Le logement des troupes allemandes dans l'Oise
par Françoise Leclère-Rosenzweig, notice créée le 20 juin 2003
mise à jour le 8 décembre 2024
Les châteaux
Pour loger les troupes, l'occupant utilise d'abord les châteaux, et l'Oise n'en manque pas. Châteaux appartenant à l'aristocratie d'Ancien Régime, châteaux de la noblesse d'Empire, châteaux de la grande bourgeoisie d'affaires, presque chaque village avait le sien.
C'est ainsi que, à la fin de 1940, 200 à 250 Allemands occupent le château de Hautefontaine. Le château de Bonvillers, non loin de Breteuil, appartenant à M. de Beauvillé, est occupé pendant tout l'automne 1940 et de janvier à avril 1941.
Dès leur arrivée, les troupes s'installent au château de Corbeil-Cerf (chez la comtesse de Lubersac), à Mouchy-le-Châtel (chez le duc de Noailles), à Merlemont (chez la comtesse du même nom, veuve et âgée), au château de Saint-Germer-de-Fly (chez la comtesse Jean de Chavagnac), au château d'Alincourt (préventorium pour enfants), au château de Montjavoult appartenant à Monsieur de Villeneuve-Bargemont. Il en est de même à Nivillers, Serans en attendant d'autres réquisitions, celle de la propriété de la princesse Murat à Chambly ou de la famille de Clermont-Tonnerre à Achy.
Le château des Fontaines, à Gouvieux (67 route de Chantilly), est réquisitionné par l'état-major de la Luftwaffe (le II. Jagdkorps) du 15 septembre 1943 à fin juillet 1944. Le Generalleunant Werner Junck y commande la défense aérienne de chasse de la Belgique et de la France depuis son bunker de 500m² et d'un vaste bâtiment construits dans le parc sous l'ombrage des arbres.
Compagnie de transport allemande cantonnée
au château de Lac Croix-Saint-Ouen, nd.
Deuxième proie de choix pour l'occupant : les établissements scolaires.
Les deux lycées de Beauvais sont occupés de même que les deux écoles normales et la plupart des écoles primaires.
Le lycée Félix Faure (31, boulevard de l'Assaut), après avoir servi de Kreiskommandantur pendant plusieurs mois, est transformé en Foyer du Soldat de l'armée de l'air (soldtenheim der Luftwaffe) d'octobre 1940 à août 1944. Le personnel et les élèves s'installent comme ils peuvent dans les locaux de l'usine textile Laîné et de l'Institut agricole catholique.
Le lycée Jeanne Hachette, situé boulevard du Palais-de-Justice (devenu 31, boulevard Amyot-d'Inville) est réquisitionné d'octobre 1940 à août 1944 pour le logement des militaires de l'état-major.
L'Ecole professionnelle de garçons Cyprien-Desgroux, située 2 rue Jacques-de-Guéhengnies (actuellement Lycée professionnel des Jacobins, rue Vincent-de-Beauvais), est réquisitionnée d'octobre 1940 à août 1944 pour héberger le foyer du soldat allemand (soldatenheim).
L'Ecole Nationale Professionnelle de jeunes filles de Creil devient la Kommandantur.
Dans son rapport d'octobre 1940, le préfet précise que : "à Montataire des contingents d'aviation ont exigé la totalité des écoles, ce qui revient à jeter à la rue 1.530 enfants". A Méru, deux écoles, qui comptent vingt classes, sont réquisitionnées. Même chose à Lormaison, Hermes et Saint-Crépin-Ibouvillers.
L'occupation des écoles ne va pas sans frictions avec les maires des communes concernées ou les instituteurs.
Ni les châteaux, ni les établissements publics ne suffisent pour loger les milliers de soldats et d'officiers qui séjournent plus ou moins durablement dans l'Oise. Les particuliers doivent aussi les accueillir en leur cédant soit quelques pièces, soit la totalité de la maison. Cette hospitalité forcée ne va pas sans inconvénient : les réclamations pour vol et déprédations, car les "invités" ne sont pas toujours d'une sobriété exemplaire, s'entassent dans les bureaux de la préfecture.
Sources
ROSENZWEIG-LECLERE Françoise,
L'Oise allemande (25 juin 1940- 2 septembre 1944), impact économique et social sur le département, Thèse de doctorat, Thèse de doctorat, Université Paris 8, 2002, 374p