par Jean-Pierre Besse, notice créée le 20 juin 2003
"Nous sommes arrivés à notre point d'atterrissage, environ 7 miles au sud de Nangis et 25 miles de Paris, le 11 avril à 02h30 GMT (...)
"Hugo" me conduisit à la maison de deux très braves types de ses amis (...) Tous deux vivaient à Paris et gagnaient leur vie en exploitant un magasin d'antiquités (...) Mon dessin, en rencontrant ces gens, était d'obtenir toute sorte de contacts sérieux, à la fois à Beauvais et à Creil. On doit se souvenir à cet égard que, avant notre départ de Londres, on ne nous avait donné aucun contact dans la région où nous avions à accomplir notre mission (...) Je décidai de charger "Hugo" de couvrir un certain nombre des mes objectifs dans la région de Creil ; "Hugo" avait à organiser la région de Creil du circuit, et moi la zone Beauvais, Gisors, Pontoise (...)".
"Ludovic" condamne ici l'esprit d'indépendance dont fit preuve selon lui, "Hugo", pendant toute la mission, alors que en théorie, ce dernier devait lui être subordonné (note de Jean-Pierre Besse).
"Le 18 avril, je décidai d'aller à Beauvais (...) échec. D'un autre côté, "Adam" m'avait présenté deux de ses amis qui m'avaient fait bonne impression. C'étaient X et Y (...)" (les noms ont été occultés sur la photocopie envoyée par Washington, note de Jean-Pierre Besse).
"Je les recrutai tous les deux, et il fut décidé que X serait mon assistant et que Z servirait d'agent de liaison entre nous.
Le 24 avril, je quittai Paris, par le train, pour Beauvais. Malheureusement, le train s'arrêta à Chantilly et nous fûmes informés que Creil avait été bombardé et que le train n'irait pas plus loin (...) C'est à Clermont que je recrutai la première personne (...) Un homme que je recrutai aussi (...) me recommanda alors, à un de ses amis de Voisinlieu. J'avais donc trouvé un contact à Beauvais (...) Sa maison fut mon quartier général pendant tout mon séjour (...).
Aucun des chefs FFI n'accepta de me voir. Je ne reçus aucune aide d'eux. Je sais que ce n'était pas la règle générale et je considère que c'était un exemple du peu d'autorité du chef FFI, dans l'Oise. Plus tard, j'entrepris des négociations avec le chef des FTP qui accepta de me rencontrer. Malheureusement, il n'en sortit aucun accord, les FTP refusant de recevoir des instructions de nous. J'ai donc été obligé de bâtir ma propre organisation (...) En écoutant les conversations de Barbier et de ses visiteurs, je recrutai les personnes suivantes : A à Voisinlieu, B à Haudivillers, C et D à Beauvais (...) Mon intention était de trouver au moins deux refuges sûrs, dans la région d'Haudivillers, et une autre maison pour "René" (...) Un réfractaire me trouva une maison au sud de Beauvais qui devint ma maison jusqu'à mon départ de France (...).
Je dois dire que X fit là, un bon travail. Peu après son départ, il avait obtenu les résultats suivants : les deux terrains "Porcelaine" et "Faïence" étaient trouvés. Il y avait une maison sûre à Lafraye pour "Adam" et une autre à Montreuil (...) ; lui-même avait son propre refuge à Haudivillers. Trente hommes étaient prêts pour la réception à n'importe quel moment. Nous avions un dépôt dans la cour d'une ferme ; nous avions une petite camionnette pour nos transports.
Le 30 mai, "Adam" arriva à Haudivillers. Nous reçûmes de Londres un message indiquant que mes deux terrains avaient été refusés, mais on nous suggérait d'examiner les terrains situés respectivement à 5 kms au nord et à 5 km à l'est de "Faïence" et "Porcelaine (...).
Le 8 juin, nous entendîmes le message pour "Porcelaine" à la BBC. Nous avons passé la nuit sur le terrain, mais sans résultat. Le 9 juin , nous entendîmes le message pour "Faïence". Nous passâmes toute la nuit sur le terrain, de nouveau sans résultat.
René s'en alla le 13 juin et ne revint pas ; il avait été tué le 14 juin (...) La totalité du chargement d'armes et d'explosifs fut perdue.
Le 15 juin, nous avons reçu la première réception sur "Faïence" (...).
Les meilleurs résultats furent obtenus par X, à Bresles. Un train de marchandises, chargé de tanks légers ennemis, déraille sur la ligne Beauvais-Clermont, dans la nuit du 18 juin. Les charges avaient été placées près du petit village de La Rue-Saint-Pierre ; le trafic fut interrompu pendant trois jours (...).
Le 24 juin, message de réception sur "Faïence" (...).
Entre le 1er et le 5 juillet, au cours d'une réunion avec le chef des FTP de l'Oise, je découvris que ses intentions n'étaient pas en accord avec ma mission. Les FTP attendaient de nous, la fourniture d'armes et de munitions. En retour, ils nous aidaient à attaquer rails et téléphones, et aussi à se préparer à l'attaque des routes. Mais ils voulaient garder leur autonomie militaire absolue et ils n'étaient pas préparés à recevoir des ordres de moi. Aussi, je rompis avec eux, en informai "Hugo" et lui demandai de faire de même (...).
Vers la fin de juillet, j'avais réellement un bon circuit sous mon contrôle (environ 500 hommes) (...)".
Sources
Arch. Départ. Oise, 41 J, fonds Xavier Leprêtre, archives de l'OSS.
liens
Office of Strategic Services (OSS)
Extraits du rapport de Raphaël L. Beugnon