CARTON Marcel Alexandre Jules alias Pelissier et Magne
Résistant CND-Castille
par Jean-Yves Bonnard
Né le 17 janvier 1893 à Noyon (Oise), mécanicien de profession, marié, père d’un enfant, Marcel Carton est domicilié au 7 rue de l’Evêché à Noyon. Engagé volontaire à compter du 24 octobre 1913 pour trois ans, il entre au 1er Groupe aéronautique puis passe au 2e Groupe d’aviation le 1er janvier 1914. Nommé soldat de 1ère classe le 21 septembre 1914, caporal le 30 juin 1915, sergent le 6 janvier 1916, il est affecté comme élève pilote à l’école de Dijon puis à l’école d’aviation de Châteauroux le 5 mai 1916. Il est affecté à l’escadrille MF29 le 18 juillet 1916 en qualité de sergent pilote – personnel navigant. Il participe aux bombardements de Darmstadt, Stuttgart, Oberdorpf, Rotswel. Il obtient une citation à l’ordre de l’aéronautique du 28 octobre 1916 : « pilote de l’escadrille 29, a participé brillamment à un raid à grande distance effectué le 12 octobre 1916, malgré les difficultés de toutes natures rencontrées en cours de route ». Il est affecté à l’escadrille MF130 le 1er janvier 1917 qui réalise des raids nocturnes. Il est grièvement blessé à la tête à la suite d’une chute d’avion le 24 avril 1917. Défiguré par sa blessure (perte de substance de l’os frontal d’environ 12 cm², effondrement du maxillaire supérieur, abaissement de l’œil droit, perte de cinq dents), il est cité à l’ordre de l’armée du 27 mai 1917 : « pilote très courageux, a exécuté plusieurs bombardements de nuits à longue distance, a été grièvement blessé ».
Il reçoit la croix de guerre avec quatre citations et deux palmes de bronze, détenteur de la Military Cross (avril 1917). Il est décoré de la médaille militaire (arrêté ministériel du 14 janvier 1919 pour prendre rang du 28 septembre 1918).
« Gueule cassée » de la Grande Guerre, Marcel Carton crée un garage et un magasin de vélos et motos à Noyon, avenue Jean Jaurès. En 1931, avec Georges Bouzinard, il participe à la fondation de l’aéroclub du Noyonnais. Il démissionne de la vice-présidente de l’aéroclub en 1934, contraint par sa santé précaire.
Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur pour prendre rang du 27 mars 1935. La décoration lui est remise par Marcel Fourrier.
Il entre au réseau CND le 1er février 1941 par l’intermédiaire de Louis Prache, alias Debey. Il devient agent de renseignement P1 sous le numéro 89421. Son fils Gilles est son agent de liaison. Il apporte de nombreux renseignements sur l’activité militaire allemande, notamment l’aviation, les trains de munition, les rampes de lancement de V1.
Il est nommé capitaine des FFI de la 1ère Région. Officier de la Légion d’honneur par décret du 11 avril 1946, il reçoit à Compiègne le 14 avril 1946 la croix de guerre avec palme et sa rosette des mains du ministre des Armées avec la citation : « Résistant de 1941 qui, malgré une diminution physique considérable et les dangers inéluctable dus à une grave blessure de guerre, s’est employé sans relâche pour le service du pays. Payant de sa personne en toutes circonstances, a su recueillir et fournir aux alliés des renseignements extrêmement importants. Grand patriote et très beau soldat : exemple complet de courage et d’abnégation ». Il est nommé commandeur de la Légion d’honneur par décret du 22 octobre 1947, décoration remise par le colonel Granthomme, maire de Noyon. Il reçoit la médaille militaire 39/45. En 1946, il est élu conseiller municipal de Noyon et ordonnateur de l’hôpital. Marcel Carton décède le 16 février 1951, à l’âge de 58 ans.