Les premiers pas de la Résistance dans l’Oise
par Françoise Rosenzweig-Leclère
L'armistice, signé à Compiègne le 21 juin, entre en vigueur le 25 juin 1940 à minuit. Dans l'effondrement général, il apporte à une grande partie de la population un sentiment de soulagement. Pourtant la tournure des évènements suscite également des réactions plus ou moins vives de refus.
Les réactions de refus
Des graffiti, des inscriptions, des papillons (tracts) hostiles à l'occupant apparaissent sur les murs. Le 10 juillet, Jean Biondi, député-maire de Creil, refuse avec 79 autres élus, d'accorder les pleins pouvoirs constituants au Maréchal Pétain.
Des filières d'évasion se mettent en place et se chargent de fournir un refuge à des prisonniers évadés ou de permettre à des militaires anglais de rejoindre leur pays.
Certains s'en prennent directement à l'occupant: le 19 octobre 1940, trois militaires allemands sont attaqués à Creil par des militants communistes. L'un d'eux, Joseph Marcellin, condamné à mort par le tribunal militaire allemand, se suicide en prison à Beauvais. Le 26 octobre, Richard Hénault, bûcheron à Saint-Germain-la-Poterie, est fusillé à Beauvais. Il était accusé d'avoir égorgé un soldat allemand. Le 1er novembre, Victor Wallard, de Saint-Crépin-Ibouvillers est fusillé pour avoir possédé des armes et commis des actes de violence à l'encontre de l'armée allemande.
Plus discrètement, malgré l'interdiction formelle des autorités allemandes, des habitants de l'Oise ramassent et dissimulent les nombreuses armes abandonnées au cours des combats de mai-juin 1940 comme c’est le cas dans le Noyonnais avec Marcel Fourrier et André Dumontois.
Des sabotages se produisent sur les lignes téléphoniques utilisées par l'armée allemande (la ligne Paris-Berlin traverse le département) : le 1er septembre sur la commune du Vauroux, le 27 octobre près de Beauvais, le 19 novembre dans la forêt d'Halatte, le 6 décembre entre Le Meux et Armancourt.
Les communes proches de ces sabotages doivent payer de lourdes amendes aux autorités d'occupation, notamment Creil.
Des embryons d’organisation
Dans l'armée de l'air, des solidarités se renforcent, niant la défaite, en vue de futurs combats.
Ailleurs, de petits groupes se constituent. Fin octobre 1940, le curé de Gournay-sur-Aronde, François-Marie Le Pévedic, fonde un groupe de résistance à Hémévillers. Un autre groupe se forme à Crépy-en-Valois autour de Gabriel Bellard. Un troisième groupe naît à Creil autour de professeurs à l'Ecole Normale Professionnelle et déjà engagés dans des réseaux de renseignements : Marcel Sailly et Roland Delnef.
Dans l'Oise, fin 1940, il existe bien des manifestations de refus de la défaite. Cette résistance est cependant diffuse, isolée et très peu organisée. Elle est dirigée contre l'occupant, met encore peu en cause le régime de Vichy, mais représente l’amorce d’un processus qui s’amplifiera.