Decouverte-univers-concentrationnaire

La découverte de l’univers concentrationnaire
par Françoise Rosenzweig-Leclère

Témoigner de l'horreur
Dès leur libération, des déportés dénoncent le système dont ils ont été victimes, et prêtent serment à Buchenwald, à Mauthausen, sur les lieux – mêmes du camp : ils s’engagent à œuvrer à la création d’un monde pacifié et plus juste.
Si bon nombre de déportés ne parviennent pas à raconter ce qu’ils ont vécu dans une société traumatisée par les années d’occupation, d’autres se hâtent de témoigner. En août 1945, David Rousset rédige « l’univers concentrationnaire » : il y décrit un système déterminé par une idéologie mortelle pour l’humanité toute entière, alors que certains déportés se heurtent à l’incompréhension de leurs proches ou des autorités.
Le sous – préfet de Compiègne, André de Parsillé, constate avec étonnement que les déportés ne reviennent pas d’emblée à une vie normale.

Châtier les criminels
Très tôt, les déportés ont créé des amicales pour défendre leurs droits et faire connaître leur expérience. Surtout, le procès de Nuremberg (1945- 1946) a révélé au monde entier l’enfer des camps. De plus, les armées alliées étaient accompagnées de correspondants de presse qui ont photographié l’état des camps et des détenus. Alfred Hitchcock a filmé le camp de Bergen – Belsen à sa libération.
Ainsi le monde a pu mesurer l’ampleur du projet nazi. Pourtant ce n’est que dans les années 1970 que l’on a pris conscience de la spécificité de la solution finale appliquée aux juifs et aux tsiganes.
La connaissance de l’enfer des camps a fait émerger des notions nouvelles : celle de « génocide » notamment. En 1946, un délit particulier, le « crime contre l’humanité » a été universellement reconnu. En 1964, une loi française constate que le crime contre l'humanité est imprescriptible. En 1998, une cour pénale internationale a été instituée qui, malheureusement, n’est pas reconnue par tous les Etats.

L’humanité toute entière cherche à se protéger contre le retour de l’univers concentrationnaire. Mais, comme l’a dit Bertold Brecht, « le ventre est encore fécond d’où est sortie la bête immonde».
Share by: