Cette forme d'expression caractérise la période 1940-1941. La Résistance, peu ou pas organisée, ne dispose pas encore des moyens techniques et humains suffisants pour assurer une propagande imprimée et une distribution à grande échelle. Les rapports de gendarmerie, de police ou du préfet recensent consciencieusement les différentes manifestations de ce mode de propagande qui prend les formes les plus diverses.
Ce sont d'abord des inscriptions tracées à la craie ou par un autre moyen sur les murs des édifices publics ou sur les routes. C'est le cas des "V" tracés à la craie blanche en avril 1941, rue Gambetta à Creil, sur certains édifices et maisons de Chantilly, Gouvieux et Vineuil-Saint-Firmin (accompagnés d'une croix de Lorraine et Vive De Gaulle) ou encore des "inscriptions gaullistes" découvertes sur la route de Bresles à Froidmont. Découverte qui conduit à l’arrestation des auteurs, quatre jeunes gens, libérés peu après. C'est aussi le cas des inscriptions hostiles à l’Allemagne, à Pétain et à Darlan et favorables à De Gaulle trouvées dans les toilettes de la place de l’Hôtel de Ville à Beauvais en juin 1941, de l'inscription découverte en septembre sur le mur extérieur des WC de la gare de Creil (document ci-contre), des inscriptions anti-allemandes : " Les boches sont foutus ", "Les boches ont perdu la guerre ", relevées à Senlis en janvier 1942.
Le support papier est aussi utilisé. C'est le cas pour le tract collé sur les poteaux télégraphiques, rue Jules Juillet à Creil, en mars 1941, ou encore pour l'affichette signée d’un Comité d’action populaire, placardée à Compiègne le 8 août 1941, proclamant "Pas un soldat français, pas un marin français, pas un avion français, pas un canon français pour la guerre contre l'URSS. Vive l'Union soviétique dont la victoire libèrera les peuples".
Manuscrits aussi les tracts intitulés " Les chômeurs ont faim " découverts à Lacroix-Saint-Ouen et Saint-Sauveur en août 1941 et les 238 tracts distribués dans la nuit du 13 au 14 juillet 1942 à Nogent-sur-Oise. Ces derniers, signés du Comité féminin de l'Oise, s'adressent "Aux femmes de l'Oise" .
Cette forme de propagande relève le plus souvent d'initiatives individuelles. L'affichette du Comité d'action populaire, les tracts de Lacroix-Saint-Ouen et Saint-Sauveur et ceux de Nogent-sur-Oise traduisent toutefois l'existence d'embryons d'organisations.
Sources :
SHGN, 1939-1945, 60 E, 60 E 210- 60 E 91- 60 E 207- 60 E 357- 60 E 209- 60 E 94- 60 E 173, 174- 60 E 219- 60 E 180, 015 312, rapports de la Gendarmerie nationale, département Oise - AN, 72 AJ 171 - AD Oise, 33 W 8 248 - AD Oise, 33 W 8 254 et 33 W 8 254 bis - AD Oise, 72 W 52 - AD Oise, 1 232 W 306.