L'épuration économiquePar Françoise Rosenzweig-Leclère
Dans l’état actuel des recherches, il n’est guère possible d’estimer le nombre de personnes qu’elle a touchées d’autant qu’il n’existe pas de rupture franche avec l’activité des services antérieurs de répression des fraudes et du marché noir. Toutefois, on peut considérer comme relevant de l’épuration toutes les poursuites engagées, notamment par la chambre civique, contre des personnes pour des motifs économiques après la libération du département.
Il est peu surprenant que des producteurs et des acteurs du ravitaillement aient été visés par l’épuration économique, notamment des commerçants (boulangers, épiciers).
Deux présidents de commissions d’achat, à Blicourt et à Corbeil-Cerf, sont suspendus en janvier 1945. Une dizaine d’agriculteurs doivent répondre de leurs activités. Et le directeur départemental du Ravitaillement général est remis à son administration d’origine en mars 1945, à la grande satisfaction du préfet (intendant militaire, il dépend du ministère de la Guerre).
Plus d’une vingtaine d’entreprises sont poursuivies soit pour « profits illicites » soit pour collaboration économique avec l’ennemi. Parmi elles, on relève des entreprises de transport, du bâtiment, des garages, une tannerie, une fabrique de chaussures, une boutonnerie, un hara, et naturellement les établissements Krupp à Liancourt. Il faut ajouter à cette liste le propriétaire d’un laboratoire pharmaceutique. Un chef d’entreprise (une scierie) est condamné pour "usurpation de biens juifs". Les sanctions prononcées sont la confiscation des biens, des peines de prison ou de travaux forcés, de très lourdes amendes, la dégradation nationale pour des durées variables et donc la perte des droits civiques.
Dans tous ces cas, les biens des personnes poursuivies sont mis sous séquestre et les entreprises reçoivent des administrateurs provisoires.
Sources :
Rosenzweig-Leclère Françoise, L'Oise allemande (25 juin 1940- 2 septembre 1944), impact économique et social sur le département,
Thèse de doctorat, Université Paris 8, 2002, 374p.