HILGER Norbert
Résistant FTP
Déporté
par Jean-Yves Bonnard
Né le 21 août 1905, à Chevincourt (Oise), Norbert Hilger est le fils d’un agriculteur d’origine belge (de Lignières), Xavier Hilger (né en 1867) et de Jeanne Villon (née en 1871) originaire du village où ils habitent rue Zélaine. Après son service militaire, Norbert Hilger est à son tour fermier dans la commune. Il est marié à Simone Menant depuis onze ans et père d’un enfant, Pierre, lorsque la Seconde Guerre mondiale est déclarée. Il a alors 34 ans et de nombreux souvenirs d’enfance de la Grande Guerre, dans cette commune proche du front.
Mobilisé le 11 septembre 1939 comme sergent au dépôt de cavalerie n°2, il est dirigé le 9 janvier 1940 au COMAM avant d’être versé le 30 mai suivant au 5e Groupe Franc Motorisé. C’est au sein de cette unité qu’il participe à la Campagne de France et est blessé au bras le 9 juin 1940 lors d’un engagement à Rouen.
Soigné à l’hôpital de Juvenat, à Sainte-Anne d’Auray jusqu’au 27 juin 1940, il est envoyé en convalescence pour un mois et rentre à Chevincourt le 1er juillet suivant. Il est démobilisé par la gendarmerie de Ribécourt le 8 septembre 1940 et reprend son activité fermière.
En décembre 1941, suite à un contact avec deux militants communistes, André Dumontois (alias Lucien) et « Marcel », il entre au Front National de Lutte pour l’indépendance de la France.
Il se voit chargé, un mois plus tard, d’organiser un groupe à Chevincourt avec comme pseudonyme « Norbert ».
On le note en mars 1942 chef du sous-secteur de Thourotte puis, en mai 1942, chef du secteur de Compiègne. Les effectifs sont alors faibles mais au fil des mois vont devenir importants. Il est alors nommé lieutenant et commande 250 hommes.
Durant deux ans et demi, son activité de résistant sera intense et l’exposera à de nombreux dangers. Il intervient directement sur :
- L’organisation et la direction des groupes FTP locaux,
- La distribution de tracts et du journal le Patriote de l’Oise,
- La transmission de renseignements au service de renseignement du Front National et du Mouvement de Libération Nationale mais aussi à l’Angleterre par pigeons voyageurs parachutés, (je pense ici à Emile Hérisson qui est venu lui apporter des renseignements),
- L’aide aux prisonniers évadés et aux parachutistes alliés, c’est-à-dire, la récupération des hommes, l’organisation de leur hébergement et de leur convoyage, je pense en particulier à l’équipage du B17 Immortal Lady qui s’est écrasé près d’ici le 8 février 1944, au sergent mitrailleur Elres Dowden et au co-pilote James Clarendon,
- Le repérage de terrains de parachutage,
- La récupération d’armes et de matériels,
- L’aide aux réfractaires, depuis la mise en place de planques, la recherche de travail, de titres d’alimentation, de papiers d’identité, de secours…
- L’organisation de maquis,
- L’élaboration de plans d’action…
Il est notamment à l’origine, en tant que commandant du détachement FTP « Marseillaise » :
- du sabotage du dépôt d’essence de Clairoix (1,5 millions de litres d’essence partis en fumée) le 15 mars 1944,
- de nombreux déraillement de trains et de sabotage de voies ferrées dans le Noyonnais et le Compiégnois,
- de coupures de lignes électriques,
- mais aussi d’attaques de véhicules allemands.
A la veille du Débarquement, il aura organisé 33 groupes locaux réunis en 8 sections totalisant 660 adhérents dans la clandestinité.
Norbert Hilger est alors le chef du secteur Est, ou secteur 3, du FN de l’Oise. Il intègrera, non sans discussions préalables, l’organisation des Forces Françaises de l’Intérieur pour le département de l’Oise, aux côtés de l’OCM, de Libé-Nord, de VOP.
Ainsi, le 15 avril 1944, le colonel Louis Fromonot, alias Monturat, chef départemental des FFI de l’Oise, le nommera capitaine FFI.
Dans cette nouvelle organisation où les FTP ont toute leur place, Norbert Hilger appartient au secteur-Est FFI, commandé par Amédée Bouquerel, et occupe une place dans son état-major. Il a en charge la formation des comités cantonaux et locaux de libération, et participe à l’élaboration des plans d’action en vue de la libération, en liaison avec les autres responsables des organisations de Résistance, notamment Jean Martin et André Astoux.