1944-04-27 Tatoués

Blin Georges

BLIN Georges Désiré

Résistant Libé-Nord et La France au combat

Déporté n°185095

par Jean-Pierre Besse 


Né à Verderel dans l'Oise le 31 août 1908, Georges Blin est instituteur. Après son service militaire, qu'il effectue du 15 mai 1925 au 30 septembre 1930, il enseigne successivement à Rantigny, Creil, Le Frestoy-Vaux et enfin à Méry-la-Bataille. 

Administrateur de la Fédération SFIO de l’Oise en 1936, Blin en devient le secrétaire administratif en 1938. En 1937, il se présente aux élections du conseil d’arrondissement dans le canton de Maignelay et se désiste au deuxième tour pour le candidat radical-socialiste. Il milite également au syndicat des instituteurs. Fran-maçon, il appartient à la loge "La sincérité fraternelle" à l'orient de Creil.

Mobilisé en 1939, comme lieutenant dans un bataillon de mitrailleurs, il est envoyé au front et y est blessé. blessé, il est démobilisé le 10 août 1940 à Pamiers. De retour dans l'Oise, il continue à militer à la Fédération SFIO de l’Oise devenue clandestine et combat activement l’occupant au sein de plusieurs réseaux de résistance. Il est l'un des organisateurs de Libé-Nord (secrétaire départemental), de « La France au combat » et, selon un témoignage postérieur, le responsable de la fédération SFIO clandestine. Il est contacté à la fin de 1943 par Edmond Léveillé pour former le Comité départemental clandestin de libération qui naît en novembre.

Blin Georges

Le 2 février 1944, Georges Blin est arrêté à 11 heures dans son école par quatre hommes, trois de la Gestapo de Creil, 24 rue Henri Pauquet, et un policier français de Creil. Il reste à Creil du 2 au 4 février puis est transféré à la maison d'arrêt de Compiègne et emprisonné au camp de Royallieu. Déporté à Buchenwald par le convoi du 27 avril 1944 au départ de Compiègne, il est transféré à Flossemburg. Il y meurt le 3 janvier 1945.

Le 7 avril 1946, dans la commune de Méry-la-Bataille, (Oise), où Blin a longtemps été instituteur, une cérémonie commémorative donne lieu à l’inauguration d’une place qui porte son nom. Georges Blin a été fait chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume, il a reçu la médaille de la Résistance en mai 1946 et la Croix de guerre 39/45. Une stèle est érigée en avril 2003 en l'honneur des époux Blin devant le collège de Méry-la-Bataille qui porte leur nom.


Sources :

Le Cri populaire de l'Oise, 1930-1939, quotidien.

Le maire Denis Flour devant la stèle aux époux Blin.

https://maitron.fr/spip.php?article16909, notice BLIN Georges, Désiré


DESNOS Robert (1900-1945)

Poète et écrivain, journaliste pour le quotidien Aujourd’hui, il est résistant dans le réseau Agir. Arrêté le 22 février 1944, emprisonné à Fresnes, il est interné à Compiègne –Royallieu du 20 mars au 27 avril 1944. C’est là qu’il écrit sa poésie Sol de Compiègne.  Parti du camp par le convoi dit « des tatoués », il est déporté sous le n°185443 à Auschwitz puis, le 12 mai,  au camp de Buchenwald. Il est ensuite affecté au Flossenbürg (kommando de Flöha puis d’Hersbruck). Il décède du typhus le 8 juin 1945 au camp de Theresienstadt (Tchécoslovaquie).


JOBARD Pierre

Déporté n°185784

par Jean-Yves Bonnard


Né le 7 février 1927 à Villeberny (Côte d'Or), il grandit dans la ferme familiale. Il s'engage dans la Résistance à l'âge de 16 ans, en 1943, contacté par un ami pour rejoindre un réseau et faire du sabotage, recupérer des armes pour les STO cachés dans bois...

