Témoignage-Buckner

Le témoignage de George Buckner
par Jean-Pierre Besse

En partant pour une mission de bombardement sur Francfort le 8 février 1944, un bombardier B17, appartenant au 92e Bomb group, est abattu par des chasseurs allemands. L'avion s'écrase vers Catheux.
L'un des cinq rescapés, George Buckner raconte :
« Après m'être débarrassé de mon parachute, je restai étendu dans l'herbe haute pour me ressaisir. Tout était silencieux et paisible et, après ce que nous venions de traverser, tout cela semblait irréel ».

Buckner retrouve un peu plus loin, un des ses coéquipiers.

« Nous avons couru le long de la haie (...) Nous avions le souffle coupé (...) En sortant du bois, nous sommes tombés sur deux hommes. Ils avaient l'air de paysans. Lorsque je leur ai dit "je suis un aviateur américain", ils ont complètement changé d'attitude : ils nous ont souri, serré la main, tapé sur l'épaule et reconduit dans le bois, en nous faisant signe de nous allonger. Ils nous ont recouverts de branches de pins, nous indiquant qu'ils allaient revenir.

Après quelque temps, l'un des hommes est revenu et nous l'avons suivi jusqu'à une ferme, située en contrebas et construite en pierres grossières (...)

Dans ce qui tenait lieu de cuisine et de pièce à vivre, se trouvaient une femme, qui, je suppose, était l'épouse du paysan et une autre plus âgée, en noir, qui pouvait être sa mère (...) Le paysan se dirigea vers une échelle qui conduisait au grenier et nous sommes montés. Il farfouilla et sortit deux pantalons, deux vestes, une paire de vieilles bottes en caoutchouc et de vieilles chaussures en cuir. Il nous fit signe de nous changer (...) Nous avons réussi à nous habiller, mais nous avions besoin tous les deux d'une ceinture (...) Lorsque nous sommes descendus, le paysan nous a donné à chacun un béret et une écharpe (...)

Pendant ce temps-là, les femmes avaient mis sur la table du pain et du vin et étaient en train de cuire des oeufs (...) ».

Le soir, un cafetier de Crèvecœur, accompagné d'une autre personne, vient les chercher en camionnette pour les emmener à Crèvecœur-le-Grand : Buckner chez le garagiste, Coquelle et Warner chez le boulanger. Ensuite, ils sont dirigés vers la chaîne de Bretagne, pour être embarqués dans la corvette 503, dans la nuit du 23 mars 1944.

Sources :
Archives Jean-Pierre Besse, publication, presse locale, documents remis par des résistants - Naudin André, Les aviateurs tombés dans l'Oise en 1944, auteur, 2000, 190p.

Illustration:
Cinquante ans après, George Buckner retrouve André Cocuelle qui l'a hébergé pendant deux semaines, Collection privée, DR.
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