Parachutage Bailleul-le-Soc_24-25_08_44

Un deuxième parachutage sur Bailleul-le-Soc (24-25 août 1944)

par Jean-Yves Bonnard, mis en ligne le 20 novembre 2024


Le 24 août 1944, vers 14h30, la BBC diffuse le message " Du bouledogue au sanglier : vous recevrez encore des amis ce soir. Le vent souffle les flambeaux. Nous disons : vous recevrez encore des amis ce soir. Le vent souffle les flambeaux."

Il annonce un nouveau parachutage pour la nuit suivante sur le terrain Moulin, à 2,1 Km au nord-ouest de Bailleul-le-Soc et 2,4 Km au nord de Fouilleuse, en lisière sud du bois d'Eraine.

Sous le commandement du colonel Fromonot alias Monturat et Dupont (chef départemental FFI) et du capitaine Georges Fleury (OCM), alias Carrière, les groupes de Cressonsacq (commandé par Doisy), de Fouilleuse (commandé par Blanchet), de Laneuvilleroy (commandé par Buquet) et Pronleroy (commandé par Violet) prennent position.

Le terrain Moulin est localisé au 49°26'N - 02° 34'E.

Sous un ciel plus clément

Contrairement à la veille, le temps est plus clément pour un parachutage de conteneurs et surtout de soldats.

L'attente est longue mais le Lancaster de l'opération Donald 15 trouve ses repères et larguent une dizaine de conteneurs d'armes. Suivent trois parachutistes, un Anglais, un Ecossais et un Français chargés d'assister les FFI locaux.



Alfred à pied d’œuvre

Il s'agit des trois hommes de la mission britannique Jedburgh Alfred composée d'un chef d'équipe, d'un adjoint et d'un opérateur radio.

- du capitaine Lewis Ritchie Mac Dougall alias Argyll,

- du lieutenant Jean-Marie Herenguel, alias Guy de Wavrant et Audedu ,

- et sergent Albert W. Key, alias Wampum.

Les conteneurs sont cachés dans une carrière proche. Les trois soldats sont, quant à eux, pris en charge par le fermier Jacques Bucquet qui les logent à son domicile à Laneuvilleroy. De là, ils envoient des messages à Londres et assureront la répartition des armes entre les groupes de résistants.

Le Cap Mac Dougall

Le LN Herenguel

Le Sgt Key

Le 26 août, Jean-Marie Herenguel rencontre le commandant Fromonot à Clermont. Les jours suivants, la team Alfred contacte Londres pour informer des besoins militaires des FFI et de l'évolution des forces allemandes (destruction de la base de Creil, préparation de la destruction des ponts, installation de champs de mines et d'obstacles antichars...). Alfred accompagne ainsi la libération de l'Oise et de la Somme notamment en libérant une trentaine de soldats américains prisonniers d'un groupe d'Allemands qu'ils mettent hors de combat.

L'équipe retourne à Londres le 27 septembre 1944 après avoir passé trois jours à Paris.


Sources

LUCCHESI Roland, De l'intérieur... vient la force, 1984.
TILLET Pierre, plan Sussex, en ligne, 2018.

Site European Center of Military History.

Jean-Marie Camille Herenguel
alias Guy de Wavrant


Né le 13 octobre 1916 à Béthunes (Pas-de-Calais), fils d'Henri Herenguel et de Flore Laurent, il est mobilisé le 10 septembre 1939. Sortit de l'école de Saint-Maixent en mai 1940, il intègre le régiment des tirailleurs marocains de Meknès. Fait prisonnier, il parvient à s'évader pour Boulogne-sur-Mer et rejoint un bataillon de chasseurs qui résiste aux assauts allemands durant dix jours. Fait de nouveau prisonnier, il parvient à s'évader et se rend au Maroc, à Meknès. A Port-Lyautey lors du débarquement américain de 1942, il intègre les forces françaises combattantes et participe à la Campagne de Tunisie. Il reçoit la croix de guerre et plusieurs citations. Transféré à Londres, formé comme parachutiste, il est envoyé dans l'Oise lors de la mission jedburgh Alfred.

Volontaire pour l'Extrême-Orient en novembre 1944, il est parachuté au Laos le 4 juin 1945 avec Henri Pénin (alias Henri Puget) et Jean Sassi (alias Nicole) dans le cadre de la mission Vega des Calcaires. Trahi, son détachement est attaqué par les Japonais. Après 48 heures de combat, les soldats français battent en retraite, mouvement durant lequel il est tué d'une balle de mitraillette le 8 septembre 1945 à Napé (province de Khammouan).

Son nom figure sur le monument aux morts d'Haillicourt (Pas-de-Calais).


Sources

BERGOT Erwan, Commando de choc en Indochine, 1979.
Nord-Matin du 2 novembre 1945.

Le commandant Fromonot, au centre,

avec le Cap Mac Dougall et le LN Herenguel.

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