Marché noir

Le marché noir
par Françoise Rosenzweig-Leclère, notice créée le 20 juin 2003

Définition 

Il s’agit d’un commerce illicite et clandestin qui s’épanouit en période de rationnement. Le marché noir est le plus souvent doublement illicite : il peut porter sur des produits interdits à la vente et propose des prix très supérieurs à la taxe (prix officiel) .

Certains historiens distinguent, outre le marché noir proprement dit, le marché gris qui pratique des prix un peu supérieurs à la taxe et qui est plutôt le fait de cantines d’entreprises soucieuses d’améliorer l’ordinaire de leur personnel, le marché brun mis en œuvre par les Allemands. Il est inutile de préciser la nature du marché rose.

Les lieux du marché noir

Le marché noir est par définition difficile à saisir. Toutefois il est pratiqué dans certains lieux privilégiés : commerces ( boucheries, cafés ), fermes, trains et gares ( Abancourt, Milly-sur-Thérain, Compiègne et Creil ).Un trafic souvent dénoncé est celui qui permet à des Belges de vendre du tabac dans l’Oise contre du blé. Souvent le marché noir se traduit par un retour au troc.

Les produits
L’éventail du marché noir est infini, depuis les graines de poireaux jusqu’aux tissus , à l’essence, à la ficelle–lieuse en passant par toute la gamme des produits alimentaires. En avril 1942, dix-sept tonnes de beurre échappent chaque mois au ramassage officiel. Le marché noir porte principalement sur la viande, souvent découpée en morceaux et transportée dans des valises.

Les prix
Ils sont doubles, triples des prix officiels ou beaucoup plus encore. En 1943, le beurre est vendu 75 F le kilo « à la taxe » mais atteint 4 à 500 F en janvier 1944 et 650 F au printemps ( la moitié du salaire d’un instituteur).

Répression et acteurs
C'est à travers la répression du marché noir que l’on peut entrevoir certains acteurs. Dans la plupart des cas, il s’agit de commerçants (épiciers, bouchers, boulangers), d’entrepreneurs de transport, de mariniers, d’agriculteurs, d’ouvriers agricoles et divers artisans. Il faut y ajouter des Parisiens, des Belges, et des coopératives d’entreprises, dénoncés dans les rapports du préfet qui dispose d’un pouvoir d’internement administratif. Les peines prononcées vont de un à plusieurs mois d’enfermement dans « un camp de séjour surveillé » à Saint-Denis-les-Sens dans l’Yonne, Gaillon dans l’Eure (dissous en février 1943), Vaudeurs dans l’Yonne et Rouillé.

Les victimes du marché noir
Ce sont les personnes à revenu peu élevé, fixe ou peu flexible : ouvriers, retraités, petits fonctionnaires. Les citadins ont souffert du trafic portant sur les produits alimentaires, les ruraux ont pâti du marché noir des produits manufacturés.


Sources :
Rosenzweig-Leclère Françoise, L'Oise allemande (25 juin 1940- 2 septembre 1944), impact économique et social sur le département, Thèse de doctorat, Thèse de doctorat, Université Paris 8, 2002, 374p.

Liens:
  • Le rationnement
  • Les prélèvements allemands
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