Le devenir des maires et conseillers municipaux élus en 1935
par Jean-Pierre Besse
Issus des élections municipales de 1935, les conseils municipaux vont être profondément modifiés à partir de 1940 pour des raisons multiples.
Révocations - Suspensions- Dissolutions
Des maires sont révoqués pour avoir quitté leur commune lors de l'exode (Jammy Schmidt, député maire de Crévecoeur-le-Grand) ou en raison de leur appartenance politique (le 5 février 1941, Jean Biondi , maire de Creil, pour avoir "manifesté de l'hostilité à l'œuvre de redressement national") ou religieuse (James de Rothschild, maire de Compiègne en octobre 1940). De nombreux conseillers municipaux subissent le même sort pour les mêmes raisons. C'est le cas, par exemple, des conseils de Chambly ou Nanteuil-le-Haudouin, très nettement orientés à gauche. Lorsque les conseils municipaux se trouvent trop réduits, le préfet prononce leur dissolution et nomme à la place une délégation spéciale, le plus souvent constituée de trois ou cinq membres.
Il convient d'ajouter les mesures prises contre les francs-maçons, nombreux dans l'Oise, département fortement influencé par le Parti radical-socialiste. Raoul Aubaud, député, Emile Reynen, conseiller général, Fernand Borrée, conseiller d'arrondissement, Alfred Ogier, maire, tous membres du Parti radical-socialiste, sont révoqués en octobre et décembre 1941 en vertu de la loi sur les sociétés secrètes du 11 août 1941.
Démissions
Rares sont les élus qui avouent, comme le député maire de Venette, André Mellenne, démissionner de leur poste de maire "pour des raisons de santé mais aussi pour des raisons politiques".
Les maires des petites communes démissionnent pour d'autres raisons. Agés, habitués à gérer d'une certaine façon, parfois depuis des années, leur commune, ils ne sont pas préparés aux nouvelles tâches administratives qui les assaillent. Pris entre le préfet, les Allemands et la population, ils ont de plus en plus de mal à se situer.
Les rapports du préfet, surtout en 1941, se penchent sur ce problème :
"Les maires et secrétaires de mairie sont débordés par les papiers, enquêtes et recensement de toutes sortes (...) Les démissions de magistrats deviennent de plus en plus fréquentes et leur remplacement n'est pas toujours aisé. On trouve difficilement des personnes qualifiées ou acceptant d'endosser les responsabilités que les fonctions comportent dans les circonstances actuelles" (rapport de mars 1941).
"Le nombre des magistrats municipaux qui abandonnent leurs fonctions va sans cesse en augmentant (...) Avant les maires invoquaient leur état de santé, maintenant ils prétendent ne plus pouvoir consacrer suffisamment de temps aux affaires communales devenues de plus en plus absorbantes (...)" (rapport d'avril 1941).
On enregistre encore quatorze démissions de maires en 1942 et huit en 1943, ainsi que cinquante et une démissions de conseillers municipaux en 1942 et dix-huit en 1943.
Sources :
AD Oise, 33 W 8 267 - AD Oise, 33 W 8 209 - AD Oise, 33 W 8 397.