Le CDL à la Libération

Le Comité Départemental de la Libération
par Jean-Yves Bonnard

La formation
Le 31 août 1944, conformément aux instructions du CFLN, le préfet Yves Pérony examine avec le noyau actif du CDL son élargissement afin de remplacer le Conseil général. Une liste de noms de personnalités est ainsi dressée pour rénover l’institution clandestine et assister le préfet.
Le jeudi 7 septembre 1944, le nouveau Comité Départemental de Libération tient sa première séance plénière à Beauvais. Ses membres élisent président le Capitaine Schmit à l'unanimité. Lucie Aubrac, membre de l'Assemblée Consultative, assiste à cette séance inaugurale au cours de laquelle elle donne lecture des instructions émanant du gouvernement et du CNR sur le rôle et le fonctionnement du CDL.

Roland Schmit

Pierre Auzi

Rôle
Le CDL valide les travaux menés par la Commission d’Épuration et décide de la création de trois nouvelles commissions :
- Une commission des municipalités, chargée de guider les comités locaux de libération dans les propositions qu'ils doivent soumettre au préfet ; 
- Une commission du Ravitaillement et des Transports, chargée de donner une impulsion nouvelle aux Services du Ravitaillement ; 
- Une commission Industrielle et agricole, chargée de l'étude des problèmes économiques les plus urgents ;

Pierre Chardeaux

Henri Cozette

 Une présidence en toute camaraderie
Roland Schmit gardera la présidence du CDL de l’Oise jusqu'à sa nomination à la subdivision militaire.
Le 21 septembre 1944, la présidence du CDL est confiée à Pierre Auzi, du mouvement Front National. 
Cependant, appelé à de "nouvelles fonctions importantes au sein du Front National", Pierre Auzi annonce se démettre de toutes ses fonctions au sein du CDL lors de la séance du 3 novembre 1944 et présente M. Dussert, désigné par son mouvement,  pour lui succéder.
Aussi, lors de la séance du 10 septembre 1944, la question de la présidence du CDL est à l'ordre du jour. Lorsque M. Dussert demande que le présidence revienne au Front National "qui constitue le groupe le plus important de la résistance", sa proposition est rejetée par 12 voix contre 4. Un scrutin à bulletin secret est alors organisé, donnant la présidence au 2e tour à Jean Wallon par 7 voix contre 5 à M. Crosnier et 4 à M. Dussert.
Cette élection est remise en cause lors de la séance du 17 septembre 1944 au cours de laquelle M. Crosnier lit une lettre de son mouvement Libé-Nord regrettant une méthode reniant "la volonté d'union et de camaraderie" d'une assemblée où les désignations s'étaient faites toujours sans discussion et à l'unanimité, conformément à l'appel du 21 septembre 1944.
Cette déconvenue du Front National le conduit à revenir sur sa décision et à nommer Pierre Auzi pour reprendre sa place au sein du CDL.
Face à cette situation de tension, Jean Wallon fait une mise au point: "Nous devons nous expliquer franchement et je dois dire à M. Auzi que nous sommes heureux de le voir prendre place à nouveau parmi nous et que n'avons pas été dupe de la manœuvre tentée par le FN. M. Dussert dès son arrivée a rompu l'atmosphère de cordialité qui régnait au CDL et a tenté de mener à bien une manœuvre qui lui dictait le FN. Le CDL soucieux de son indépendance a fait avorter cette manœuvre et a désigné son président au scrutin secret. Néanmoins désireux d'apporter toute conciliation désirable, je renonce bien volontiers à la présidence et j'invite le CDL à replacer M. Auzi à la présidence qu'il avait abandonnée. De plus, je lui demande de promettre formellement qu'il se maintiendra désormais d'une façon stable au CDL où nous ne voulons pas voir défiler toutes les semaines de nouveaux représentants."
Pierre Auzi retrouve ainsi la présidence du CDL, fonction qu’il gardera jusqu’à sa dissolution lorsque sera élu le conseil général.


Bien que désigné pour remplacer le conseil général, le CDL n'aura qu'un rôle consultatif. Les élections cantonales des 23 et 30 septembre 1945 marqueront sa fin.
La tenue de nouvelles élections législatives en 1945 sera le degré ultime du rétablissement de la République. Le 21 octobre 1945, les électeurs et électrices de l'Oise choisissent à 95,8% de donner une nouvelle constitution à la France et élisent une nouvelle assemblée nationale. La IVe République est en marche…

Sources
Arc. départ. Oise 37W8692

Affiche du Comité Départemental de Libération de l'Oise

lançant un appel à l'union nationale (21 septembre 1944).

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