SACKSTEDER Charles alias Raymond et Saxe
Résistant FTP Détachement Grand-Ferré
par Régis Moreau
Charles Paul Marie Sacksteder est né à Metz (Moselle) le 25 novembre 1910 d’un père menuisier et d’une mère sans profession. Après des études secondaires menées au collège de Hachy en Belgique, il intègre l’École des Arts et Métiers d’Erquelines (Belgique). Né allemand suite à l’annexion de l’Alsace-Moselle, il parle et écrit couramment la langue de Goethe. Il débute sa carrière comme dessinateur des travaux de bâtiment à la Direction des Travaux de fortification de Metz-Est entre octobre 1930 et juillet 1936. Il effectue son service militaire au 33e puis au 38e régiment d’aviation en 1931-32 puis épouse Marguerite Mann avec qui il a un enfant, né en 1934. À partir d’août 1936, Charles Sacksteder devient ingénieur des travaux des Manufactures de l’État (la SEITA) et obtient par la même occasion le grade de caporal puis de sergent de réserve dans l’aviation en 1937.
Le 27 août 1939, il est mobilisé puis incorporé au Bataillon de l’Air 117 à Paris en janvier 1940. Détaché au Ministère de l’Armement, il est affecté au Service des Poudres en qualité de chef de division à la construction de la Poudrerie de Sainte-Livrade (Lot-et-Garonne) jusqu’à sa démobilisation le 29 juillet 1940. Il rejoint Paris au mois d’août.
Charles Sacksteder est convoqué en qualité d’Alsacien-Lorrain à l’Office central de ré-immigration allemand (Einwandererzeutralstelle) avenue Victor Hugo dans le XVIe arrondissement. Il refuse l’offre de nationalité allemande qui lui est faite en juillet 1941.
Redevenu ingénieur, il est désormais employé par la Manufacture d’allumettes de Saintines dans l’Oise où il entre en contact avec le Front national par l’intermédiaire d’Edmond Léveillé qui le nomme aussitôt responsable du secteur Saint-Sauveur-Béthisy-Saintines-Néry. Il prend le pseudonyme de « Raymond ».
Alors que le directeur de la Manufacture est un trafiquant notoire dans la région, Charles Sacksteder commence par fournir et confectionner de fausses pièces d’identité et de faux certificats de travail, rédige, transporte et distribue des tracts et des journaux clandestins. Puis il apporte une aide de plus en plus précieuse aux réfractaires et clandestins auxquels il fournit également hébergement et moyens de subsistance grâce aux relations qu’il entretient localement dans les milieux ouvriers. Par la suite, il organise le 1er groupe FTPF « Grand Ferré » au sud de la forêt de Compiègne et à partir de 1943, participe à des sabotages de voies ferrées et de lignes téléphoniques.
En mai 1944, le chef départemental des FTPF, le commandant Legrand (Édouard) le nomme commandant de la 14e compagnie FTPF « Grand Ferré » avec le grade de capitaine. Il réunit sous son autorité un effectif s’élevant à alors à 135 hommes. En juillet, il participe à l’acheminement de dix évadés du camp de Royallieu vers Paris.
Le 29 août 1944, alors que les Américains sont près de Senlis, le commandant Sacksteder est arrêté sur la route de Compiègne par les Allemands à 9 heures du matin alors qu’il se rend à une réunion de l’état-major FFI. Il parvient à fausser compagnie à ses gardiens en compagnie de deux autres compagnons lors d’un transfert vers Compiègne lors de la traversée de La Croix-Saint-Ouen. Il retrouve alors une compagnie qu’il avait posté sur la crète dominant le route de Béthisy à Saint-Sauveur pour harceler l’ennemi. Le 31 août, à la tête de sa compagnie, il tient tête à 200 SS en attendant l’arrivée des Américains. Il s’engage ensuite, pour la durée de la guerre, à Beauvais pour rejoindre les troupes françaises avec l’idée d’aller occuper l’Allemagne. Après le conflit, il s’installe à Versailles.
Source :
SHD 16 P 259427.