L'affaire de Cramoisy
par Jean-Yves Bonnard


Durant la guerre franco-prussienne de 1870, de nombreux civils ont participé à la défense nationale en prenant les armes. Cette pratique, contraire aux lois de la guerre pour l'envahisseur, est fortement réprimée durant ce conflit puis durant la Première Guerre mondiale par les troupes allemandes en France et en Belgique. Appliquant la loi martiale, les civils pris les armes à la main sont fusillés sans aucune forme de procès. Durant la Seconde Guerre mondiale, le même processus est appliqué contre les civils considérés comme "francs-tireurs". Or, au cours de la Bataille de France, le gouvernement français crée le corps des gardes territoriaux, civils volontaires venant en appui aux militaires pour surveiller le territoire. Cette disposition, prise dans un contexte de lutte contre une invasion de parachutistes allemands, fera des civils des supplétifs de l'armée régulière et feront l'objet de représailles après l'armistice de la part de l'occupant.


La création des gardes territoriaux

Le 17 mai 1940, un décret inséré au Journal Officiel le lendemain prescrit aux municipalités de former des Corps de gardes territoriaux afin de participer à la surveillance du territoire au cas où des parachutistes allemands seraient déposés. Une rumeur court alors sur le déploiement de soldats venus du ciel sur Belgique. Anticipant ce décret, une circulaire préfectorale adressée par télégramme aux maires de l'Oise le 12 mai reprenait des instructions du gouvernement, les invitant à constituer cette garde civile en recrutant des hommes volontaires parmi, notamment, les anciens combattants.  Se conformant aux ordres préfectoraux, le maire Alphonse Lecocq contacte les anciens combattants de sa commune et parvient à former un corps de gardes territoriaux armé de fusils de chasse. Certains d'entre eux vont participer à l'arrestation d'aviateurs parachutés le 26 mai suivant.

Deux jours plus tard, le 28 mai 1940, le lieutenant-colonel Paoli, commandant d'armes de la place de Senlis et commandant d'étapes écrit au maire de Cramoisy lui demandant de prendre en compte et obéir aux prescriptions du décret. Le 5 juin 1940, Alphonse Lecocq transmet au lieutenant-colonel Paoli la liste de douze noms préalablement établie :

 - Heurteur Henri,

 - Godart Joseph,

 - Carballet Louis,

 - Godart Paul,

 - Lévêque René,

 - Gambier Gaston,

 - Thil Léon,

 - Baudoux Robert,

 - Boniface Constant, lieutenant de pompiers

 - Lengèle Marcel,

 - Jucquin Marie,

 - Destrées Georges.

Le combat aérien du 26 mai 1940
Depuis quelques jours, des éléments de troupe stationnent à Cramoisy. Des membres du groupe de défense local désignés par le maire patrouillent dans la commune, armé de fusils de chasse.  
Le 26 mai, les habitants assistent à un combat aérien. Un avion allemand est touché et trois aviateurs parviennent à s'extraire de la carlingue pour se parachuter. Aussitôt, les gardes territoriaux et les soldats français présent dans le village partent à la recherche des parachutistes. La confusion est totale.
Lors d'une enquête menée fin avril 1941 à Cramoisy, soit près d'un an après les faits, l'inspecteur de police spéciale Robert Fischbach rapporte le déroulé de cette journée au Commissaire spécial de Beauvais :
" (...) Le 26 mai 1940, un combat aérien s'est déroulé sur le territoire de la commune de Cramoisy. Des aviateurs allemands, dont l'avion était touché, sont descendus en parachutes, alors que l'avion adversaire, un anglais pense-t-on, tirait à la mitrailleuse et que des postes militaires français faisaient également feu. Un habitant de la commune, qui se trouvait à 1500 ou 2000 mètres de là, Heurteur Henri, a tiré avec un fusil. Un aviateur allemand a été blessé, vraisemblablement par une balle de mitrailleuse. Cet aviateur, paraît-il, tirait sur les personnes qui se trouvaient dans les parages. Heurteur s'est vanté dans tout le village d'avoir blessé l'aviateur, ce qui est tout à fait douteux, des balles militaires sifflant de partout au moment de la bataille. Un autre habitant, Delaplace Henri, conseiller municipal, a fait connaître aux habitants de Cramoisy qu'il avait achevé à coups de pierre un aviateur blessé (...)".
Arrêtés, les aviateurs allemands sont faits prisonniers de guerre. Libérés avec l'armistice, ils rendent compte de leur aventure du 26 mai qui donne lieu à une enquête d'un tribunal militaire allemand.

L'enquête du tribunal de l'armée de l'air allemande
L'enquête est menée par le tribunal de campagne du 1er corps d'aviation (Feldgericht des 1 Fliegerkoops der Wehrmacht) qui applique les principes de dissuasion, de peur et de sévérité propre à la justice nazie. Les 25 et 26 novembre, à sa demande, deux gendarmes allemands accompagnés d'un interprète auditionnent une adolescente de 14 ans et demi, Jacqueline Basset, dont le rôle dans le déroulement des événements qui vont suivre n'est pas établi, puis, plus tard sa mère Ida. Ils convoquent en mairie de Cramoisy les gardes territoriaux de la commune pour les interroger. Chacun des membres du groupe témoigne de la journée du 26 mai puis regagnent leur domicile.
Mais le 26 novembre, à 21 heures 30, les autorités allemandes procèdent à l'arrestation d'Henri Heurteur, ne lui laissant que dix minutes pour embrasser ses trois enfants. Dès le lendemain, 27 novembre, le maire de Cramoisy saisit le préfet de l'Oise par lettre pour lui demander d'intervenir auprès du gouvernement pour prouver qu'Henri Heurteur n'a fait qu'obéir aux ordres reçus et pour obtenir sa libération. Mme Heurteur, quant à elle, écrit au feldkommandant de Beauvais faisant appel à son sentiment de justice: "mon mari n'a fait qu'obéir à un ordre reçu, exactement comme un soldat allemand qui aurait exécuté une prescription". Ce recours est adressé au Juge de guerre du Tribunal de l'Armée de l'Air.
Dans les jours qui suivent, Henri Heurteur est conduit à la prison du Cherche-Midi, à Paris.

L'affaire prend une nouvelle dimension lorsque le samedi 11 janvier 1941, la police allemande interpelle trois habitants de Cramoisy, MM. Delaplace père et fils et M. Bréviaire. Puis, dans l'après-midi, six autres habitants sont interpellés : MM. Destrées, Thil père et fils, Jucquin, Gambier et Lévêque. Absent de son domicile, M. Godart est emmené le lendemain matin. Conduits à la police de l'Air à Noailles, ces hommes sont interrogés puis incarcérés à la prison de Beauvais. Seuls, MM. Delaplace et Bréviaire sont relâchés et reviennent à Cramoisy le dimanche après-midi.
Le 14 janvier, le maire de Cramoisy adresse une lettre au préfet de l'Oise, s'inquiétant du sort de ces hommes arrêtés et de leur famille. Le préfet y répond deux jours plus tard, indiquant que la Feldkommandantur de Beauvais ne lui a fourni aucune indication et qu'il saisit l'ambassadeur de France délégué général du Gouvernement dans les territoires occupés. A ce dernier, il indique cependant que les sept personnes arrêtées sont inculpées d'avoir agi en "francs-tireurs".
Courant février 1941, les sept détenus de Beauvais sont transférés à la prison de Compiègne.

Le 9 mars suivant, l'affaire connait un nouveau rebondissement: dans une lettre du maire de Cramoisy adressée au préfet de l'Oise le 13 mars, on apprend que le conseiller municipal Henri Delaplace, ouvrier d'usine et ancien combattant, a été arrêté à l'hôpital de Senlis où il était soigné. Cette interpellation fait suite à l'intervention auprès de la police de l'air, le jour-même, des huit épouses des détenus de Cramoisy dénonçant le fait que l'intéressé aurait frappé un des parachutistes déjà blessé.
Les détenus de Cramoisy sont maintenant neuf, un incarcéré au Cherche-Midi et les huit autres à Compiègne.

Vers le procès des "francs-tireurs"
Le 22 avril 1941, les huit prisonniers de Compiègne sont transférés à la prison de Fresnes. Parmi eux, M. Godart, 60 ans, peine à surmonter la pression de l'incarcération et se suicide le lendemain dans sa cellule. Dans une lettre du maire de Cramoisy au préfet de l'Oise datée du 28 avril, il est dit : "M. Godart ne put surmonter cette nouvelle épreuve. Très déprimé et désespérant de voir intervenir une solution dans cette pénible affaire, il préféra se donner la mort".
Le 31 avril 1941, le tribunal de campagne du 1er corps d'aviation (Feldgericht des 1 Fliegerkoops der Wehrmacht) qui transmet son dossier au tribunal de guerre. Lavés de tout soupçon, Georges Destrées, Gaston Gambier, Marie-Adrien Jucquin, René Lévêque, Léon Thil et Lucien Thil sont libérés de Fresnes le 15 août 1941 et regagnent leur domicile. Toujours incarcérés, Henri Heurteur et Henri Delaplace sont informés qu'ils seront jugés par un tribunal militaire. Pour défendre les inculpés de Cramoisy, la préfecture de l'Oise et la commune de Cramoisy décident de prendre un avocat, en la personne de maître François E. Peter, avocat à la cour de Paris, lequel a déjà assuré la défense de deux habitants de la Nièvre accusés d'avoir agi en tant que franc-tireurs. Ce dernier s'évertuera à prouver que les gardes nationaux sont assimilés à des militaires, s'appuyant sur le décret et les textes émanant du gouvernement et des préfectures. En vain. Le procès se déroule du 29 au 31 octobre 1941, devant la cour martiale de Berlin siégeant à Paris qui rend son verdict : Henri Heurteur est condamné à mort et Henri Delaplace condamné à dix ans de réclusion.
Le lendemain, 1er novembre, Henri Heurteur signe un recours en grâce. Peu après, une demande d'aide est formulée par le maire de Cramoisy auprès du préfet (lettre du 5 novembre 1941) et un recours en grâce par Mme Heurteur auprès du chancelier du Reich (lettre du 6 novembre 1941). Ces actions portent leurs fruits et le 9 novembre, le général commandant les forces d'occupation gracie Henri Heurteur et commue sa peine en détention sans plus de détail.
Le 10 novembre, les deux condamnés quittent la prison de Fresnes et sont emmenés en prison en Allemagne, à Karlsruhe. Classé « nacht und nebel », Henri Heurteur passe à Rheinbach, Zweibrücken puis à la prison d’état de Saarbrücken.
Incarcéré en forteresse, Henri Heurteur connait des conditions de détention éprouvantes. Dans une lettre de son épouse adressée au préfet de l'Oise le 12 mars 1942, on apprend qu'elle n'a eu de ses nouvelles que trois fois et ne peut lui envoyer de colis faute de relai. Puis, en juillet 1943, elle demande au maire de Cramoisy de l'informer de la manière dont un condamné dans les mêmes conditions, M. de Bois d'Hébert, a pu obtenir sa libération... Après examen de ce cas, les autorités françaises conclurent que les charges diffèrent et qu'il n'est pas possible de porter une requête auprès du tribunal allemand.
Le 27 janvier 1943, la condamnation de Henri Heurteur est commuée en peine de 5 ans de réclusion, permettant d'envisager une sortie de prison au 7 décembre 1946 compte tenu du temps déjà fait. Le 5 septembre 1943, Henri Heurteur décède à la prison de Sarrebrück, à l’âge de 38 ans dans des circonstances inconnues. 


A l'annonce de la mort d'Henri Heurteur, l'émotion est vive à Cramoisy. Sa famille décide de faire célébrer un service religieux en sa mémoire en l'église de Cramoisy le 20 novembre 1943 à 10h00. Dans la nuit qui précède la messe, des inscriptions sont peintes en blanc sur les murs de l’église de la commune et sur la chaussée voisine en trois point différents. On peut y lire : Heurteur nous te vengerons", "Le Front National pleure ses martyrs et les venge", "Mort aux Boches". Pendant toute la cérémonie qui suit, les soldats allemands défilent autour de l’église en chantant et en claquant leurs bottes. L'enquête menée par l'Inspecteur de police de sûreté sur ces "inscriptions séditieuses" ne donnera pas de résultat tangible, concluant qu'elles "ne sont autres que des habitants de Cramoisy appartenant au groupement de résistance Front National". Courant décembre, le journal clandestin Le Patriote de l'Oise, organe du Front National, publie un entrefilet rendant hommage à Henri Heurteur confirmant son souhait de vengeance.

 

Le décès d'Henri Heurteur marquera durablement la commune de Cramoisy dont une rue porte son nom. Son fils Marcel, né en 1935, devient maire de Cramoisy de 1983 à 2001. 

 

Sources

Arch. départ. Oise 33 W 8242.
ANDRIEU Claire,
When Men Fell from the Sky: Civilians and Downed Airmen in Second World War Europe, Cambridge University Press, 2022.

GERHARDS Auguste, Tribunal de guerre du IIIe Reich, Cherche-Midi / Ministère de la Défense, 2014.


Liste des hommes de Cramoisy arrêtés par les Allemands



DELAPLACE Henri Léon

Emprisonné, condamné

par Jean-Yves Bonnard


Né le 31 janvier 1893 à Saint-Waast-les-Mello, fils de Jules Léon Delaplace et de Sidonie Lucas, il exerce avant guerre la profession de carrier.

Mobilisé en 1914, il sert sur le front occidental et le front d'Orient. Blessé plusieurs fois (gelures des pieds, abcès bucal à la joue gauche, blessure de guerre à Beaumont dans la Somme), il reçoit la Croix de guerre avec étoile de bronze et la citation à l'ordre du régiment : "S'est particulièrement distingué pendant la journée du 19 septembre 1916 au cours de laquelle sa section, pour maintenir ses positions, a du repousser à la baïonnette des contres-attaques d'un ennemi très supérieur en nombre" (n°105 du 23 octobre 1916).

Noté demeurant à Cramoisy en 1929 où il exerce la profession d'ouvrier d'usine en 1941, père d'un enfant et conseiller municipal, cet ancien combattant est interpelé le 9 mars 1941 par la police allemande sur dénonciation des huit épouses des hommes arrêtés pour avoir participé à l'arrestation de trois aviateurs allemands le 26 mai 1940 après s'être parachutés de leur avion abattu. Il se serait vanté auprès de la population d'avoir achevé un aviateur blessé à coups de pierre. Arrêté le 9 mars 1941 alors qu'il est en traitement à l'hôpital de Senlis pour paludisme, il est emprisonné à Compiègne, transféré à la prison de Fresnes le 22 avril 1941 et jugé par la Cour martiale de Berlin siégeant à Paris les 29, 30 et 31 novembre 1941. Il est condamné à 10 de réclusion et détenu en Allemagne.

Il est libéré en 1945 et considéré comme déporté politique. Il reçoit la médaille militaire par décret du 7 février 1959 (JO du 14 mars 1959).


Sources

Arch. Départ. Oise 33 W8242, RP1015.

GERHARDS Auguste, Tribunal de guerre du IIIe Reich, Cherche-Midi / Ministère de la Défense, 2014.


DESTREES Georges Isaïe

Emprisonné, témoin

par Jean-Yves Bonnard


Né le 25 avril 1902 à Cramoisy, fils de Samson Zéphir Destrées et d'Octavie Baudé, il exerce la profession de couleur de moules aux Etablissements Parvillé frs de Cramoisy.

Marié à Emilienne Ruelle et père de trois enfants, ce garde territoral de Cramoisy est arrêté le 11 janvier 1941 pour avoir participé à l'arrestation de trois aviateurs allemands le 26 mai 1940 après s'être parachutés de leur avion abattu. Il est libéré de la prison de Fresnes le 15 août 1941. Il est convoqué devant la Cour martiale de Berlin siégeant à Paris avec son épouse le 30 octobre 1941 en qualité de témoin dans le procès d'Henri Heurteur et d'Henri Delaplace.


Sources

Arch. départ. Oise 33 W8242 - Rp2176.

GERHARDS Auguste, Tribunal de guerre du IIIe Reich, Cherche-Midi / Ministère de la Défense, 2014.


GAMBIER Gaston

Emprisonné

par Jean-Yves Bonnard


Ouvrier d'usine, marié à Rosa Spusta, ce garde territorial de Cramoisy est arrêté le 11 janvier 1941 pour avoir participé à l'arrestation de trois aviateurs allemands le 26 mai 1940 après s'être parachutés de leur avion abattu. Il est libéré de la prison de Fresnes le 15 août 1941. Il est convoqué devant la Cour martiale de Berlin siégeant à Paris avec son épouse le 30 octobre 1941 en qualité de témoin dans le procès d'Henri Heurteur et d'Henri Delaplace.




Sources

Arch. départ. Oise 33 W8242.

GERHARDS Auguste, Tribunal de guerre du IIIe Reich, Cherche-Midi / Ministère de la Défense, 2014.


GODART Florentin Clément

Emprisonné

par Jean-Yves Bonnard


Né le 9 juin 1880 à Cramoisy, fils de Louis Hénoré Godart et d'Estelle Euphrasie Olympe Foucroy, il exerce la profession de cultivateur.

Mobilisé durant la Première Guerre mondiale au 2e Régiment de Hussards, il est reconnu inapte en 1915 et placé en sursis d'appel comme entrepreneur de battages à Cramoisy.

Propriétaire, il est arrêté le 12 janvier 1941 pour avoir participé à l'arrestation de trois aviateurs allemands le 26 mai 1940 après s'être parachutés de leur avion abattu. Emprisonné à Compiègne, il se suicide dans sa cellule de la prison de Fresnes le 23 avril 1940 où il venait d'être transféré la veille avec les autres inculpés de Cramoisy. Il laisse une veuve.


Sources

Arch. départ. Oise 33 W8242 - Rp904.

GERHARDS Auguste, Tribunal de guerre du IIIe Reich, Cherche-Midi / Ministère de la Défense, 2014.


HEURTEUR Henri Félix Gustave

Déporté politique

Mort en déportation

par Jean-Yves Bonnard


Né le 13 février 1905 à Cramoisy (Oise), fils de Louis Clément Eric Heurteur (Cramoisy, 1873 - 1951) et d'Eugénie Marthe Descampeaux (Bulles, 1882-1966), ce cultivateur est l’époux de Marthe Victorine Mahieux (Villers-sous-Saint-Leu, 1912-). Le couple demeure dans la Grande-rue de Cramoisy. Marié le 14 octobre 1931 à Villers-sous-Saint-Leu, le couple donne naissance à trois enfants, Thérèse (née en 1933), Marcel (né en 1935) et Jean-Pierre (né en 1940).

Conseiller municipal, il sert en 1935 dans un régiment d'artillerie basé en Lorraine. Commotionné, il passe en conseil de réforme. Mobilisé à la déclaration de guerre, il revient dans ses foyers en avril 1940. Nommé chef garde territorial par le maire Adolphe Lecocq, il participe à l'arrestation de trois aviateurs allemands le 26 mai 1940. Il est arrêté par la police allemande le 26 novembre 1940, accusé d’avoir tiré sur l'un de ces aviateurs. Il se serait vanté dans le village d'avoir blessé un aviateur en tirant sur lui avec son fusil. Interné à Fresnes, il est condamné à mort par la Cour martiale de Berlin siégeant à Paris les 29, 30 et 31 octobre 1941. Gracié le 9 novembre, il est déporté le 10 novembre 1941 à destination de Karlsruhe (Allemagne). Classé « nacht und nebel », il passe à Rheinbach (district de Cologne), Zweibrücken puis à la prison d’état de Saarbrücken. Le 27 janvier 1943, sa condamnation est commuée en peine de 5 ans de réclusion. Le 17 février 1943, Henri Heurteur est transféré à la prison de Wittlich puis, le 10 mars suivant, à Zveibrücken.

Il décède le 5 septembre 1943 à Saarbrücken, à l’âge de 38 ans.

Dans la nuit qui précède la messe en sa mémoire, le 20 novembre 1943, des inscriptions sont peintes en blanc sur les murs de l’église de Cramoisy et sur la chaussée : 

« Heurteur nous te vengerons", "le FN pleure ses martyrs et les venge", "mort aux boches ».

Pendant toute la cérémonie qui suit, les soldats allemands défilent autour de l’église en chantant et en claquant leurs bottes.

Une rue de Cramoisy porte son nom. Il reçoit la mention Mort pour la France.  Par décision du Ministère des Anciens combattants et victimes de la Guerre du 10 février 1955, le titre de déporté politique lui est attribué (cart n°1.10314609).

Son fils Marcel devient maire de Cramoisy de 1983 à 2001. 


Sources

Arolsen - AD Oise 33 W8242 - Fiche Jean-Pierre Besse - SHD Caen 21P49814 - 21P57152 -  Remerciements à Mme Nicole Heurteur Van de Walle 

GERHARDS Auguste, Tribunal de guerre du IIIe Reich, Cherche-Midi / Ministère de la Défense, 2014.


JUCQUIN Mary

Emprisonné

par Jean-Yves Bonnard


Chef meunier au moulin Roulon, père de 11 enfants dont un prisonnier en Allemagne, ce garde territorial  est arrêté le 11 janvier 1941 pour avoir participé à l'arrestation de trois aviateurs allemands le 26 mai 1940 après s'être parachutés de leur avion abattu. Il est libéré de la prison de Fresnes le 15 août 1941.


Sources

Arch. Départ. Oise 33 W8242.

GERHARDS Auguste, Tribunal de guerre du IIIe Reich, Cherche-Midi / Ministère de la Défense, 2014.


LEVEQUE René

Emprisonné

par Jean-Yves Bonnard


Ouvrier d'usine, marié à Augusta De Foor, père de quatre enfants, ce garde territorial de Cramoisy  est arrêté le 11 janvier 1941 pour avoir participé à l'arrestation de trois aviateurs allemands le 26 mai 1940 après s'être parachutés de leur avion abattu. Il est convoqué devant la Cour martiale de Berlin siégeant à Paris avec son épouse le 30 octobre 1941 en qualité de témoin dans le procès d'Henri Heurteur et d'Henri Delaplace.




Sources

Arch. départ. Oise 33 W8242.

GERHARDS Auguste, Tribunal de guerre du IIIe Reich, Cherche-Midi / Ministère de la Défense, 2014.


THIL Léon Prosper

Emprisonné

par Jean-Yves Bonnard


Né le 11 septembre 1890 à Mouy, fils de Prosper Thil et d'Adeline Démarais, il exerce la profession de galvaniseur à Cramoisy. Durant la Grande Guerre, il sert comme chasseur à pieds et est noté disparu le 28 mai 1918 au combat de Missy (Aisne). Fait prisonnier à Munster, il est rapatrié en France le 10 décembre 1918.

Ouvrier d'usine, père de sept enfants dont Lucien, ce garde territorial de Cramoisy est arrêté le 11 janvier 1941 avec son fils pour avoir participé à l'arrestation de trois aviateurs allemands le 26 mai 1940 après s'être parachutés de leur avion abattu.

L'enquête est menée par le tribunal de campagne du 1er corps d'aviation (Feldgericht des 1 Fliegerkoops der Wehrmacht) qui transmet son dossier au tribunal de guerre le 30 avril 1941.

Il est libéré de la prison de Fresnes le 15 août 1941.


Sources

Arch. départ. Oise 33 W8242 - Rp987.

GERHARDS Auguste, Tribunal de guerre du IIIe Reich, Cherche-Midi / Ministère de la Défense, 2014.



THIL Lucien

Emprisonné

par Jean-Yves Bonnard


Né le 28 avril 19144, fils de Léon Thil et père de six enfants, cet ouvrier à Cramoisy est arrêté le 11 janvier 1941 avec son père pour avoir participé à l'arrestation de trois aviateurs allemands le 26 mai 1940 après s'être parachutés de leur avion abattu. L'enquête est menée par le tribunal de campagne du 1er corps d'aviation (Feldgericht des 1 Fliegerkoops der Wehrmacht) qui transmet son dossier au tribunal de guerre le 30 avril 1941.

Il est libéré de la prison de Fresnes le 15 août 1941.


Sources

Arch. départ. Oise 33 W8242.

GERHARDS Auguste, Tribunal de guerre du IIIe Reich, Cherche-Midi / Ministère de la Défense, 2014.