Installation des sous-préfets

L’installation des sous-préfets de la Libération
par Jean-Yves Bonnard

Le 3 septembre, le préfet Pérony installe Georges Fleury comme sous-préfet de Clermont en remplacement de M. Granger dont il trace le portrait suivant : " sous chef de bureau à la préfecture de police avant la guerre, M. Granger, ami personnel de M. Cathala, a fait ses débuts dans la carrière préfectorale en 1943 à Clermont, dont la sous-préfecture semble avoir été rétablie à son seul profit. D'une valeur professionnelle réputée médiocre, il n'a pas réussi à Clermont où il s'est attiré des inimitiés solides. Il a collaboré étroitement aux mesures prises par Vichy, sans cependant pouvoir être incriminé d'intelligence avec l'ennemi. Son maintien dans la carrière ne paraît pas désirable, et il pourrait, tout au plus être remis à la disposition de son administration d'origine. " Décrit par le préfet comme " l'âme de la Résistance dans l'arrondissement de Clermont au cours des trois dernières années " Georges Fleury est choisi pour son expérience : " Il s'est acquis dans l'arrondissement des sympathies très nombreuses, et son dynamisme ainsi que son esprit de conciliation sont de nature à faire bien augurer de sa réussite".

Le 5 septembre, c'est au tour d'André de Passillé d'être investi par Yves Pérony comme sous-préfet de Compiègne : " Il compense une certaine timidité par de grandes qualités d'activité et de finesse. Très cultivé et homme du monde, il semble devoir rallier autour de lui la société compiégnoise qui paraît encore assez réticente à l'égard du nouveau régime ". Le sous-préfet déchu, M. Chevrier, est qualifié alors comme un "fonctionnaire de carrière, a fait preuve dans ses fonctions de solides qualités administratives. Il s'est associé étroitement à la politique du Maréchal Pétain et a fait appliquer la législation de Vichy avec intransigeance. Il s'est livré en outre à des manifestations regrettables lors de la prise de pouvoirs par le nouveau Sous-Préfet, M. de Passillé, et a cru bon proférer des menaces à l'égard, tant du Comité local de Libération que du Commissaire de police.” Cette désignation d’André de Passillé sera remise en cause par le Comité Local de Libération (CLL) de Compiègne aux dépens du FN et au profit de l'OCM. Présent lors de la réunion constituante du CLL le 5 septembre, Gabriel Leclercq, successeur de Norbert Hilger à la tête du secteur 3 du FN, s'indignera de cette pratique discriminatoire à l'encontre de son mouvement: “(…) je m'opposais très vivement à cette façon d'agir en faisant observer que c'était irrégulier, que le sous-préfet avait été nommé par le CDLN et accepté par le préfet, que s'il y avait un autre sous-préfet à mettre à Compiègne, cette charge revenait au CDLN. Ils votèrent pour le préfet de l'OCM [M. de Passillé] pour présenter sa candidature à Beauvais si Léonard [Osset] refusait (ce qu'il fit) et je fus le seul à ne pas voter. Je fus un peu regardé, depuis ce jour-là, comme une bête noire ; j'étais un communiste". La mise à l'écart de Léonard Osset et d'André Barret, tous deux FN, a pu générer des rancœurs.

Seul, le sous préfet de Senlis, M. Dumoulin, sera confirmé dans son poste comme le justifiera dans un rapport le préfet Pérony : " ses qualités d'administrateur et de bon Français ne sont mises en doute par personne. Sous-préfet de Senlis depuis plus de dix, il s'est acquis la sympathie de nombreux habitants d'un arrondissement qu'il connaît bien ".
Georges Fleury

André Boulevraye de Passillé
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