Le général de Gaulle visite l'Oise meurtrie
par Jean-Yves Bonnard, notice créée le 21 décembre 2024
Les 11 et 12 août 1945, le général de Gaulle effectue une tournée dans le Nord de la France accompagné de Robert Lacoste, ministre de la production industrielle, Eugène Thomas, ministre des PTT, de Raoul Dautry, ministre de la reconstruction, de Gaston Palewski, son directeur de cabinet, et de Maurice Schuman. Acclamé dans toutes les communes traversées (Puiseux-le-Hauberger, Noailles, Ponchon, Warluis), le cortège fait étape le premier jour à Beauvais puis à Breteuil où les ruines ont laissé place à des baraquements depuis 1940. Dans l’attente de l’élaboration des plans de reconstruction, les "provisoires" semblent durer mais la foule est enthousiaste à l'idée de voir et d'entendre le "premier résistant de France", chef du GPRF.
L'étape de Beauvais
Arrivé à Beauvais à neuf heures, le général de Gaulle passe en revue le 3e bataillon du 42e motorisé et un détachement du 67e RI avec musique et drapeau.
Accompagné du général Henri Préaud, commandant le 2e Corps d'Armée, du lieutenant-colonel Levert, commandant la subdivision de l'Oise, et de Pierre Pène, Commissaire régional de la République, il se rend à la préfecture.
Là, le préfet Yves Pérony lui présente son chef de cabinet M. Gaignard, son secrétaire général M. Roque, les corps constitués, les membres de Comités locaux de libération, les chefs de groupes de résistance et le personnel préfectoral.
Puis, le général rencontre dans la salle du Conseil général les sénateurs, les députés, les conseillers généraux, les conseillers d'arrondissement et les maires de Compiègne, Clermont, Senlis, Creil et des communes du canton de Beauvais.
Le chef de gouvernement expose alors ses vues: "La situation général s'améliore, mais l'effort n'est pas fini. On constate un progrès en toutes matières. L’œuvre commencée sera continuée par la République avec ses institutions nouvelles basées sur le seul pouvoir légitime, le suffrage universel, en faisant du neuf, mais du raisonnable".
Le général de Gaulle se voit ensuite remettre, des mains de M. Leblond, président de l'Amicale des Résistants de l'Oise, une coupe en grès décorée d'une croix de Lorraine posée sur des morceaux de francisque et de croix gammée. Elle porte l'inscription : "offert par Ceux de l'Oise au premier Résistant de France".
Quittant la préfecture, le général de Gaulle se rend ensuite à la cathédrale où Mgr Roeder l'accueille avec le clergé. Du haut des marches, il salue la foule.
Puis il gagne la place du théâtre où une tribune a été dressée pour les discours.
Le maire de Beauvais, Henri de Ridder, prend la parole le premier et adresse au chef du gouvernement et au résistant un mot d'accueil, rappelant la visite du président Carnot.
Le discours du chef du gouvernement provisoire de la République française se veut attentif au sort des sinistrés : "Je dirai, tout d’abord, que Beauvais ne sera pas oublié. Les matériaux nécessaires à sa reconstruction pourront bientôt être distribués (…) De toutes les villes martyres, Beauvais sera une des premières à être reconstruite. C’est une dure tâche, mais, jour par jour, on constate déjà une amélioration sensible grâce au travail, à la volonté, à l’effort ".
Après avoir passé en revue les bataillons et pris un bain de foule au cours duquel le général de Gaulle fait entonner la Marseillaise, le convoi ministériel quitte Beauvais à 10h15 pour Breteuil.
Le général de Gaulle saluant la foule.
Au premier rang, de gauche à droite : le préfet de l'Oise Yves Pérony, le maire de Beauvais Henri de Ridder, le général de Gaulle, le Commissaire régional de la République Pierre Pène.
Au deuxième rang, le ministre Raoul Dautry, le commandant Levert, le ministre Eugène Thomas.
Au troisième rang: le directeur de cabinet Gaston Palewski, le sous-préfet Georges Fleury, le ministre Robert Lacoste
En arrière-plan, un détachement du 42e motorisé rend les honneurs.
Le général de Gaulle salue les résistants.
Au pied de l'escalier, vêtues d'une longue robe tricolore ornée d'une croix de Lorraine et des armes de Beauvais, Mireille Bailly, Odette Bailly et Anne-Marie Béhal accueillent le général. Le maire de Beauvais lit son discours.
L'étape de Breteuil
Après avoir traversé Tillée et Froissy, le convoi du chef du gouvernement provisoire atteint sa deuxième étape. En l'absence du maire de Breteuil mobilisé, le général de Gaulle est accueilli par le curé-doyen Legrand, adjoint lequel lui souhaite la bienvenue, lui présente le conseil municipal et les sociétés locales.
Arrivée du général de Gaulle à l'hôtel de ville de Breteuil orné d'un drapeau tricolore et d'une croix de Lorraine marqué du V de la Victoire.