Camp B - Americains Royallieu

Les détenus du Camp B de Royallieu

par Jean-Yves Bonnard


Au lendemain de la Première Guerre mondiale, des soldats américains décident de ne pas retourner dans leur pays et de rester en France. D'autres, hommes d'affaires dans le civil, y installent leur entreprise notamment après le krach boursier de 1929. D'autres encore, artistes (sculpteurs, peintres, musiciens) ou écrivains choisissent d'y trouver leur inspiration. Outre les Etats-Uniens, qui constituent la majorité de la "colonie" américaine,vivent en France des Argentins, Brésiliens, Chiliens, Cubains, Haïtiens, Mexicains et Uruguayens... Bon nombre d'entre eux se marient avec des Françaises et ont des enfants.

Une monnaie d'échange

Si, à la déclaration de guerre, l'ambassade des Etats-Unis en France recommandent à ses ressortissants  de quitter la France, bon nombre d'entre eux restent. Au lendemain de la déclaration de guerre de l'Allemagne aux Etas-Unis, ces civils étrangers sont arrêtés par l'armée allemande et regroupés dans une partie du camp de Royallieu : le camp B.

Entre le 18 décembre 1941 et le 18 mars 1944, près de 500 ressortissants américains vivant en France y sont internés sous le statut de prisonnier de guerre. Protégés par la Convention de Genève, ces détenus étrangers sont alors considérés comme une monnaie d'échange contre des prisonniers allemands détenus par l'Amérique. Seuls, 78 d'entre-eux sont libérés dans ce cadre.

Maceo Jefferson et Louis Laloge,

deux détenus du camp B.

Vivre dans le camp B

Dans cette masse de détenus, désignés par un numéro de matricule, figurent des femmes et quelques enfants (comme Charlotte Trinchieri et René Castellanos), lesquels sont transférés dans le camp de Vittel (Vosges).

Comme dans les autres camps, les détenus étrangers tuent le temps en organisant des conférences, des animations diverses. D'autres jouent, lisent, dessinent, font de la musique... Le chambrées s'animent de rendez-vous culturels et artistiques.

Par crainte de bombardements du camp, les détenus du Camp B sont transférés à Clermont de l'Oise en mars 1944. Ils sont libérés le 1er septembre 1944 par l'armée américaine.



S'appuyant sur les travaux de Thiphaine Dupuy de Méry, une exposition sur ces "internés oubliés", s'est tenue au camp de Royallieu de janvier à avril 2016 sous la direction d'Anne Bonamy. De nombreux souvenirs de captivité conservés par des familles américaines ont pu être présentés, dont des lettres, des dessins, des partitions, des jeux de plateaux... sur lesquels ont été apposés des signatures de détenus.

Jeu de Monopoly signé de la main

de détenus du camp B (Jersey Archive).

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