La préparation de la Libération
par Jean-Yves Bonnard
La répartition des sous-préfectures
En août 1944, Le CDLN comprend les délégués de l'OCM, de Libération, du Front National, de l'Union des Femmes Françaises, des Forces Unies de la Jeunesse Patriotique, de l'Union des Syndicats (dont la CGT) et des partis politiques (communistes, socialistes radicaux…).
En somme, le parti communiste disposait d'une majorité absolue comme dans beaucoup d'autres départements de France.
Le 9 août, les membres réunis à Liancourt distribuent les sous-préfecture en présence de l'état-major FFI représenté par le colonel Monturat et son adjoint Rogette.
Le secrétariat-général, à Beauvais, est attribué à la SFIO et Libé-Nord qui pressant M. Crosnier. La sous-préfecture de Clermont est attribuée à l'OCM qui propose Georges Fleury. Les sous-préfectures de Compiègne et de Senlis reviennent aux FTP lesquels proposent Léonard Osset et André Barret.
Le CDL s'officialise
Le 16 août, à Clermont, tandis que le CDL prévoit la désignation du préfet, le commandant Schmit (Libé-Nord) expose que le gouvernement provisoire l'a déjà nommé en la personne d'Yves Pérony. Le CDL décide alors de se constituer en conseil de préfecture pour assister le préfet lors de sa prise de fonction.
Le 17 août 1944, le CDLN “considérant l'évolution rapide des événements et l'approche de la libération" décide de se substituer à l'Administration de Vichy et de se constituer en Conseil de Préfecture. Sa motion, rendue publique par voie d'affichage, expose que "son rôle essentiel est d'assister le préfet désigné par le gouvernement provisoire de la République. Il gèrera les institutions du département en exerçant les pouvoirs qu'il détient du CNR”.
Le 23 août, à Bracheux, Roland Schmit prend position avec le Front National contre la constitution d'un nouveau CDL proposée par Jean Wallon. Schmit est alors élu président du CDL, succédant ainsi à Pierre Auzy. L'historien Jean-Pierre Besse voit à travers ce changement la marque d'une contrepartie politique “sans doute pour donner satisfaction aux envoyés d'Alger qui trouvaient excessive la domination du parti communiste dans cet organisme”. Il est possible que le FN ait payé sa trop grande ardeur dans la lutte ouverte lancée dès le mois de juin 1944.
Le 25 août, à Marissel, les membres du CDL discutent de son élargissement. Une dernière réunion du CDL a lieu le 27 août, mais tous les esprits sont tournés vers l'avancée des Alliés et le départ des Allemands.
Si la déclaration de l'état d'insurrection permet de harceler et de paralyser l'organisation ennemie, elle se solde aussi par un lourd bilan humain à travers les attaques allemandes contre les maquis, les rafles de population et les arrestations de résistants qui conduiront à de nombreuses exécutions et des déportations massives
Dans tous les cas, ce changement de direction à la veille de la Libération ne peut-être sans arrière-pensée et le pouvoir central prend peu à peu le pas sur le pouvoir populaire.
Roland Schmit,
président du CDL.