Les transports d'armes

Les transports d'armes
par Jean-Pierre Besse
André Léger lors de son engagement dans la Marine en 1942, Collection Jean-Pierre Besse, DR.

Une fois le parachutage réussi, il convient, pour le comité de réception, de cacher et de transporter les armes. Il est donc essentiel d'avoir dans l'équipe une personne qui, par ses activités professionnelles, dispose d'un camion ou d'une camionnette.  Il faut ensuite cacher les armes. Les maisons, les forêts, les carrières, voire les tombes désaffectées des cimetières sont alors, autant de lieux de stockage possible.

Puis, il reste à se partager les armes ou à les faire parvenir à leur destinataire. Les premiers parachutages réalisés dans le département, le sont pour le "national". Des agents, venus de Paris, assistent à ces actions puis, s'assurent de leur transport vers la capitale, ce qui n'est pas toujours bien accepté par les résistants locaux qui ont assuré la réception. Très vite, les résistants oisiens vont profiter du matériel qu'ils réceptionnent.

A l'approche de la Libération, le transport des armes se fait sur de plus longues distances, souvent en camion. Le transport devient alors, l'une des opérations les plus risquées de la Résistance. Sur un long chemin, il n'est pas rare de rencontrer les occupants, la police ou la gendarmerie française.

Les officiers OSS du circuit Beggar, qui ont reçu de nombreux parachutages à partir de juin 1944 et qui ont alimenté en armes et matériel de nombreux groupements de Résistance, doivent avoir recours aux FTP pour le transport de ces armes.

En deux occasions l'affaire se termine mal. 

Le 14 juin, René Demarcq, jeune étudiant recruté par "Ludovic", qui en a fait son adjoint et que l'historiographie départementale a longtemps présenté comme un officier canadien, part avec quatre résistants FTP : André Léger, commissaire technique du détachement Grand-Ferré, Bernard Guillissen, Henri Durupt et un Soviétique, Grégor, pour chercher, à Vic-sur-Aisne, le reste des armes parachutées le 3 juin et les transporter dans la région de Beauvais. Entre Bitry et Attichy, le camion tombe en panne. Un véhicule allemand survient alors. Le combat s'engage. Un second véhicule ennemi arrive. Le combat devient inégal. André Léger et René Demarcq sont tués.

Moins de deux semaines plus tard, le 27 juin, Gaston Fournival et son camarade, Libert Vanhéde, tous les deux du détachement Llacer, reviennent d'une mission de récupération des armes du parachutage de Haudivilliers. A la hauteur de Fillerval, hameau de Thury-sous-Clermont, ils se trouvent face à face avec les gendarmes de Mouy. Les deux résistants font demi-tour, mais un des gendarmes tire dans le dos de Fournival qui est tué. Son compagnon, blessé, est arrêté et torturé, avant d'être relâché.



Sources : 

AD Oise, 33 W 8 250

AD Oise, 1 232 W 54

Secrétariat d'Etat aux anciens Combattants, dossiers du secrétariat d'Etat aux anciens Combattants

ANACR-Oise, Ils ont fait le sacrifice de leur vie, le prix de la liberté dans l'Oise, 1940-1945, Balinghem, ANACR-Oise, 2002, 264p.


Liens :
  • Le circuit Beggar
  • Attestation de Fromonot-Monturat, délivrée à un transporteur d'armes

Illustration :
André Léger lors de son engagement dans la Marine en 1942, collection Jean-Pierre Besse, DR.
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