Le parachutage à Fouilleuse du 5 au 6 juillet 1944 sur le terrain "Talon"
par Jean-Pierre Besse
Le terrain "Talon" se trouve au centre d'un rectangle compris entre Fouilleuse, Bailleul-le-Soc, Maimbeville et Epineuse. Homologué en septembre 1943, il est le théâtre d'un premier parachutage dans la nuit du 6 au 7 juin 1944. Un second parachutage s'y déroule dans la nuit du 5 au 6 juillet.
L'OCM de Clermont à la réception
Le message de Londres qui l'annonce le parachutage est "Il faut tuer les malfaisants, cinq malfaisants viendront vous visiter ce soir".
Il est réceptionné par les hommes de l'OCM appartenant aux FFI de Clermont, notamment Alain Fleury, Jean Corroyer et Roger Folliot.
L'opération est troublée d'abord par l'arrivée bruyante de Robert Frotté alias Breton, responsable national des opérations aériennes, et d'un autre personnage, puis par la manière brutale dont "Breton" impose le maintien du parachutage.
Alain Fleury
Jean Corroyer
Roger Folliot
Un parachutage bien fourni
Cette nuit là, le Donald 6 du RAF 161 Sqn, piloté par F/L Cladwell, parachute cinq hommes (les "cinq malfaisants") :
- quatre d'entre-eux relevant de Brissex sont des agents de renseignement du plan Sussex sous commandement britannique SIS (MI6). Le premier binôme devant agir sur le secteur de Soissons est formé du capitaine Georges Emile Muller, alias Gaston Marchand (badge n°54), chef de la mission Murat, et de Théodore Refranche, alias Raymond Thenet (badge N°53). Le second binôme, qui doit agir sur le secteur de Beauvais, est formé de Daniel Livingstone, alias Philippe (badge n°55) et de Jean Burtey, alias d'Arzac (badge n°56).
- Le dernier est un Américain de l'OSS, Henry de Geynst, officier radio de la Sabena (Société anonyme belge d'exploitation de la navigation aérienne), alias Aquitain et Assiette. Il est le radio de Maxime Malfettes, alias Tartufe.
Sont aussi parachutés deux postes émetteurs récepteurs, dix-sept containers avec des armes, des explosifs, des vêtements, des munitions et du petit matériel de campagne. Une partie du matériel est transportée le lendemain à la ferme de Daniel Blanchet à Fouilleuse, l'autre prend le chemin de la ferme Maertens à Rémécourt.
Georges Muller
Les suites
Le 12 juillet, vers 18h30, un camion et plusieurs véhicules s'arrêtent devant la ferme Blanchet à Fouilleuse.
Dix-sept hommes armés de mitraillettes et de pistolets en descendent. Ils s'emparent des armes cachées sous un tas de foin, menacent Madame Blanchet et sa belle-fille puis se dirigent vers la ferme d'Ernest Blanchet qu'ils pillent. Enfin, ils se rendent à Saint-Aubin-sous-Erquery, à la ferme de Villette, où ils s'emparent des armes du parachutage du 2 juillet.
Aucune arrestation n'a été opérée, seul le stock d'armes est saisi. A la tête du commando, "Breton", qui a été arrêté le 7 juillet par les Allemands, puis relâché. "Breton" est exécuté le 5 août 1944 par des résistants de Creil.
Ses comparses sont condamnés par la cour de justice de la Seine à diverses peines de travaux forcés. L'un est condamné à mort.
En ce qui concerne les hommes parachutés, le capitaine Georges Muller est tué le 31 août 1944 au Bois des Cassis à Vic-sur-Aisne (Aisne) dans une embuscade allemande.
Sources :
AN, 171 Mi 182.
JUNET-MULLER Hervé.
PICHARD Michel, L'espoir des ténèbres, parachutages sous l'Occupation, Vesoul, Erti, 1990, 358 (plus annexes et photographies).
LUCCHESI Roland,
De l'intérieur vient la force, cahiers de la Résistance et de l'histoire locale dans le Clermontois (1940-1944), Fitz-James, auteur, 1984, 104p.
TILLET Pierre,
Historique des infiltrations en France durant la Seconde Guerre mondiale, PDF en ligne, 2018.