La Corporation paysannepar Jean-Pierre Besse
Le monde rural est l'un des piliers de la Révolution nationale. Le gouvernement de Vichy souhaite favoriser le retour à la terre et redonner à l'agriculture la place qu'elle mérite dans l'économie nationale, selon lui la première.
La loi du 2 décembre 1940 instaure la Corporation paysanne, complétée, en décembre 1942, par l"intégration des artisans ruraux dans le système corporatiste.
Par arrêté du ministre de l'Agriculture du 10 novembre 1941, paru dans le Journal officiel du 16, Gaston Boulanger, président de la caisse régionale du Crédit agricole est nommé délégué régional de l'organisation corporatiste dans l'Oise. Kirgener de Planta, président de la Caisse d'allocations familiales de Noyon et Jacques Lefèvre, président du syndicat agricole de Défense paysanne (syndicat de Dorgères) sont nommés délégués régionaux adjoints.
L'Union régionale agricole est créée officiellement le 10 juillet 1942 à Creil. Gaston Boulanger est élu syndic régional. 462 syndicats corporatistes sont présents à cette assemblée constitutive.
L'assemblée adresse au maréchal Pétain "l'expression de sa respectueuse reconnaissance et de sa vive gratitude pour avoir, par la loi du 2 décembre 1940, organisé la Paysannerie en la plaçant au premier rang de la nation tout en lui conservant ses principes traditionnels de liberté et d'indépendance".
Elle affirme "sa volonté de produire en masse pour assurer le ravitaillement des populations urbaines malgré les difficultés de toutes sortes et la diminution progressive des moyens de culture".
En décembre 1943, Francis Hamelin remplace Gaston Boulanger comme syndic régional. La Corporation paysanne dispose avec L'Oise agricole d'un journal hebdomadaire, lequel publie régulièrement les communiqués des autorités d'Occupation.
Il est difficile de déterminer en quoi l'activité de la Corporation paysanne diffère de celle de la Société des agriculteurs de l'Oise qui existait avant-guerre.
Quelques extraits tirés de L'Oise agricole donnent une vue partielle des préoccupations et du fonctionnement : "Le conseil constate que l'accaparement des fermes par des étrangers s'accentue" (3 mars 1944). "Nous sommes navrés de constater que certains agriculteurs et ouvriers agricoles ne voient dans la Corporation qu'un organisme capable de leur donner quelques avantages matériels comme des bottes et des chaussures. La Corporation, c'est l'avenir de la paysannerie, c'est par elle que la France redeviendra forte" ( 22 avril 1944).
"Considérant que les intérêts du patron et de l'ouvrier agricole sont les mêmes et que, lorsque le patron gagne bien sa vie, l'ouvrier en bénéficie aussi, les membres ouvriers de l'Union régionale de la Corporation agricole déclarent formellement être solidaires de leurs patrons pour revendiquer une revalorisation immédiate et substantielle des produits agricoles"( 14 avril 1944).
Sources :L'Oise agricole, 1944, quotidien.
Liens:
- L'Oise agricole, n°28, 25 juillet 1942.