Les bombardements de Saint-Leu d'Esserent
Pour lutter contre ces bombes volantes dirigées sur Londres de juin 1943 à août 1944, les Alliés lancent en décembre 1943 l'opération Crossbow (Arbalète). Il s'agit de détruire les sites de stockage et les rampes de lancement.
Les Alliés sont informés de l'activité du site notamment grâce aux renseignements fournis par les FTP du groupe Valmy, par les réseaux Marco Polo et Octave, ou par l'Intelligence Service.
Ainsi, à Saint-Leu d'Esserent, Léon Carbon, responsable Front National, participe à des sabotages dans le détachement Valmy tandis que son épouse transporte des tracts, des messages et des journaux clandestins. L'Hôtel de l'Oise, dirigé par Henriette Peyre, devient un lieu de réunions des résistants FTP du bassin creillois. L'un d'entre eux, Marcel Coëne, s'installe chez Madeleine Rifflard et y cache un dépôt d'armes. Ce réseau permet à deux enrôlés de force dans l'armée allemande d'origine alsacienne, Pierre Michel et Joseph Reith, de livrer de précieux renseignements sur les installations de V1.
L'un des plans dressé par la Résistance, daté du 5 mai 1944 est ainsi reçu à Londres le 4 juin et diffusé le 20 juin suivant.
Du 17 mars au 28 août 1944, Saint-Leu-d'Esserent subit dix-huit bombardements imposant à la population demeurée sur place de se réfugier dans des galeries souterraines aménagées en dortoirs, comme celles du Prieuré, de la rue Dernier Bourguignon ou la carrière des Danses.
Le message “Ce soir nous irons à la bonne aventure”, envoyé sur les ondes de la BBC début juillet, prévient les résistants du bombardement des carrières proches de la maison du garde-barrière M. Bonnaventure. Dans la nuit du 4 au 5 juillet, 231 Lancasters déversent leurs bombes sur le site. Au cours de cette opération, la RAF perd treize avions détruits par la chasse de nuit de la Luftwaffe, dont sept s'écrasent dans le département de l'Oise.
Dans la nuit du 7 au 8 juillet, 1138 tonnes de projectiles sont lancés par 221 bombardiers de la RAF qui perd 31 Lancasters abattus par la chasse allemande et la DCA allemande (la Flak).
De nouveau, le 5 août, 431 bombardiers de la RAF larguent 2000 tonnes de bombes sur la commune.
Un Halifax touché par la Flak s'abat au sud-est de la ville, tuant ses huit occupants. Les carrières souterraines résistent bien aux bombardements et le site fonctionne jusqu'en août 1944. Des prisonniers soviétiques et des déportés du travail sont utilisés pour évacuer les déblais et travailler aux carrières. Logés dans un camp près de Mouy ou à Précy-sur-Oise, mal nourris, certains s'évadent et sont cachés dans des maquis, comme à Saint-Vaast-les-Mello.
Les installations souterraines et une partie des V1 sont détruites par les Allemands lors de leur retraite. Une grande partie des 1600 habitants ayant été évacués, la ville n'a à déplorer que 16 morts parmi les civils.