Les sabotages d'usines

Les sabotages d'usines
par Jean-Pierre Besse

Le sabotage d'une usine est d'abord une façon de gêner les Allemands dans l'exploitation des richesses du département. Il relève du domaine du symbole lorsqu'il est commis le 1er mai.
Nous avons recensé trois sabotages (ou tentatives de sabotage) en 1942, deux en 1943 et une vingtaine en 1944. Nous n'avons pas tenu compte des attaques contre les sucreries ou distilleries qui relèvent plutôt des sabotages agricoles, au même titre que les incendies de récoltes ou de bâtiments agricoles.

1942
Les sabotages de 1942 sont l'œuvre des premiers groupes de Résistance armée d'obédience communiste. Les cibles choisies l'indiquent clairement.
Le 1er mai, il y a un sabotage aux Forges de Montataire et un autre contre la sous-station SNCF de Chambly. Deux lieux de forte implantation communiste qui sont aussi le siège des détachements FTP les plus actifs (Patrie et Valmy).
Dans la nuit du 21 au 22 juin 1942, ce sont les laminoirs de l'usine Desnoyers à Laigneville qui sont sabotés. Là encore, forte implantation communiste et nouvelle étape de la lutte entre ce parti et Desnoyers.

1943
Dans la nuit du 13 au 14 août, il y a une tentative d'incendie à la scierie Bernard à Méru. Le 19 novembre, un incendie ravage un atelier mécanique de montage de la Société commerciale d'ameublement à Breteuil. L'atelier et la scierie mécanique sont détruits. L'usine travaille pour les autorités d'Occupation et les constructions provisoires. Les dégâts sont évalués à un million de francs.

1944
Le 17 janvier, un incendie touche des ateliers de menuiserie des chantiers de Compiègne à Choisy-au-Bac qui emploient quinze ouvriers.
Le 24 février, un attentat est réalisé par six individus à l'usine Krupp de Liancourt.
Le 1er mars, quatre personnes sabotent les tanneries de Verberie. La chaufferie, l'atelier de teinturerie et du finissage sont gravement endommagés ; cent ouvriers se retrouvent au chômage.
Le 11 mars, le transformateur du Moulin Neuf est saboté.
Le 13 mars, à 23 heures, le dépôt d'essence de la Compagnie française de pétrole à Clairoix est attaqué par cinq individus armés de revolvers qui enlèvent les deux requis chargés de la surveillance et font sauter par explosif le réservoir. Un million de litres d'essence part en fumée, les dégâts sont évalués à cinq millions de francs.
Dans la nuit du 15 au 16 mars, les gazogènes de la fonderie de magnésium Montupet à Nogent-sur-Oise sont détruits par quatre explosifs. Les dégâts sont considérables. Les auteurs du sabotage sont arrêtés sur le chemin du retour aux Trois Rois. Il s'agit d'un responsable du Front national (FN) et de deux FTP.
Le 1er mai est aussi fêté, les usines Brissonneau à Montataire et Burton à Nogent-sur-Oise sont visées. Chez Brissonneau, quinze individus masqués et armés pénètrent dans l'usine et font sauter trois compresseurs, chez Burton, un engin explosif est placé dans les moteurs électriques.
Au cours de ce mois, les Forges de Montataire sont visées trois fois. Le 15 une tentative échoue, le 16 un engin explosif placé dans une grue située au bord de l'Oise et appartenant à l'usine explose. La grue est hors d'usage. Dans la nuit du 23 au 24 mai, vers 22 heures 50, trois individus armés pénètrent dans l'usine, ligotent les deux gardiens de nuit, se font remettre les clés des locaux électriques puis font sauter un des deux transformateurs qui alimentent le laminoir; le second est endommagé.
Le 13 mai, un nouvel attentat à l'explosif détruit une cuve de 600 litres d'essence au dépôt d'essence de Clairoix.
Le débarquement allié et l'approche de la Libération entraînent la multiplication d'actes de sabotage de toutes natures.
Dans la nuit du 1er au 2 juillet, un attentat vise le transformateur électrique de la scierie d'Appily. Le 3 juillet, un tapis transporteur de la Société des Balastières est saboté à Bailleul-sur-Thérain.
Le 19 juillet, deux cents pneus et des vivres sont récupérés chez Englebert à Clairoix. Cette usine est l'objet d'un sabotage important dans la nuit du 22 au 23 juillet.
La nuit suivante, près de là, le distributeur du tableau électrique de l'usine Thomas-Essertier à Margny-lès-Compiègne est saboté. L'usine, qui emploie soixante ouvriers, est arrêtée pour une durée indéterminée.
Dans la nuit du 4 au 5 août, c'est l'usine Desnoyers qui est une nouvelle fois touchée.
Le 23 août, un incendie, dû "à la malveillance", détruit les ateliers Mercier à Lacroix-Saint-Ouen. Mercier est maire, mais aussi délégué à l'Information.

Sources:
AD Oise, 33 W 8 249 - AD Oise, 89 W 10 913 - AD Oise, 1 232 W 306.
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