Un de ses camarades ayant été arrêté par les Allemands en janvier 1944, son chef de réseau veut se venger et tend une embuscade sur une route (opération Werner). Un véhicule allemand est immmobilisé, un officier est tué. La réplique allemande est ferme : une dizaine d'hommes est raflée dans la vallée de l'Auxois. 

Arrêté à son tour à son domicile le 23 février 1944 à heures du matin par des soldats allemands, il est interrogé, torturé et emprisonné à la prison de Dijon. Arrêté en même temps que lui et emporté dans un bus, son père est relâché.

Après 35 jours de cellule, il est conduit au camp de Royallieu, à Compiègne. Pierre Jobard est déporté par le convoi dit des Tatoués le 26 avril 1944 à destination d'Auschwitz. Après douze jours, il est transféré au camp de Buchenwald. Il est ensuite transféré à Flossenbürg, en Bavière, dans une usine. Le camp est vidé le 20 avril 1945 à l'approche des Russes. La colonne de la mort est libéré le 23 avril 1945. Il rentre à Villeberny le 11 mai 1945.

Par la suite, il entre à l'école des Ponts-et-Chaussées. Après 68 ans de silence, il se décide à parler, à témoigner dans les écoles. Il décède en avril 2023 à l'âge de 96 ans.


Sources

FMD - France 3 Franche-Comté, article d'Antoine Comte du 23 avril 2023.


MAHE Gabriel

Résistant de l'Armée Secrète

Déporté n°185979

par Jean-Yves Bonnard


Né le 19 septembre 1922 à Rennes (Ille-et-Vilaine), il est membre d'un groupe franc de l'Armée Secrète. Arrêté sur dénonciation le 15 février 1944 à Rennes, il est déporté depuis Compiègne le 27 avril 1944 à destination d'Auschwitz-Birkenau. Il transite par Buchenwald et Flossenbürg. Il est noté disparu.


MAILLARD Espérance Hilaire Joseph

Résistant de Libé-Nord et du réseau Brutus

Déporté n°185 982

par Jean-Pierre Besse et Jean-Yves Bonnard


Fils d’Hilaire Maillard et de Godeberthe Maricaille, Espérance Maillard est né le 23 juin 1899 à la Ricquebourg (Oise) dans une famille modeste. Ses parents, bien que propriétaires de leur maison et des terres attenantes à La Neuville-sur-Ressons, vivent d’élevage et de cultures familiales. Son père remplace le facteur parfois et fabrique des semelles de bois pour les galoches. Elève à l’école communale de la Neuville-sur-Ressons, il est reçu premier du canton au certificat d’études primaires. Après l’école communale, il est apprenti charcutier à Paris pendant la Grande Guerre. Il est noté exerçant la profession de charcutier lors du conseil de révision de 1918. 

