Resistants K

KALINICRENKO François Zacharie alias "René", "Marcel", "Maurice Lavergne"

Résistant FTP du détachement Patrie

par Jean-Pierre Besse, mise à jour par Jean-Yves Bonnard le 9 février 2024


D'origine polonaise, François Kalinicrenko est né le 3 octobre 1919 à Feuguerolles-sur-Orne (Calvados).  Son père, Zacharie Kalinicrenko , d'origine ukrainienne,  se suicide peu de temps après son arrivée en France. Sa mère, née Kus, d'origine polonaise, élève seule trois enfants. François Kalinikrenko, après l'école primaire, suit des cours à l'école d'apprentissage de la Société métallurgique de Normandie (SMN), puis travaille dans cette usine comme traceur chaudronnier. Il est alors domicilié à Mondeville dans la cité des Roches. Militant communiste et syndicaliste, François Kalinikrenko est aussi membre de l'équipe de football "L'union sportive de Normandie".


Dans la Résistance en Normandie

Kalinicrenko est arrêté une première fois pour distribution de tracts à la porte de l'usine en septembre 1941. Il réussit à s'évader mais est condamné à mort par contumace par une cour martiale allemande. Il entre alors dans la clandestinité à Lisieux sous le nom de "Marcel Lavergne".

Il échappe une nouvelle fois à l'arrestation en décembre 1942 après avoir réalisé plusieurs sabotages. Il est alors muté dans l'Oise comme commissaire aux effectifs des FTP au début de 1943. 


Résistant dans l'Oise

François Kalinicrenko est surtout actif dans la région de Chambly avec le détachement Patrie.

Il est tué à Chambly le 8 juillet 1943 au retour d'une mission menée avec Kléber Dauchel et Vincent Alabernia.

Son corps est enterré clandestinement dans un champ. Exhumé après la Libération, il est inhumé dans le cimetière de Mondeville par sa famille. 

Son nom figure, à Mondeville, sur le monument commémoratif aux Résistants, sur le monument aux morts, sur la plaque commémorative du théâtre et sur la plaque de l'église Notre-Dame des Travailleurs, au Plateau. Une rue de Mondeville porte le nom Capitaine Kalinicrenko.


Sources :

AD Oise, 33 W 8 250 - AD Oise, 1 232 W 260 - Témoignage : Archives Jean-Pierre Besse, Guillemot Gisèle, 2 septembre 1994, enregistrement cassette audio - Quellien Jean, Résistance et sabotages en Normandie, Cahiers Corlet, 1992 .

La mort de François Kalinikrenko

par Jean-Pierre Besse


Un rapport du préfet mentionne :
"Le 8 juillet 1943 à 23 h 25 à Chambly, route de Senlis, un civil allemand est blessé de trois balles de revolver par un individu qui prend la fuite. Sur les lieux, la police allemande découvre un fusil de guerre français modèle 36, un revolver modèle 92 contenant quatre douilles vides et une bicyclette de marque «automoto» avec une plaque d’identité au nom de Maréchal, rue Claude Perroche à Creil. Le civil allemand blessé est transporté dans un hôpital de Paris par les soins des militaires allemands arrivés sur les lieux. D’après l’interprète allemand, le blessé déclare avoir été suivi par deux civils sans bicyclettes porteurs chacun d’un pistolet à la main. Le civil allemand s’est arrêté, a sorti son revolver et a crié « Haut les mains ». L’un des civils qui le suivait a lâché son arme, l’autre a tiré sur l’Allemand. Ce dernier a dû tirer aussi car sept douilles vides de calibres 7, 65 ont été trouvées sur place."

Un autre rapport, en date du 29 juillet, signale que, le 22, un cadavre a été découvert à Chambly, et fait le rapprochement avec "le soldat allemand tué la nuit du 8 au 9 juillet".

Voici la version des faits rapportée par Kléber Dauchel :

"Un camarade de Bornel nous a fait savoir qu'il détenait trois fusils de guerre en très bon état, nous décidions d'aller les chercher. Alabernia, Kalinikrenko et moi-même rentrions avec notre chargement quand, arrivés à Chambly, route de Senlis, à 200 mètres environ de chez moi, nous apercevons le nazi qui quitte Madame V. (maîtresse du civil allemand, elle est condamné à la Libération, note de JPB). Il faisait presque nuit, nous avions ralenti notre allure pour que l'Allemand puisse s'éloigner, mais, arrivés à la hauteur de la dame, celle-ci, intriguée par les paquets que nous portions et qu'elle trouvait suspects, rappela le nazi en allemand. Celui-ci fait immédiatement demi-tour, descend de bicyclette et, prenant son revolver, nous ordonna de nous arrêter. Avant même que je sois descendu de vélo, il était sur moi et, comme j'avais les deux mains occupées par les fusils que je transportais, je ne pus rien faire et il me désarma ; j'étais pris et à sa merci.

Mon camarade "René" était passé au large et nous avait dépassés d'une vingtaine de mètres. Me voyant dans cette situation périlleuse, il dut penser à sa fiancée, à ma femme et à mes deux enfants qui étaient chez moi tout près de là. Il descendit de vélo, jeta son fusil dans le fossé, prit son revolver et fit demi tour. Face à l'Allemand, ils tirèrent pour ainsi dire ensemble. Mon ami avait été touché en plein cœur. Il lâcha son vélo, fit demi tour et partit en courant, les bras tendus comme s'il appelait sa fiancée. Il venait de donner sa vie pour sauver la mienne et il vint tomber à quelques mètres de ma porte.
Le nazi, de son côté, tombé près de moi, était mortellement blessé. Cependant, encore conscient, il tira encore trois coups de feu vers moi alors que je courais vers ma maison. Blessé à la cuisse, traînant mon vélo dont le cadre, la roue arrière et le pneu étaient percés, je rentrai chez moi...

Je courus ensuite chez mon ami Marcel Declémy pour qu'il m'aide à transporter le corps dans un champ de blé assez loin de chez moi.. je mis le corps de "René" dans un grand sac. Nous le transportâmes alors dans un champ de blé, là où il sera retrouvé... Trois semaines plus tard, quand le cultivateur coupa son champ de blé, il retrouva le corps de notre ami. Il alla prévenir les autorités de Chambly. Monsieur Amelot, appariteur, membre du Front national (FN), arrivé le premier sur les lieux, eut la présence d'esprit de fouiller les vêtements de "René" où, malgré les investigations précédentes (Madame Dauchel et la fiancée de Kalinikrenko ont vidé les poches de ce dernier avant que le corps ne soit mis dans le sac, Note de JPB), il trouva, dans la poche arrière du pantalon, un petit carnet sur lequel Kalinikrenko avait inscrit les adresses de ses diverses planques ainsi que la clé de la chambre où il couchait à Pont-Sainte-Maxence chez une institutrice. Monsieur Amelot me remit le carnet et la clé à la Libération..."

 

Sources : 
AD Oise, 33 W 8 250 - Archives Jean-Pierre Besse, publication, presse locale, documents remis par des résistants.


KAROUBI Emilienne née LAOUT

Résistante OCM

par Jean-Yves Bonnard, notice créée le 1er juin 2024


Née le 23 février 1891 à Ribécourt, elle exerce la profession de débitante de tabac avec son époux Etienne Karoubi.

Membre de l'OCM, elle est arrêtée pour possession d'armes. 

Elle est titulaire de la carte de la CVR.


Sources

ANACR-Oise - SHD GR16P337372.


KAROUBI Etienne

Résistant FFI

par Jean-Yves Bonnard


Né le 5 juin 1891 à Blida (Algérie), débitant à Ribécourt, chef des FFI locaux, il est en relation avec Norbert Hilger, de Chevincourt. Il préside le CLL et devient maire de Ribécourt.

Il est décoré de la Légion d'honneur.


Sources

SHD GR16P316921.




DE KERSAINT Jacques

Résistant

déporté

par Jean-Pierre Besse


Né à Versailles le 16 août 1907, le comte Jacques de Kersaint succède en 1934 à son père, Henri, au conseil général de l'Oise où il représente le canton de Nanteuil-le-Haudouin. La famille De Kersaint est propriétaire du château de Versigny.

Jacques de Kersaint a donné dans L’Oise Républicaine, le 12 septembre 1945, un récit de son activité dans la Résistance et de sa déportation.

Article dont sont extraites les lignes qui suivent : 

" Entré dans la Résistance en mars 1943, j’ai milité dans une organisation du War Office, le groupe "Ernest", qui participait aux parachutages et transports d’armes et avait pour chef Maurice Beauvais dit "le Grand Maurice" et Maurice Braun dit "Barde" ou "Letellier". Après un mois d’août assez agité, je m’inquiète de ne pas recevoir, à partir du 15 septembre, les instructions convenues. Notre chef de groupe avait été arrêté, Maurice Braun donne l’alarme mais est arrêté à son tour. Les faits et gestes des militants du groupe se trouvent alors soumis à une surveillance étroite. Avec mon ami Soret de Crépy-en-Valois, j’avais pu aider au salut de pilotes américains tombés par accident. Un habitant de Péroy-lès-Gombries, fusillé depuis par les Allemands, nous dénonça. La Gestapo vint le 2 novembre, à 8 heures du matin, perquisitionner à Versigny.

Tout fut fouillé, bouleversé, mais elle ne trouva rien. Personne n’était compromis chez moi car j’avais gardé tous les risques sur ma tête. Mais la Gestapo en savait assez, sur mon compte et j’étais arrêté avec Soret. Amenés à Paris, avenue Foch, nous étions amenés le soir rue des Saussaies d’où une voiture cellulaire nous conduisit à Fresnes… "

Après un séjour à Fresnes, Jacques de Kersaint est conduit à Royallieu puis déporté, le 26 janvier 1944, à Buchenwald, matricule 43 982, avant d’être transféré à Dora en mars 1944.

Libéré le 22 avril 1945, il est de retour à Paris le 1er mai.

Réélu conseiller général en 1945, il le reste jusqu’à sa mort survenue en novembre 1979.


Sources : 

L'Oise républicaine, 1945-1946, quotidien - Témoignage : Archives Jean-Pierre Besse, Kersaint (de), 4 juin 1985, enregistrement cassette audio, témoignage de la famille - -, Le réseau Publican, Les Cahiers de la Résistance Seine-et-Marnaise, ANACR-Seine-et-Marne, sd.

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