41e RAC

 LES MILITAIRES DU 41e RAC
MORTS AU CHAMP D'HONNEUR DANS L'OISE



À 1 km en sortant de Noyon en direction d’Amiens, une stèle en granit a été érigée en bordure de la RD934, peu avant l’embranchement de la RD611 menant à Beaurains-lès-Noyon. Masquée par une haie végétale, elle fait face au Bois Prudent et rend hommage à un officier du 41e RAC mort en ce lieu le 7 juin 1940.

 DE LASSUS SAINT-GENIES François
Lieutenant-colonel - 41e RAC
par Jean-Yves Bonnard

« Tué glorieusement à Noyon »
Cette citation reproduite sur l’image pieuse dédiée au baron François de Lassus Saint-Geniès résume en quelques mots la fin du lieutenant-colonel commandant le 41e Régiment d’Artillerie de Combat.
Peu après la prise de la poche de Dunkerque, le 4 juin 1940, les forces allemandes se lancent à l’assaut de la ligne Weygand établie entre la Somme et l’Ailette. Après deux jours de combats intenses, Noyon est atteint le 7 juin malgré la résistance des forces françaises. Ce jour-là, le lieutenant-colonel de Lassus effectue en auto une liaison avec le PC de l’Infanterie Divisionnaire basé à Beaurains. Présent à ses côtés, le capitaine Alamigeon rapporte les faits : tandis que la voiture avance sur la départementale, trois Allemands dissimulés derrière le remblai de la route ouvrent le feu. Le chauffeur accélère, dépasse les Allemands mais une balle atteint le colonel de Lassus à l’épaule. Ce dernier pousse un soupir et dit : « je suis tué ». Il décède dans la voiture dix minutes après, en arrivant à Porquéricourt. Le soir même, le corps est ramené à l’arrière et est inhumé à Longueil-Annel.
Le 20 juin suivant, avant-veille de l’armistice, le général Frère cite le colonel à l’ordre de la 7e Armée: « Commande brillamment depuis six mois un Régiment d’artillerie de 75. Animé d’un patriotisme ardent, l’a communiqué à sa troupe et lui a donné le plus bel exemple de courage et d’esprit de sacrifice. Le 7 juin 1940, au cours d’une reconnaissance dans les toutes premières lignes, a été mortellement frappé d’une balle à la tête. »

François de Lassus Saint-Geniès.

L’hommage de Maurras
L’annonce au grand public du décès du colonel de Lassus est faite dans le journal L’Action Française, « organe du nationalisme intégral », le 9 juillet 1940. Le 14 juillet 1940, déclaré jour de deuil par le gouvernement, le journal évoque de nouveau la mémoire du défunt lors du service religieux suivi par le 41e RAC dans l’église d’Oradour. Les 6, 7 et 9 août, c’est au tour de Georges Gaudy, auteur de l’Agonie du Mont-Renaud, de publier dans L’Action Française ses souvenirs du disparu.
L’hommage s’achève en apothéose lorsque, le 7 septembre, Charles Maurras, académicien et co-directeur politique de L’Action française, publie un éloge appuyé.
Le parcours du colonel de Lassus, de nouveau cité en référence dans les numéros des 12 et 18 juin 1941, explique cette proximité avec les tenants du retour à la monarchie.
Né le 31 octobre 1883 à Paris, François de Lassus-Saint-Geniès n’a que douze au décès de son père. Il prend alors la ferme résolution « d’être bon chrétien, sincère, honnête travailleurs bon fils, et d’avoir une vie consacrée au devoir ». Polytechnicien (X 1903), il devient officier d’artillerie et épouse Elisabeth Picot de Persilhon peu avant l’entrée en guerre. Blessé, décoré de la Croix de guerre puis de la Légion d’honneur, il quitte l’armée en 1923 pour se consacrer à la gestion des biens de sa famille et de sa belle-famille. Il entre alors à L’Action Française suivant son épouse royaliste, dont le père, le commandant Ernest Picot, avait battu aux élections législatives de 1889 Jules Ferry.
En 1929 et 1930, François de Lassus donne des cours d’artillerie au comte de Paris et entre au Service d’honneur des princes jusqu’en 1935. Il est alors désigné comme président de la Ligue d’Action Française jusqu’à sa dissolution l’année suivante par le Front populaire. Il prend ensuite la direction de L’Action Française mensuelle et de l’organisation des amis de ce journal jusqu’à sa mobilisation en 1939.

Une de l'Action Française du 7 septembre 1940 rendant hommage au colonel de Lassus.

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