etat-Major de la Subdivision des Ardennes à Mézières conduira le général Préaud à désigner le Commandant Bouquerel comme Chef de Corps le 23 décembre suivant. Six jours plus tard, le bataillon sera envoyé dans la région de Chambois (Orne), près de Falaise, avec pour mission de réduire des éléments ennemis.
Tandis que le 1er bataillon du 67e RI était envoyé sur les plages du Débarquement, le 3e bataillon du 67e R.I. reçoit l’ordre de garder les sites sensibles du département, notamment les gares et les voies ferrées, les transformateurs électriques, les camps militaires…
En décembre, avec l’offensive allemande sur les Ardennes, les 3e Bataillons du 51e R.I. et du 67e RI sont envoyés en renfort des troupes américaines. Le 2 janvier, le 1er bataillon du 67e R.I. reçoit comme mission de remplacer ces troupes notamment dans la garde de pipelines à Bernay (Eure), de ponts à Glos-sur-Rille, de la ligne de fer allant de Cherbourg au front... L’Etat-Major quittera alors Lion-sur-Mer pour Bernay. Pendant ce temps, le 3e bataillon fait route vers Sedan. La troupe sera déployée le 25 janvier 1945 dans le secteur de Rouvroy-sur-Audry et l’Echelle (Ardennes), à une vingtaine de kilomètres de Charleville-Mézières, et reçoit comme mission de procéder à la fouille des environs. Confronté au froid et à la neige de ce rigoureux hiver 44, le bataillon trouvera abri dans les fermes, granges, laiteries et fromageries du voisinage et, ne rencontrant pas d’ennemi, attendra de nouveaux ordres. Après une semaine passée à proximité de la frontière belge, le bataillon enrichi de nouvelles recrues ardennaises est transféré par voie ferrée à Nantes le 1er février 1945 pour être mis à disposition des Forces Françaises de l’Ouest (F.F.O.). Après deux jours de cantonnement dans la caserne Maupin, les hommes de troupe sont dirigés sur la rive droite de la Loire pour contenir la poche de Saint-Nazaire.
Le 3e bataillon du 51e RI, quant à lui, sera dans le groupement de sécurité du Nord-Est jusqu’en février 1945. Il quittera les Ardennes pour la région parisienne au lendemain du recul allemand et sera basé à Neuilly. Il est alors mis à disposition de la zone des communications des armées américaines.
La garde des poches de Dunkerque et de Saint-Nazaire
Force d’appoint nouvellement formé, le 1er bataillon du 67e recevra l’ordre de participer, le 4 février 1945, à l’encerclement de la poche de Dunkerque (Nord), laissant ses missions de garde à des Unités de Travailleurs Nord-Africains. Placé sous les ordres du général Liska, commandant les Forces alliées sur le secteur, il se positionnera le 11 février au Sud de la ville à proximité de Warhem où son poste de commandement s’est installé. Il sera rejoint par le 2e Bataillon du 51e R.I.
Les troupes allemande de l’Amiral Frisius ayant rompu les digues, le «67e» est astreint à la surveillance des plaines inondées situées au nord de Bergues et de Hoymille, notamment des fermes isolées tenues par un ennemi aguerri, telle la Ferme des Neiges. Le bataillon prendra part à des coups de main et à des pilonnages au mortier des lignes ennemies. Le soutien d’artillerie de la brigade tchécoslovaque permettra au bataillon de résister aux assauts répétés des Allemands lesquels trouveront refuge dans les bunkers du mur de l’Atlantique. Les trêves du 26 mars et du 17 au 19 avril permettront un échange de prisonniers et de civils.
Redescendus au Quesnoy (Nord) courant mars 1945, les recrues sont informées qu’un concours aurait lieu pour entrer à l’école militaire de Coëtquidan (Guer, Morbihan). De la vingtaine d’engagés qui concourront, cinq pourront intégrer cette école d’officiers dont Louis Ledanois et René Caron, de Noyon. S’ouvrira alors pour eux une carrière dans l’armée française les menant tous deux au grade de lieutenant-colonel après leurs campagnes en Indochine et en Algérie.
Pendant ce temps, placées sous le commandement du Général de Larmina, les troupes françaises reçoivent l’ordre de circonscrire la  poche de Saint-Nazaire tenue par des soldats allemands de tous âges et de toutes armes, usant de la puissance de feu de leur artillerie marine de 320mm et des canons de 88mm autrichiens. Tandis qu’en rive gauche de la Loire combat le 2ème Bataillon du 67ème RI, composé essentiellement d’engagés volontaires de Loire-Atlantique, le 3ème Bataillon du 67ème RI a comme mission de contenir l’ennemi sur la rive droite depuis Muzillac jusqu’à Saint-Michel-Chef-Chef (Loire Atlantique). Le commandement et l’intendance sont alors stationnés à Saint-Etienne de Montluc où les hommes de troupes viennent en repos. La tenue des lignes autour de la ville assiégée impose aux Français, équipés de fusils allemands, le creusement de tranchés et d’abris souterrains. Les gardes et les patrouilles occupent le plus clair du temps des hommes du 3ème bataillon.
A la capitulation allemande, les 7 et 8 mai 1945, l’ennemi refusera de se rendre aux Français ne constituant pas pour eux une armée régulière. Considérant les soldats français comme des « terroristes communistes », l’Amiral Frisius ne donnera sa reddition que le lendemain, 9 mai, non sans avoir essuyé un déluge d’artillerie de la part de la batterie tchécoslovaque. De même, ce n’est que par la médiation d’un général allemand que le commandant de la place de Saint-Nazaire déposera les armes le 10 mai.
A la suite de cette reddition, le 3e bataillon restera en faction encore quelques jours dans les villages afin d’empêcher le retour des habitants dans un secteur en cours de déminage. Il sera par la suite affecté à la garde d’un camp de 3.500 prisonniers allemands à Saint-Gildas-des-Bois, puis à la garde de la base militaire allemande de Sainte Marguerite (près de La Baule). Les engagés volontaires « pour la durée de la guerre » seront démobilisés en novembre 1945. Ceux qui s’étaient engagés pour une durée plus longue gagneront Nantes où les trois bataillons du 67ème RI seront regroupés. Peu de temps après, le régiment sera dissout et les hommes versés dans d’autres régiments, les uns vers le 5ème Zouaves, les autres vers le 2ème Cuirassiers puis le 3ème Zouaves. Le 3e bataillon du 51e R.I. connaîtra le même sort dans la Sarre (Schwalbach) où il stationnait.
Au cours de leur mission, ces régiments connaîtront des pertes notamment le 1er Bataillon du 67e R.I. dans la Poche de Dunkerque (Lieutenant Calderon, l’adjudant Dehaye, le soldat Hognard, sont tués, le Caporal Choutt est porté disparu) et le 3e Bataillon du 67e R.I. dans la poche de Saint-Nazaire où meurent, notamment, le caporal-chef Marcel Devulder, de Crisolles, et le soldat Christian Dumontier, de Compiègne. Un monument au Temple-de-Bretagne honore les vingt hommes du 3ème Bataillon du 67ème RI sont morts pour la France au cours de la campagne de la poche de Saint-Nazaire.
Présentation du drapeau du 67e RI
par des soldats français équipés par l'armée britannique

Les hommes du 1er bataillon du 67e à Compiègne en 1944
Soldats du 6-7 devant les étendues inondées de Dunkerque

Emblème du 67e RI

Médaille dite des Va-nu-pieds

Monument en honneur des soldats tombés du 67e RI
à Saint-Michel-Chef-Chef
Share by: