Le Bureau des opérations aériennes (BOA)
par Jean-Pierre Besse
Pour pallier à la lenteur des contacts avec les mouvements de Résistance et du fait que les responsables opérationnels des mouvements, accaparés par d'autres activités et peu au courant des mesures techniques, se montrent incapables de seconder les officiers de liaison parachutés, le BCRA décide la mise sur pied d'un organisme indépendant des mouvements de Résistance, chargé d'organiser la réception des parachutages et d'assurer l'instruction des équipes de réception.
La création officielle du Bureau des opérations aériennes (BOA) date du 24 avril 1943, mais il est en fait, selon le colonel Passy, mis en place par étapes au cours des semaines précédentes.
Quatre "blocs" opérationnels sont constitués et, peu à peu, les chefs de "blocs" désignent des responsables de "centres" qui dirigent le travail des équipes de réception de leur secteur. Ces équipes de réception sont fournies par les mouvements et directement formées par les chefs de "blocs" ou de "centres". Les agents doivent repérer des terrains susceptibles d'être utilisés.
Dès le printemps 1943, le BOA est capable de fournir au BCRA près de 500 terrains de parachutage et déclare être prêt à effectuer mensuellement 100 à 200 opérations.
Les opérations aériennes comprennent les parachutages et les atterrissages et enlèvements (opérations pick-up).
Sources :
Passy (colonel), Mémoires du chef des services secrets de la France libre, Paris, Odile Jacob, 2000, 806p .
Le Bureau des Opérations Aériennes et l'Oise
par Jean-Pierre Besse
Michel Pichard, alias "Pic" qui travaille depuis février 1943 avec l'OCM du département remet au bloc Centre (région P) ses terrains de l'Oise lors de la création du BOA.
Lorsque le BOA se structure, l'Oise est rattachée à la sous-région P1 (Seine-et-Marne, Oise, Saône-et-Loire) de la région P (ex bloc Centre). Le secteur de Chauny est, à cette époque, rattaché au département. Roland Delnef , alias "Joseph", est le chef du centre Oise.
Selon Michel Pichard, huit opérations sont réussies dans le département entre mai et août 1943, sept ont été repérées grâce aux archives du BCRA. Il comptabilise trois échecs, sept d'après les archives.
Après un premier échec en avril, le premier parachutage se déroule sur le terrain "Balance" près de Lhéraule. "Pic" est alors en contact avec des membres de l'OCM : Robert Belleil, Arnaud Bisson et Roland Delnef qui travaillent aussi avec des réseaux britanniques, ce qui n'est pas sans poser des problèmes.
Les réceptions sont suspendues après les arrestations intervenues en juillet 1943 à Méru. A cette date, les responsables de l'OCM doivent plonger dans la clandestinité suite à deux affaires simultanées. Ils sont impliqués dans une affaire d'hébergement d'aviateurs alliés, par ailleurs l'OCM, qui travaille aussi avec les réseaux Buckmaster, subit le contre-coup du démantèlement d'un de ses réseaux (
le réseau Prosper).
Arnaud Bisson passe alors dans l'Aisne et le secteur de Noyon est rattaché à Chauny.
Les équipes demeurent en place mais le réseau reste inactif jusqu'en juin 1944.
Les terrains du BOA dans l'Oise
Selon les archives du BOA, vingt-quatre terrains ont été proposés dans l’Oise entre mai et août 1943, quatre refusés. Tous ne sont pas reconnus, certains sont annulés pour des raisons diverses ou brûlés. C'est le cas des terrains "Baromètre", "Rapporteur" et "Fourche" situés trop près de la Flak, "Hélium" et "Niveau" occupés par les Allemands ou encore "Phalange" et "Antimoine" situés à 200 mètres l’un de l’autre. Tous les terrains homologués ne sont pas utilisés.
La trahison de Breton
Roland Delnef et Robert Belleil sont arrêtés à Paris en janvier 1944. En avril 1944, Robert Frotte, alias "Breton", originaire du Morbihan, est nommé chef du BOA dans l'Oise. Il reçoit, à partir de juin 1944, dans la région de Clermont, des parachutages mais il trahit en juillet 1944 et récupère, avec l'aide de collaborateurs parisiens, le contenu d'un parachutage. "Breton" est exécuté en août par les FFI oisiens.
Lorsque Pietri, alias "Pasteur", puis Chevalier, alias "François", assurent entre juillet et le débarquement la direction du BOA Oise, il y a 80 terrains homologués.
Sources :
AN, 171 Mi 76 à 82 - AN, 171 Mi 95 - AN, 171 Mi 96 - PICHARD Michel, L'espoir des ténèbres, parachutages sous l'Occupation, Vesoul, Erti, 1990, 358 (plus annexes et photographies).