Dans une lettre du 14 février 1948, dressant le bilan des exécutions sommaires, le préfet de l’Oise évalue à soixante-neuf au total le nombre de celles-ci dans le département. Il différencie la période de l’Occupation de celle de la Libération.
Selon lui, le total se décompose ainsi : Sous l’Occupation, neuf collaborateurs notoires, vingt-cinq collaborateurs présumés et quatre autres personnes.Pendant et après la Libération, un collaborateur notoire, quinze collaborateurs présumés, douze autres personnes.Le préfet ajoute : « après jugement d’un tribunal de fait : un collaborateur notoire ; après jugement régulier : deux collaborateurs déférés en justice ».
Ce document pose un certain nombre d’interrogations et on y décèle plusieurs erreurs. Constatons d’abord que les deux collaborateurs condamnés à mort par les tribunaux légaux sont recensés dans les exécutions sommaires…
D’autre part, la liste comporte parmi « les autres », Gaston Fournival, résistant tué par les gendarmes français alors qu’il revient d’une mission (transport d’armes). François Czepynski, tué le 15 août 1944, est mentionné deux fois.
Ces remarques rapportent donc le nombre à soixante-cinq. Cependant, cette liste comporte des oublis, six si l'on ne compte pas le jeune Souris, exécuté par ses camarades de Résistance après avoir trahi. Nous arrivons donc au total de soixante et onze.
Une lecture attentive permet de constater que Yoland Dubois, responsable du mouvement des Jeunesses du PPF, abattu par la Résistance, est classée parmi « les collaborateurs présumés ».
Il semble bien, pour un cas cela apparaît certain, que des actions classées comme exécution sommaire relèvent du règlement de compte qui n’a rien à voir avec la Résistance ou la collaboration. Ainsi une enquête, menée vers 1950 par les Renseignements généraux, signale en fait qu'un agriculteur du Valois a été tué sur ordre de l’un de ses collègues à qui il avait enlevé le bail d’une grosse ferme.