AMYOT D'INVILLE Hubert
Fils de Pierre Amyot d'Inville (1878-1953) et d'Yvonne Drouet d'Aubigny (1882), il est né le 1er août 1909 à Beauvais. Troisième des six enfants de la fratrie, sa famille est issue de la vieille noblesse de robe de l'Oise. Il y fait ses études à l'Institution du Saint-Esprit puis est reçu à l'Ecole de Navigation de Nantes. Il devient Elève Officier de Réserve en 1929 puis entre en 1932 dans la Marine marchande à la compagnie Dreyfus.
Le 15 mai 1935, il est promu enseigne de vaisseau de 1ère classe de réserve. La famille s'installe en 1936 au château de la Morandière à Louvigné-de-Bais (Ille-et-Villaine).
Capitaine au long cours sur la ligne de Madagascar des Messageries maritimes en 1939, il est chargé de convoyer les hommes et les ressources des colonies vers la métropole. il est rappelé dans la Marine de guerre en janvier 1940 et reçoit une formation de dragage de mines. Le 16 mars 1940, il reçoit le commandement du dragueur de mines La Trombe II, un ancien langoustier à propulsion électrique, et du groupe de dragueurs chargés de nettoyer le chenal de navigation des mines lancées par les avions allemands devant Dunkerque. Il prend part à la défense et à l'évacuation de Dunkerque, lorsque son bâtiment, assurant la garde des chenaux du port, saut sur une mine.
Rescapé, Hubert Amyot d'Inville est cité à l'ordre de l'Armée le 31 mai 1940. Il commande ensuite au moment de l'armistice une vedette lance-torpilles à Cherbourg, le VTB 11. Il rallie alors l'Angleterre le 19 juin et le lendemain est interné avec son équipage à Falmouth. Il s'engage alors dans les Forces navales françaises libres, le 1er juillet 1940.
Il reçoit le commandement de la 3e compagnie du 1er Bataillon de fusiliers marins (1er BFM) constitué en Angleterre avec des réservistes et des civils évadés. Placé sous le commandement du capitaine de corvette Robert Détroyat, Hubert Amyot d'Inville en devient son second.
Le Bataillon est embarqué sur le Westernland et participe l'opération de Dakar. Arès l'échec de Dakar, le Bataillon est envoyé en Afrique Equatoriale Française. Il débarque en septembre au Congo puis commande la Marine à Port Gentil (Gabon) et organise la défense des côtes. Il prend une part active au ralliement du Gabon puis quitte l'AEF pour l'Ethiopie et l'Erytrée en février 1941. Il rejoint Suez par le Cap puis Qastina en Palestine.
En juin 1941, Hubert Amyot d'Inville entre avec le 1er BFM en Syrie. Grièvement blessé devant Damas, le 17 juin, il prend à Beyrouth, dès le mois d'août 1941, avec le grade de capitaine de corvette, le commandement du Bataillon, en remplacement de Détroyat, tué le 21 juin 1941 lors d'un accrochage à Mezza, en Syrie.
Réorganisé en unité de DCA motorisée, le Bataillon est adjoint, fin 1941, à la 1ère Brigade française libre sous les ordres de Koenig. Il participe aux campagnes de Cyrénaïque, de Libye, de Tripolitaine et de Tunisie. De février à juin 1942, il défend le ciel de Bir-Hakeim attaqué quotidiennement par des raids de 80 à 100 avions et assure une protection anti-char. Son unité inflige des pertes sévères à l'ennemi et abat 7 avions.
Le Bataillon entre en ligne à El Alamein en octobre 1942, puis prend part en mai 1943 à la campagne de Tunisie au sein de la 1ère Division française libre.
Le 17 août 1943, grâce à l'arrivée de volontaires d'Afrique du Nord, le Bataillon devient le 1er Régiment de fusiliers marins (1er RFM) toujours commandé par le capitaine de corvette Amyot d'Inville. Plusieurs mois sont nécessaires pour former les recrues par des entraînements et des manoeuvres.
Le 13 avril 1944, les fusiliers marins « l'amiral », comme on le surnomme (certains le surnomment aussi L'astuce, Le pacha et Le vieux), embarquent pour l'Italie. Ils débarquent à Naples le 27 avril 1944 et forment souvent l'avant-garde de la 1ère DFL sous les ordres du général Brosset. Hubert Amyot-d'Inville dirige ses escadronsavec calme et clairvoyance, et dirige ses escadrons dans la conquête de Ponte Corvo, Cellano, Coleferro, Zagarello près de Tivoli du 11 mai au 6 juin. Il traverse Rome le 9 juin et arrive près de Viterbe le soir.
A peine nommé capitaine de frégate, Hubert Amyot d'Inville trouve la mort en sautant sur une mine avec sa jeep, le 10 juin 1944 lors d'une reconnaissance devant Montefiascone. Il avait 34 ans. Il est inhumé au cimetière de Viterbe (Italie).
Jacques (1908-1943), le frère aîné d'Hubert Amyot d'Inville, officier du 3e Régilent Etranger d'Infanterie, est tué au combat en Tunisie en avril 1943 ;
Gérald (1910-1945), son frère cadet, prêtre résistant, meurt en déportation le 29 janvier 1945 à Elrich;
Guy (1918-2002), seul survivant des frères Amyot d'Inville, est officier de cavalerie au 7e Régiment de Cuirassiers. Grièvement blessé dans son char en feu, il est fait prisonnier le 5 juin 1940, emmené en captivité à l'Oflag IV-D d'Elsterhost et libéré en 1945
Décorations:
• Officier de la Légion d'Honneur - 16 octobre 1947 à titre posthume
• Compagnon de la Libération - décret du 9 septembre 1942
• Croix de Guerre 39/45 (5 palmes) - citation à l'ordre de l'Armée du 3 novembre 1944
• Médaille de la Résistance avec rosette - 16 janvier 1947 à titre posthume
• Médaille Coloniale avec agrafe "Bir-Hakeim"
Hommages:
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Louvigné-de-Bais.
A Beauvais, un boulevard de la ville porte le nom des fils Amyot-d'Inville
Toujours à Beauvais, la cour de la maison natale présente une stèle ornée des bustes des trois fils Amyot-d'Inville;
A Senlis, un lycée professionnel porte le nom de la famille;
A Louvigné-de-Bais, la rue principale du village porte le nom "des fères Amyot d'Inville";
La Marine Nationale baptisera en 1974 un avios du nom d'Amyot d'Inville. Il est désarmé en 1999.
Sources:
De Gméline Patrick, Amyot d'Inville: quatre frères pour la France, éd. Charles Hérissey, 2004.
Site de l'Ordre de la Libération.
Site du Mémorial National des Marins.