Parachutage Crisolles-Rimbercourt

Le parachutage de Crisolles - Rimbercourt

par Jean-Pierre Besse, mise à jour de Jean-Yves Bonnard le 18 novembre 2024


Ce parachutage est organisé sur le terrain "Radis" situé près de Rimbercourt, hameau de Crisolles.


Retardée par le mauvais temps

Le Jour J, les équipes noyonnaises sont mobilisées, plus particulièrement les groupes de Crisolles et  de Tarlefesse sous la conduite de Roland Delnef, de Louis Brunet et de Marcel Fourrier, avec l'agent de liaison René, Janssen, Haye, Hénot, Hédin père et Picornell. André Poirmeur indique la présence du responsable Dommangé.

La cargaison est réunie et transportée à Salency par les Brézillon père et fils. Le matériel est ensuite caché dans les caves du château.

Annonçée par le message "La solitude pesait à mon père", pour la nuit du 17 au 18 juin 1943, cette opération doit permetrre le largage de 17 conteneurs chargés de 24 mitraillettes Sten, 26 revolvers, 7500 cartouches, 159 grenades mills, deux cellules de sabotage, treize cellules de pharmacie de trois postes radio destinés au BOA central.

Ce parachutage est cependant repoussé de 24 heures en raison de mauvaises conditions climatiques.


Une sombre affaire
Dans son ouvrage
Compiègne 1939- 1945, André Poirmeur relate une "pénible histoire" consécutive à ce parachutage :

"Dans le premier parachutage, outre armes et munitions, il y a des produits sanitaires, des ampoules de Dagenau, introuvables en France, et une grosse somme d'argent, un kilo de chocolat et 94 boîtes de 50 cigarettes anglaises qui disparaissent par enchantement. Ce fut le début de cette pénible histoire.

L'industriel Brunet, ancien commandant d'active, qui considérait que son groupe était un des mieux organisés de son réseau, s'en vint à Compiègne en septembre 1943 dans le dessein d'établir la liaison avec les groupes de résistance. C'est ainsi qu'il prend contact avec celui de Mme Louis et avec plusieurs résistants de Compiègne et de Ribécourt dont l'ingénieur des Ponts-et-Chaussées Bouquerel et Karoubi.

Pourtant, des scènes violentes éclatent dans le groupe de Brunet, provoquées par les bavardages et lla vantardise de certains membres. l'un d'eux, écœuré, menace de passer aux FTP, provoquant la colère de deux autres partenaires qui veulent l'abattre; fort heureusement, un sursis lui est accordé.

Brunet, qui a reçu 2000 à 3000 fausses cartes d'identité, charge Fourrier de les distribuer aux intéressés. Ce dernier en fournira une vingtaine au FTP Foulon, coupé de son organisation pendant un certain temps par suite de l'arrestation des agents de liaison, et qui ne pouvait plus s'en procurer. La signature du sous-préfet d'alors était parfaitement imitée par un ancien employé des PTT. Ce dernier, arrêté porteur d'un revolver, à Creil fin 1943, révéla aux Allemands, au cours de son interrogatoire, la cachette de Salency. Il n'y avait plus que des parachutes et des produits pharmaceutiques, les armes et les munitions ayant été enlevées à temps par Brunet et Foulon.

La femme de l'industriel est arrêtée, incarcérée à Compiègne et libérée après quelques jours de détention au début de 1944, cependant que le malaise qui couvait au sein de l'organisation éclate en scandale, chacun jetant la suspicion sur chacun. Comme l'argent et les cigarettes, 200 litres d'alcool disparaissent sans qu'il soit vraiment possible de déceler les auteurs du vol et c'est dans cette atmosphère que Brunet abandonne toute activité. il y a des trahisons, les calomnies se poursuivent, un résistant se suicide, des traitres son exécutés (...)".


Sources

AN, 171 W 65 - AN, 171 Mi 77 - AN, 171 Mi 78.

HALLADE Jean, La Résistance était au rendez-vous, 1970, p.114.
NAUDIN André,
Histoire du maquis du Noyonnais et de la commune de Crisolles, Compiègne, 1997, 143p.

POIRMEUR André, Compiègne 1939-1945, 1968, p.22-24.

Roland Delnef

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