FN_Secteur-4-Senlis

Le secteur n°4 du Front National: Senlis

par Jean-Yves Bonnard


Structure du secteur de Senlis

Le secteur de Senlis du Front National porte le n°4 dans le département de l'Oise.

Il est divisé en sous-secteurs, eux-mêmes divisés en groupes selon une structure pyramidale.

4 - SOUS SECTEUR DE SENLIS

chef: Robert Alexandre

puis André Decatoire

41 - Sous-secteur 1

chef:


Groupe 410




42 - Sous-secteur 2

chef:


Groupe 420



43 - Sous-secteur 3 Senlis-ville

chef: André Decatoire

puis Jules Fossiez


Groupe 431

Chef 431: André Catoire


membres

4312: Jacqueline Cabre


Groupe 432

Chef 432: René Charpentier, alias Le Fleg


Groupe 433


Groupe 434

4343: Louis Beaudouin


Autres membres:

Rolande Pennequin

Jeanne Pennequin

Jean Cerri

Louis Cerri

Félix Leclerc

René Legrand

Serge Lefèvre

Léon créteur

Léon Solaux

M. Fasano

Denise Claux-Tournay

Marguerite Gronier

Pierre Augé

Paulette Steinmetz

Activités du secteur de Senlis du  Front national

par Jean-Pierre Besse, notice créée le 20 juin 2003


Dans ses souvenirs, René Charpentier, né le 17 juillet 1924 à Londres, apprenti monteur en chauffage, domicilié à Senlis, donne une description précise de la structure du Front national (FN) (informations confirmées pour d'autres secteurs, en particulier celui de Compiègne-Noyon) et des activités de ce mouvement :

     " Je suis entré au Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France à Senlis le 1er février 1943, sous le pseudonyme de "Le Fleg", par l'intermédiaire d' André Décatoire, marchand de cycles, que je connaissais depuis de nombreuses années, sa boutique et son atelier étant le rendez-vous de beaucoup de jeunes, aussi bien cyclistes que footballeurs. Le Front national était un grand mouvement de Résistance regroupant toutes les tendances politiques, religieuses, philosophiques et sociales. Je fais adhérer à la même date Jacqueline Cabre, épouse Leroy, camarade d'enfance avec qui je partageais des liens sentimentaux, sa mère Rolande Pennequin ainsi que sa grand-mère Jeanne Pennequin et, tout naturellement, je retrouve mon cher copain André, surnommé "Bouboule", que je connais depuis tout enfant et avec qui nous avions été évacués ... Je fais entrer aussi mon beau-frère, Jules Fossiez, brigadier de police à Senlis, en mars 1943. Par la suite adhérent notamment Jean et Louis Cerri, Félix Leclerc, René Legrand, Serge Lefèvre, Léon Creteur, Léon Solaux, Fasano, Madame Denise Tournay, épouse Claux, Mademoiselle Marguerite Gronier, directrice du Secours national, et bien d'autres.

     C'est le tout début du groupement, le premier noyau FN à Senlis. Nous commençons timidement le recrutement et la formation de groupes en ville, étendus par la suite aux environs, notamment à Montlévêque, Ermenonville, Ver, Eve, Borest, Nanteuil-le-Haudouin, Villers-Saint-Frambourg, Ognon, Fleurines, Aumont, Saint-Firmin, Avilly, Pontarmé.

     Senlis était un centre de secteur, le N°4 ; c'est la structure pyramidale : un centre de secteur, des sous-secteurs et des groupes dans ceux-ci avec leurs propres cadres. Exemple : Senlis et environs secteur 4, Senlis ville sous-secteur 43, chef de groupe de celui-ci 431, 432, 433 etc... et membres de ces groupes 4311, 4312, 4321, 4322 etc... . Au début, Decatoire était chef du sous-secteur de Senlis, matricule 43 ; par la suite il devint chef du secteur N°4, Fossiez devenant chef du sous-secteur N°43. André et moi, chefs de groupe N° 431 et 432, Jacqueline 4312. Vu notre jeune âge, André et moi avions décidé de partager le commandement de notre groupe

    Le FN s'organise ; nous distribuons des tracts, des journaux clandestins, notamment Le Patriote de l’Oise , collons des affiches antinazies par groupe de deux, le premier mettant la colle le second l’affiche (note humoristique : Fossiez qui collait aussi des affiches dans la nuit était chargé par les autorités de les enlever le lendemain... ce qu’il faisait en se dépêchant ...lentement !). Nous récupérons quelques armes, assurons des liaisons avec d'autres groupes, à Chantilly auprès de deux gendarmes, Messieurs Pernet et Sutter, à Beauvais, à Haudivillers où je me rends personnellement à bicyclette pour porter un message au café Tincq, remis par "Jeannot", agent parachuté, et destiné au radio pour transmission à Londres...

    En mars 1944 (le 10 ?), nous sommes contactés par deux camarades, Serge Lefèvre et Léon Creteur qui nous apprennent que ce dernier, employé aux Ponts et Chaussées de Senlis, cache deux aviateurs américains, chez lui, rue Thomas Couture. Decatoire, Fossiez et moi-même accompagnés de mon père, nous nous rendons chez lui pour les interroger afin de savoir s’ils étaient vraiment américains car les Allemands infiltraient les réseaux avec de faux aviateurs alliés... Ces aviateurs venaient à pied de Le Câteau, dans le Nord, où leur forteresse volante avait été abattue, le 4 mars. Ils furent récupérés à Villeneuve-sous-Verberie par Créteur qui pouvait circuler avec une camionnette des Ponts et Chaussées. Nous les avons emmenés plusieurs fois avec mon beau-frère aux douches municipales de l’hôpital... sans problème ! Le logement, petit chez Monsieur et Madame Créteur, n’était pas confortable, surtout qu’il y avait déjà leur gendre, Monsieur Binder, d’origine juive de surcroît, ce qui était très risqué. Le 1er mai, nous les avons transférés au Secours national où travaillait Jacqueline, qui avait contacté Mademoiselle Gronier, chef du service, laquelle avait accepté de les héberger, la maison étant très grande et protégée des regards indiscrets par de hauts murs, ce qui n’a pas empêché cette demoiselle de recevoir une lettre anonyme dénonçant ses activités. Il n’y a pas eu de suite car nous avions démasqué l’expéditrice et exercé des menaces de représailles à son égard. Dans cette maison, il y avait des possibilités de nourriture et de vêtements... Les deux Américains y sont restés jusqu’au 3 juin, ce qui était long car nous avions beaucoup de difficultés à trouver et contacter le réseau spécialisé dans l’évasion des aviateurs, tout étant cloisonné pour limiter les dégâts en cas d’arrestation. Pour les suivants, ce fut plus rapide, la filière fonctionnait bien (réseau Bourgogne-Evasion et Comète). Nous les emmenions à la gare de Chantilly, dans la camionnette de Monsieur Lesueur, OCM, entrepreneur de maçonnerie à Avilly, là ils étaient pris en charge par un convoyeur inconnu, direction Paris. C’est tout ce que nous savions et pensions qu’ils étaient dirigés vers l’Espagne. ...

    Autre activité pratiquée : le sabotage des lignes téléphoniques souterraines Paris-Lille et Paris-Calais. Fin mai, nous eûmes la visite chez Decatoire d'un agent de la France libre parachuté en France, peut-être du côté de d'Haudivillers, je n'en suis pas sûr, et envoyé par les deux gendarmes de Chantilly déjà cités. Il nous fit part de la mission qu'il était chargé d’exécuter, à savoir le sabotage de ces lignes téléphoniques et nous informa qu’il nous fournirait les explosifs nécessaires lors de sa prochaine visite..."

 

Sources :

Archives ANACR-Oise - Témoignage : Archives Jean-Pierre Besse, Charpentier René, non datable, témoignages.

 

Liens :

Share by: