Le camp de Royallieu

Le camp de Royallieu
par Jean-Pierre Besse

Construites en 1915, les casernes de Royallieu servent durant l'entre-deux-guerres aux aéropostiers. En septembre 1939, elles abritent un hôpital militaire.

En juin 1940, les Allemands les transforment en camp de prisonniers pour les soldats français et britanniques, le Frontstalag 171 KN 654. Après le départ des prisonniers, le camp change de nom, il devient le Frontstalag 122 et commence à recevoir des militants politiques et syndicaux et des juifs étrangers à partir de juin 1941. Placé en principe sous la responsabilité du commandant de la place de Compiègne, le camp de Royallieu est en fait sous l'autorité du Sicherheitsdienst parisien, 74 avenue Foch.

En novembre 1942, les Allemands envahissent la zone Sud, arrivent alors à Royallieu les juifs et les résistants arrêtés dans cette zone mais également les Marseillais chassés du Vieux Port.

Au début de 1944, les Allemands décident de liquider les camps et prisons de France, le Frontstalag 122 devient le seul centre de rassemblement des détenus avant leur transfert vers les camps d'Allemagne et de Pologne.

On estime à 53 785 le nombre des personnes ayant séjourné à Royallieu. 49 860 ont été déportées vers l'Allemagne, 2 300 fusillées, massacrées ou portées disparues. 120 se sont évadées, 300 y sont décédées. 

La durée moyenne d'internement est d'environ un mois. Les résistants sont les plus nombreux (58,6%), suivis des "politiques" (12,6%), des déportés raciaux (11,5%), des droits communs (8,8%) et des otages pris dans les rafles (8,5%).Cinq convois sont partis de Compiègne en 1942, 22 en 1943 et 27 en 1944.

Le pont de Soissons ayant été détruit par les bombardements, le dernier convoi parti de Royallieu et arrivé à destination, Buchenwald, est formé en forêt de Compiègne, près du carrefour de Bellicart, le 17 août 1944. Il compte 1 251 prisonniers parmi lesquels d nombreux résistants oisiens. Le 26 août, les Allemands évacuent le camp et emmènent avec eux les derniers prisonniers, environ 400. Le train est attaqué par la Résistance à Péronne, ce qui permet aux prisonniers de s'évader.

Sources :
Roussel (colonel), 80 ans d'histoire du camp de Royallieu, 1992 - ANACR-Oise, Ils ont fait le sacrifice de leur vie, le prix de la liberté dans l'Oise, 1940-1945, Balinghem, ANACR-Oise, 2002, 264p .

Liens :
  • L'internement des juifs à Royallieu
  • Les fusillés du camp de Royallieu
  • La population et le camp de Royallieu
  • La vie à Royallieu
Illustrations :
Panneau indicateur, Collection privée, DR.
Retour de terre de Dachau à Compiègne, Collection privée, DR
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