Un engagement militaire
Incorporé le 17 avril 1918 au 4e Régiment d’Infanterie, il passe au 24e RI le 30 juillet suivant. Le 12 avril 1919, il est versé au 159e RI où il est nommé caporal (16 mai 1919) puis sergent (1er septembre 1919). Le 24 décembre suivant, il passe au 126e RI. Renvoyé dans ses foyers le 21 mars 1921 en attendant son passage dans la réserve de l’armée d’active, il obtient un certificat de bonne conduite. Réserviste le 15 avril 1921, il décide de se rengager pour un an le 26 septembre 1921 à la sous-intendance de Beauvais et rejoint le 33e RI. Le 1er août 1922, il se rengage de nouveau pour un an à la sous-intendance d’Arras (à compter du 26 septembre) et passe le 6 décembre suivant au 73e Bataillons de Tirailleurs Sénégalais. Rengagé cette fois pour trois ans à la sous-intendance de Fréjus le 6 février 1933 (à compter du 26 septembre), il embarque à Marseille le 31 mars 193 pour l’Indochine et est affecté au 4e Régiment de Tirailleurs Tonquinois. Rengagé à Hanoï le 21 janvier 1926 pour une durée de 2 ans (à compter du 26 septembre), il passe au 23e Régiment d’Infanterie Coloniale le 14 juin 1926 et demande son prolongement pour une durée de 5 ans valable jusqu’au 25 septembre 1933. Le 1er septembre 1927, il est nommé sergent-major et est admis à l’Ecole Militaire d’Infanterie de Saint-Maixent. Admis sous-officier, par décision du 11 septembre 1928, il est nommé sous-lieutenant (JO du 14 septembre 1928) pour prendre rang du 1er octobre 1928 et est affecté au 3e Régiment d’Infanterie Coloniale. Le 1er octobre de l’année suivante, il est affecté au 51e Régiments de Tirailleurs Indochinois et est promu lieutenant par décret du 24 septembre 1930 pour prendre rang le 1er octobre. Désigné pour servir en Indochine (JO du 25 septembre 1930), il embarque à Marseille le 27 novembre 1930 et est affecté au Régiment de Tirailleurs Annamites le 27 novembre. Embarqué à Saïgon le 2 février 1933 à destination de la France, il est affecté au 8e Régiment de Tirailleurs Sénégalais (JO du 10 novembre 1932). Débarqué à Marseille le 25 janvier 1933, il rembarque le lendemain à destination de Casablanca et est affecté au 5e Régiment de Tirailleurs Sénégalais. Le 10 octobre 1935, il passe en Tunisie. Nommé capitaine le 22 décembre 1936, il est rapatrié pour fin de séjour et embarque pour Marseille le 30 janvier 1937. La veille,  il avait été versé au 1er Régiment d’Infanterie Coloniale (JO du 10 octobre 1936). Rentré de congé de fin de campagne par anticipation le 30 avril 1937, il quitte le commandement de la 11e compagnie le 1er avril 1938. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire en 1937.
Il est noté en permission de départ colonial du 25 avril au 24 mai 1938. Rentré le 21 mai 1938, il est désigné pour continuer ses services en Afrique Occidentale française. Il embarque le 8 juin 1938 à destination de Dakar.

Résistant à Libé-Nord
A la déclaration de guerre en 1940, Espérance Maillard est en garnison au Sénégal, d’où il revient en 1942 et s’installe au pays de sa femme, Benoît Soulier, à Saint-Foy d’Argentine, dans le département du Rhône, situé en zone non occupée à cette époque. Il n’accepte pas la capitulation et, après l’Occupation de la zone Sud par les troupes allemandes, il est mis à la retraite d’office et rejoint La Neuville-sur-Ressons.
Avec Jean Biondi, il contribue à la formation du mouvement Libé-Nord, dont il devient le chef militaire départemental. Il appartient au réseau Brutus.
Espérance Maillard est arrêté chez lui au retour d’une mission par deux hommes, l’un français et l’autre de la Gestapo, le 27 janvier 1944.
Interné avec Jean Biondi au camp de Royallieu, il est déporté par le convoi du 27 avril 1944 dit des « Tatoués » à destination d’Auschwitz (Pologne). Espérance Maillard est d’abord détenu au camp d’Auschwitz (n°185 982) puis est transféré au camp de concentration de Buchenwald le 15 mai 1944 (n°53 688). Transféré ensuite au KL Flossenbürg le 1er juin 1944 (n°9998), il est affecté au kommando de travail d’Hersbrück chargé d’installer une usine souterraine de fabrication de moteurs d’avions. Il décède de dysenterie le 4 octobre 1944 à Hersbrück (le 8 selon la FMD) et son corps est incinéré.

Les urnes cinéraires de 96 déportés seront découvertes en 1948 (La Croix, 3 mai 1948). L’Amicale de Flossenbürg établira une liste de nom dans laquelle figure Espérance Maillard. L’urne n°25647 sera adressée à la famille le 4 mars 1949.
Son nom est gravé sur une plaque commémorative à La Neuville-sur-Ressons.
Il porte la mention « mort en déportation » (arrêté du 14 décembre 2012)

Sources :
Arch. Départ. Oise RP2022 (registre matricule n°1673). Arolsen Archives.
Témoignage : Archives Jean-Pierre Besse, Maillard Espérance, 27 février 1986, enregistrement cassette audio, témoignage de René Maillard (neveu d'Espérance Maillard).
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