Répression contre communiste

La répression anti-communiste

par Jean-Pierre Besse


Dès 1940, les autorités d'Occupation arrêtent les militants communistes qui sont aussi confrontés à l'hostilité du gouvernement de Vichy. L'entrée en guerre de l'Union soviétique, en juin 1941, accentue le processus. On assiste même à une véritable concurrence entre Vichy et les Allemands, durant l'été 1941.  Par la suite, la répression contre les communistes devient, de fait, la répression contre les résistants. Pour les Allemands, d'ailleurs, il n'existe pas de différence entre communistes, gaullistes, anglophiles, dissidents ou terroristes pour qualifier les résistants.


La répression contre les fonctionnaires communistes 

Dès l'automne 1940, poursuivant en cela la politique menée par les derniers gouvernements de la IIIe République, le gouvernement de Vichy prend un certain nombre de mesures à l'encontre des fonctionnaires communistes ou supposés tels.  Cela va de la mutation au licenciement pur et simple pour les auxiliaires, en passant par la mise en retraite d'office.

Les premiers touchés sont les instituteurs. Maurice Dommanget, Pierre Vaquez et Carlier, qui ont quitté depuis longtemps le Parti communiste mais demeurent des militants syndicalistes de premier plan, sont d'abord relevés en novembre 1940, puis admis à faire valoir leurs droits à la retraite à partir de mars 1941. Ils partagent cette sanction avec leur collègue, communiste, Edmond Léveillé. Berthe Fouchère, dirigeante de la tendance de gauche de la SFIO, est, elle, mutée. Jeanne Léveillé est, pour sa part, révoquée ainsi que Félix Catoire, instituteur à Longueil-Sainte-Marie, pour avoir "manifesté ses opinons pacifistes".

Le 17 juillet 1941, Victor Langlois, facteur auxiliaire à Mareuil-sur-Ourcq et Georges Bled, ouvrier auxiliaire sur les lignes des PPT sont licenciés. Alexis Rapinel, facteur receveur à Bailleul-sur-Thérain et Emile Roussel, receveur à Montataire, sont mutés dans un autre département. Frédéric Tison de Tracy-le-Mont et François Crouzet de Sérifontaine, facteurs, sont relevés. Sylvain Allais, facteur auxiliaire à La Houssoye, n'est "plus réutilisé". Devenu négociant en bois, il participe par la suite à la Résistance au sein de réseau Prosper. René Cance, instituteur communiste, futur maire du Havre, qui avait été muté en novembre 1940 à Evricourt, est révoqué. En novembre 1941, c'est Raoul Gambier, l'un des dirigeants les plus importants du parti avant 1940, qui est révoqué de la SNCF. Trois agents des contributions indirectes, Olivier Alle de Compiègne, Olivier Dufossé et Faustin Merle de Saint-Leu-d'Esserent, sont aussi frappés par des mutations.

D'autres mises à la retraire d'office sont prononcées mais elles frappent des fonctionnaires âgés, en particulier à l'hôpital psychiatrique de Clermont, déclarés inaptes au travail. Ces mesures ne sanctionnent pas un engagement politique.


Les militants communistes désignés comme otages potentiels

Une lettre du commissaire spécial au préfet de l'Oise en date du 18 janvier 1941 liste les militants communistes désignés comme otages potentiels.

"Le Kreiskommandant de Senlis a demandé de lui transmettre une liste de quinze individus, choisis parmi les communistes les plus militants de la région creilloise, destinés, le cas échéant, à être pris en qualité d'otages.

En accord avec le commissaire de police de Creil, les noms suivants ont été fournis :

  • Bataillard Marcel, déjà interné
  • Crauet Pierre
  • Gourdon André
  • Leduc André
  • Rance Valentin
  • Ridoux Robert, en fuite
  • Wattelier Emile, déjà interné
  • Roedsens André
  • Forget François, déjà interné
  • Gourdin André, déjà interné
  • Deneux Marcel
  • Rocheix Antoine
  • Lesieur Robert
  • Defoor Cyrille, déjà interné
  • Gesseaume Jacques, déjà interné
  • Quenardel Marc, déjà interné".

Sur ces seize militants, sept sont morts en déportation. Marcel Deneux devient membre de l'état-major national des FTP.

Ne figure pas dans cette liste les militants communistes qui sont par la suite exécutés comme otages au Mont Valérien ou à Amiens (Henri Ayrald, Duchemin, Henri Laroche)

 

Sources :

AD Oise, 33 W 8253 1.

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