Rivalités FFI-OCM

La rivalité entre FTP et OCM
par Jean-Yves Bonnard

Face aux sabotages et aux actions de harcèlement menés dans le département de l’Oise par la Résistance, les forces d’occupation et leurs auxiliaires français procèdent à de nombreuses arrestations suivies d’interrogatoires violents. Le démantèlement de groupes et les ruptures au sein de Résistance, des VOP et de Libé-Nord feront grossir les rangs de l’OCM. Cette dernière sera aussi touchée par la répression allemande, notamment là où se sont organisés des maquis. Seul, le FN fort de 850 FTPF et organisé de longue date, tient tête à cette suprématie de l'OCM. Le Patriote de l'Oise, organe de presse clandestin émanant du Comité Départemental du Front National pour l'Indépendance de la France, considère en août 1944 que l'armée de FTPF est " l'aile marchante et active des FFI " mais regrette qu'elle soit formée de " soldats sans uniforme et, hélas, sans armes " . Malgré les appels incessants à un armement conséquent de ses hommes et l'intense activité des groupes locaux, les FTPF ne parviendront pas à s'équiper: " la récupération des armes conquises sur les éléments isolés de l'ennemi se fait à un rythme jusqu'ici inconnu au prix de mille difficultés qui, soit dit en passant, pourraient être évitées si les alliés parachutaient du matériel en plus grande quantité, et si de soi-disant patriotes distribuaient les armes qu'ils stockent criminellement, au risque de les faire prendre par les boches, comme cela s'est produit à Cauvigny ".
Cette question de l'armement sous-tend une rivalité entre l'organisation communiste et celle des FFI dans laquelle elle est censée s'intégrer. Les principaux responsables de ce secteur de l'Oise seront parties prenantes dans l'amalgame des FFI dans l'armée régulière. La défiance envers le FN atteindra son comble lorsque ce dernier créera en août 1944 des milices patriotiques " chargées d'assurer l'ordre, la sécurité des citoyens, le libre fonctionnement des institutions de la France Nouvelle ". Dans l'Etat Major FFI du secteur Est du département de l'Oise, l'OCM est majoritairement présente sous la direction du Commandant Bouquerel alias "Grégoire”. L'équilibre des forces de la résistance n'apparaît ni au sein de l'Etat-Major, ni au sein des sous-secteurs. Avec l'arrestation le 16 juillet 1944 de Norbert Hilger, membre de l'Etat Major du Secteur Est, le mouvement FN sera fragilisé. Son successeur à la tête du secteur 3 du FN, Gabriel Leclercq, ne parviendra pas à intégrer l'Etat Major FFI du secteur Est de l'Oise malgré plusieurs entretiens avec Amédée Bouquerel, de sorte que les FTP se sentiront exclus de l'armée de la Libération. Ces hommes ne seront reconnus que tardivement FFI.
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