parachutage d'Haudivillers

Le parachutage d'Haudivillers 24-25 juin 1944

par Jean-Pierre Besse

 

Le rapport de "Ludovic" et les archives du SOE concordent pour la date de ce parachutage. D'autres dates ont été avancées (le 21-22 ou le 26). Elles reposent sur des témoignages oraux. Une nouvelle fois, on retrouve là encore les problèmes de datation, déjà rencontrés pour d'autres opérations de ce type.

Le parachutage d'Haudivillers reste l'un des plus importants jamais réalisés, dans le département. On parle de trois tonnes d'armes et de près de quatre-vingt personnes mises en oeuvre. Il semble que ce dernier chiffre prenne en compte les personnes ayant aidé au transport, sans avoir été présentes sur place.

"Ludovic" écrit : "Réception du 24 juin. A 13h30, nous entendons le message. Il indique que nous avions à préparer une réception sur "Faïence" pour la nuit à venir. J'envoyai immédiatement un éclaireur au terrain, pour voir si tout était en ordre. Il revint avec des nouvelles alarmantes : les gens avaient été perturbés par des "choses mystérieuses" qui s'étaient passées dans leur champ de blé une semaine plus tôt. Il dit que des sentinelles allemandes avaient été vues sur notre terrain. Vérité ou non, je ne sais (...) Je décidai donc que la réception ne pourrait se faire sur "Faïence" mais qu'elle devait avoir lieu. Aussi, je pris mon vélo et commençai à courir la campagne pour trouver un autre terrain de parachutage aussi près que possible. Je le trouvai à environ 12 km au sud-est de "Faïence". Il prit le nom de "Poterie".

Je calculai qu'avec mon eureka et mon S phone, je pourrai diriger l'avion vers le nouveau terrain.

Une autre de mes initiatives avait été de décider qu'il n'y aurait pas de feux de bois sur le terrain parce que c'était trop dangereux. Depuis que la RF avait trouvé nos lumières normales inadéquates, j'avais démonté quatre phares d'autos et remplacé les ampoules blanches par des jaunes, ce qui en raccourcissait la portée ; chaque phare était équipé de sa propre batterie de six volts ; le phare utilisé pour transmettre la lettre d'identification était équipé d'une clé. Si les avions avaient utilisé l'eureka, la réception aurait été quelque chose de simple, mais tel ne fut pas le cas, ou alors, c'était mon poste qui ne marchait pas (...)

J'entendis le premier avion tout à fait bien, mais il ne m'entendit pas, excepté une fois et pour un très court moment pendant lequel je tentai d'expliquer au pilote que nous étions à 12 km au sud-est de notre point. Il a compris sud-ouest et disparut. Le second appareil vint plus près et un bon contact fut établi (...) Je dirigeai l'appareil vers les lumières. La réception fut parfaite".


Selon les archives du SOE, ce parachutage comprend quinze containers, sept packages et 100 000 francs.

 

Sources

AN, 171 Mi 95 - AD Oise, 41 J, fonds Xavier Leprêtre, archives de l'OSS - Témoignages de résistants.

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