FTP-detachement-Patrie

Le détachement FTP Patrie
Le détachement FTP Patrie recrute et agit dans la région de Chambly mais aussi sur l’ex-département de la Seine-et-Oise proche. A partir de 1944, il travaille dans le cadre des FFI avec le mouvement Défense de la France de Philippe Viannay et un autre détachement FTP : An II, bien implanté en Seine-et-Oise.
Historique
Le chef du détachement, Kléber Dauchel, "Henri", a rédigé un historique de ce détachement d'où sont tirés les extraits qui suivent.
" A l‘appel du PC, nous formons le premier groupe FTP en avril 1942. Le 1er mai, c’était notre première action, neuf hommes participent à cette action.
Dès cet instant, l’élan est donné, il ne se passe pas de semaine sans actions. Les lignes téléphoniques, les sous-stations, les dépôts allemands de paille ont notre visite. Tantôt d’un côté, tantôt de l’autre pour tromper l’ennemi et éviter les surprises...
La popularité des FTP va grandissante, ce qui encourage nos jeunes gars. Nous recrutons de nouveaux camarades au fur et à mesure que nos actions prennent de l’ampleur. Notre attitude vis à vis des gardes-voies que nous faisons prisonniers et à qui nous communiquons notre patriotisme nous attire leur estime. Nos méthodes, qui consistent à protéger les Français pour qu’ils ne subissent pas la responsabilité de nos actions, sont appréciées...
En juillet 1943, nous sommes dix-sept hommes bien entraînés et, en janvier 1944, nous sommes vingt-trois soldats et devenus détachement, nous avons deux groupes à Chambly et un groupe à Ercuis.
"

Engagement de Vincent Alabernia au sein des FTP,
Collection Jean-Pierre Besse.
Actions
De nombreuses actions sont à mettre à l’actif du détachement Patrie, mais les rapports rédigés à la Libération par Kléber Dauchel, qui rappelle plusieurs fois qu’il ne prenait pas de notes pour des raisons de sécurité, divergent parfois avec les rapports de gendarmerie et du préfet en ce qui concerne la date des actions.
Le 1er mai 1942, la gendarmerie signale un sabotage par explosif sur un appareil de fusion à l’usine des constructions mécaniques de Chambly et, le 6 mai, un attentat contre un poste de coupure à Moulin-Neuf, poste à haute tension en ciment situé en bordure de la RN 423. Kléber Dauchel situe, lui, cette action le 1er mai.
Le détachement réalise aussi de nombreuses coupures de fils téléphoniques allemands en février, mars et juin 1943, en particulier à Amblainville.
Dans la nuit du 3 au 4 avril 1943, quatre membres du détachement (Dauchel, Declemy, Crunet, Guilbert) réussissent à libérer de la gendarmerie de Neuilly-en-Thelle où ils sont détenus trois responsables du Front Uni de la Jeunesse Patriotique, René Didelet, Raymond Vasseur et la responsable départementale Claudine Petit, alias "Michèle".
Le 8 juillet 1943, de retour d’une récupération d’armes, trois membres (Alabernia, Dauchel, Kalinikrenko) du détachement rencontrent un soldat allemand, une fusillade éclate. L’Allemand est tué, Kléber Dauchel est blessé, mais François Kalinikrenko, "René", responsable départemental des FTP, est tué.
Le 11 mars 1944, et non en mai comme le précise Kléber Dauchel, à 22 h 45, alors que deux membres du groupe (Leclère, Dauchel), protégés par une dizaine d’autres sont en train de réaliser le sabotage à la sous-station de Moulin-Neuf, ils sont surpris par six gendarmes. Le sabotage est cependant réussi : deux explosifs intérieurs détruisent le transformateur. Selon la gendarmerie, les saboteurs, entre 16 et 20, prennent la fuite après avoir enlevé la carte professionnelle et le pistolet d’un gendarme. Kléber Dauchel parle d’un gendarme fait prisonnier, puis attaché à un poteau, et de la récupération du vélo de ce gendarme venant de la brigade de Chantilly, en majorité ralliée à la Résistance.
Le 28 avril 1944, le détachement fait évader de la prison de Beaumont, Vincent Alabernia, "Raoul", blessé lors de son arrestation le 1 4, avec la complicité d’un médecin (Dr Fritschi).
On peut ajouter la destruction des compresseurs et des vannes à eau des réservoirs pour l’alimentation des locomotives en gare de Persan-Beaumont, de nombreux déraillements, l’exécution de plusieurs collaborateurs ou encore l’attaque, le 20 août, d’Allemands sur la route de Ronquerolles à Hédouville, au lieu dit " La Normandie ".

Deux échecs
Entre le débarquement et la Libération, le détachement Patrie connaît deux échecs qui lui causent de nombreuses pertes. Le premier est l’attaque du maquis de Ronquerolles le 19 juin 1944, le second, la destruction de celui de Trie-Château (Ferme des Kroumirs) le 14 août 1944.

Sources :
SHGN, 1939-1945, 60 E, 60 E 210- 60 E 91- 60 E 207- 60 E 357- 60 E 209- 60 E 94- 60 E 173, 174- 60 E 219- 60 E 180, 015 312, rapports de la Gendarmerie nationale, département Oise - Archives familiales de Kléber Dauchel.

Kléber Dauchel.



Communiqué des FTP : exemples d'actions du détachement Patrie,
Le Patriote de l'Oise, octobre 1943, Archives Jean-Pierre Besse.

Composition du Détachement Patrie en 1943


Commandant : Kléber Dauchel (n°1941) alias Henri

17 hommes


Vincent Alabernia alias Raoul

Marcel Andrivot

Corbier, tué en action

Aurélien Cronnier, arrêté en février 1944, mort en déportation

Jean Crunet

Norbert Deschaintre, de 1942 à son arrestation en novembre 1943

Declemy

René Didelet, arrêté en avril 1943, déporté

Michel Guilbert (n°1942)

André Hédin

François Kalinikrenko alias René, tué en action en juillet 1943

Thiébaut, tué en action

Composition du Détachement Patrie en 1944


Commandant: Kléber Dauchel (n°1941), alias Henri IV, blessé le 19 juin au maquis de Ronquerolles

23 hommes


Michel Alabernia alias Raoul, alias Loulou, blessé le 13 avril 1944

Jean Crunet arrêté le 13 avril 1944, mort en déportation

Fernand Duirat, alias Fernand, alias Le Marocco, blessé le 14 août 1944 au maquis des Kroumirs

Michel Guilbert (n°1942), blessé le 19 juin 1944 au maquis de Ronquerolles

Eugène Lacquement

Roland Laurence (n°2145), blessé le 19 juin 1944, arrêté au maquis des Kroumirs, déporté le 17 août 1944

Louis-Albert Leclère, tué le 14 août 1944 au maquis des Kroumirs

Marcel Tillolloy, tué le 14 août 1944 au maquis des Kroumirs

Robert Tillolloy, tué le 14 août 1944 au maquis des Kroumirs

Georges Rayer, tué  le 14 août 1944 au maquis des Kroumirs

Miguel Sostero, massacré le 27 août 1944

René Conet

Groupe  1 de Chambly

Louis Albert Leclère

Marcel Tillolloy

Robert Tillolloy

Roland Laurence

Georges Rayer

Fernand Duirat


Groupe n°2 de Chambly

Groupe n°3 d'Ercuis

Share by: