Organisations de jeunesse

Les organisations de jeunesse
par Jean-Pierre Besse, notice créée le 20 juin 2003,
mise à jour par Jean-Yves Bonnard le 28 décembre 2024

Les organisations de jeunesse sous Vichy, ce sont à la fois des mouvements privés, anciens et nouveaux, promis à une fonction semi-publique, des institutions d’État créées dans l'été 1940, et une administration nouvelle qui coiffe le tout en s'efforçant d'élaborer et de faire appliquer une politique de la jeunesse liée à la Révolution nationale.
Pour la première fois, l’État décide de mettre en œuvre une grande politique de la jeunesse, alors que depuis les années 1920, les mouvements de jeunesse sont en plein essor.
Le Secrétariat Général à la Jeunesse (SGJ)
Dépendant juridiquement d'un ministère, le secrétariat général à la Jeunesse (SGJ) dispose d'une large autonomie. En zone Nord, le SGJ n'a que peu de liberté d'action et doit composer avec l'occupant.
En février 1941, sont nommés trente-huit délégués régionaux et cent soixante-treize délégués adjoints. Ils représentent le SGJ, sont chargés d'une mission de liaison, de contrôle et d'organisation et disposent de ressources financières et de moyens matériels.
Dans l'Oise, le premier délégué adjoint, c'est à dire responsable départemental, est Michel Zentz d'Alnois de Boury-en-Vexin, qu'un rapport présente comme "d'opinions politiques très marquées et intelligent". Il reste en place jusqu'à sa nomination comme délégué régional à Laon, en octobre 1942. Il est alors remplacé par Jean Duchateau. Nous savons peu de choses sur l'action sur SGJ dans l'Oise si ce n'est qu'il a des responsables par arrondissement et des correspondants locaux dans certaines communes (Sérifontaine, Méru, Chantilly, Compiègne, Creil).
En 1944, comme dans le reste du pays, le SGJ n'a plus d'autorité. Nous ne savons pas non plus quel est le rôle et l'influence du conseil départemental de la Jeunesse qui, en mars 1944, est composé de l'évêque de Beauvais, de l'inspecteur régional de l'enseignement technique, du directeur des services agricoles, de mademoiselle Turquet de la Boisserie, secrétaire départementale de la famille, de l'inspecteur départemental à l'hygiène, du représentant du délégué régional à la production industrielle, de l'inspecteur du travail, et, de Mercier, le délégué départemental à l'information.

Georges Lamirand (1899-1994)

in Vers l'unité : France nouvelle ! à nous ! jeunes! brochure éditée en 1941.

Les "Jeunes du Maréchal"
En 1943, l'invasion de la zone Sud laisse la voie libre à l'implantation de mouvements collaborateurs, tels "Jeunes du Maréchal" créé à l'initiative de Jacques Bousquet, courant 1941.
J.P. Houdry, contre-maître à la Viscose, est chef des sections des "Jeunes du Maréchal" à Beauvais.

Les colonies de vacances
En février 1941, suite à la confiscation des biens juifs, le château de Laversine à Saint-Maximin, celui des Fontaines à Gouvieux, propriétés de la famille Rothschild, sont mis à la disposition du Secours national "pour les jeunes et les malheureux".
Il en est de même pour la propriété d'Alice Halphen, à La Chapelle-en-Serval, qui la mettait à disposition des Éclaireurs israélites de France depuis 1933. En juillet 1941, une colonie de vacances est ouverte dans cette propriété, et reçoit pendant l'été, trois cents enfants.

Les équipes nationales
Il s'agit d'une sorte de service civique rassemblant tous les jeunes Français pour venir au secours des victimes de la guerre. Les équipes nationales ont leur propre hiérarchie. A partir du 1er octobre 1942, le responsable départemental est Jacques Zollikoffer.
L’École des cadres de La Chapelle-en-Serval
L'Oise est le terrain d'une expérience unique en zone Nord : l’École nationale des cadres, installée à La-Chapelle-en-Serval. Une soixantaine d'écoles de cadres est créée par le Régime de Vichy, dont trois d'envergure nationale  : Uriage et Ecully-lès-Lyon, pour les jeunes filles, en zone libre, et La Chapelle-en-Serval en zone occupée. L'Ecole nationale des cadres supérieurs de la zone Nord doit former les cadres de la Révolution nationale de la France nouvelle.
L'école de La Chapelle-en-Serval est créée par Jacques Bousquet, fondateur des "Jeunes du Maréchal", et Georges Pelorson (1909-2008, devenu Georges Belmont). Dans un lettre adressée, le 3 janvier 1942, au cabinet du maréchal Pétain, Jacques Bousquet écrit : "J'assume la direction depuis novembre 1941 (...) peu d'activités (...) D'abord situé à Neuilly au château de Madrid, j'ai transporté l'école dans la propriété de la famille Halphen qui a fait l'objet d'un acte de réquisition (...)". Il demande que lui soit accordé "un monument historique dans un décor de grandeur".
L'école est inaugurée le 4 janvier 1942 par Georges Lamirand. En février 1942, on parle d'installer l'école au château de Pierrefonds.
En septembre 1942, Jacques Bousquet est remplacé par Félix Olivier-Martin (1906-1972) qui, en 1943, remplace Georges Lamirand à la tête du secrétariat général à la Jeunesse.
Le 30 septembre 1943, Marc Saillenfest est sous-directeur et administrateur par intérim.
Jean-Michel Cadroy en est directeur et Hubert Fleuret l'instructeur chef chargé des travaux.
En 1944, le directeur est un dénommé Pirel.
Nous n'avons aucun renseignement sur le nombre d'élèves, ni sur les programmes. Elle devient en 1944 l'école des cadres de l'Avant-garde de la Milice en zone nord.

Sources :
AD Oise, 33 W 8 252 - AD Oise, 39 W 8 760. COTILLON Jérôme, Jeunesse maréchaliste et collaborationniste dans la France de Vichy, in Matériaux pour l'histoire de notre temps n°74, avril-juin 2004. GARDET Mathias, Le réseau des Écoles de cadres de la jeunesse à l’épreuve de la ligne de démarcation (1940-1944). Coordonné par Françoise Tétard, Denise Barriolade, Valérie Brousselle.. [et al.]. Cadres de jeunesse et d’éducation populaire : 1918-1971, La Documentation française, 2010, 978-2-11-006173-7. hal-02965586. LARACHE Gilles, Un illustré sous l'occupation : Le Téméraire, in Revue d'Histoire moderne et contemporaine, 47-4, 2000, p.747-767.

Jacques Bousquet

Professeur de grammaire au lycée Voltaire, il lance le mouvement "Les Jeunes du Maréchal". A partir d'octobre 1941, il devient directeur de l'école des cadres de la Chapelle-en-Serval. Directeur de cabinet de Bonnard jusqu'en mai 1942 et responsable des problèmes relatifs à la jeunesse, puis inspecteur général de l’Éducation nationale en juin. Il est le fondateur du journal Le Téméraire.

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