Une structure de coordination militaire : les FFI
par Jean-Yves Bonnard
Les Forces Françaises de l'Intérieur sont créées par un accord signé les 23 et 25 décembre 1943 entre Louis-Eugène Mangin (alias Losange) pour le Comité français de Libération nationale (CFLN), Pierre Dejussieu (alias Pontcarral) pour l'Armée Secrète (AS) et de Georges Beaufils (alias Latour) pour les Francs-Tireurs et Partisans (FTPF). Cette création est entérinée le 1er février 1944 par une ordonnance du CFLN. Ce même jour, les résistants de l'intérieur du Comité central des mouvements de Résistance décident d'établir un organisme pour diriger les FFI. Ils créent la Commission d'Action militaire (COMIDAC) où sont représentés les différents mouvements de Résistance (Armée Secrète, Francs-Tireurs et Partisans et l'Organisation de Résistance de l'Armée à partir du 26 février).
Le 13 mai 1944, le Conseil National de la Résistance décide de placer sous son autorité le COMIDAC renommé Comité d'Action militaire (COMAC) avec un objectif identique : diriger et commander les FFI. Si les FFI doivent rassembler les structures militaires de la Résistance au sein de commandements unifiés aux niveaux national, régional et départemental, les groupes de résistants gardent leur indépendance au niveau local. Malgré cette unification, deux étatsmajors FFI sont créés, l'un à Paris, l'autre à Londres. En effet, en avril 1944, un état-major national FFI (EMN-FFI) est établi à Paris et placé sous le commandement de Pierre Dejussieu puis, après son arrestation le 2 mai 1944, sous le commandement du communiste Alfred Malleret (alias Joinville). L'EMNFFI reçoit ses directives du COMAC et coordonne les actions des FFI sur le terrain.
De son côté, le CFLN crée à Londres en avril 1944 un état-major FFI (EM-FFI) et nomme à sa tête le 3 juin 1944 le général Koënig, commandant suprême des forces françaises en Grande-Bretagne. Sous son autorité sont envoyés en France des délégués militaires (les DMN pour nationaux et les DMR pour régionaux) afin de coordonner l'action des FFI. Si son emprise réelle sur les FFI demeure faible, l'EM-FFI a la confiance du général Eisenhower qui reconnait le général Koënig comme commandant en chef des FFI le 30 mai 1944 et lui confère en juillet 1944 l'autorité sur toutes les forces spéciales alliées agissant en France (le Special Operations Executive britannique et l'Office of Strategic Services américain).