Salaires

Les salaires
par Françoise Leclère-Rosenzweig

Tenter de saisir l’évolution des salaires sous l’Occupation est une tâche assez difficile. Si le gouvernement de Vichy s’en tient à une politique simple : le blocage des salaires pour ne pas encourager l’inflation, celle de l’occupant est assez contradictoire en la matière. Le gel des salaires est d’abord décrété en novembre 1939 par la IIIe République et confirmé par le ministre des Finances du gouvernement de Vichy, Yves Bouthillier.
Selon les rapports de préfet, en 1939, le salaire moyen dans l’Oise est de 1500 F par mois.
En 1941 les salaires urbains (nominaux) tombent à 1200 F et les salaires ruraux à 1050 F par mois.
En 1942, le salaire masculin minimum est de 1000 F et celui des femmes de 800 F.
En juillet 1943, le gouvernement de Vichy autorise une hausse de 12 à 15 % des rémunérations et, en francs courants, le salaire moyen départemental est désormais de 1600 F en milieu rural et 1800 F en milieu urbain.
Or, en mars 1944, les salaires moyens départementaux ont à nouveau baissé : 1650 F en ville et 1450 F à la campagne (par mois).
Pendant toute la durée de l’Occupation, la politique constante des autorités allemandes a consisté à refuser toute augmentation de salaires dans les entreprises françaises. En revanche, ces mêmes autorités offraient des salaires doubles, triples et parfois quadruples (assortis d’avantages divers) aux travailleurs français embauchés dans les firmes qu’ils contrôlaient et ce afin d’attirer à leur profit le maximum de main-d’œuvre.
En francs courants, dans l’Oise, les salaires en 1944 sont au même niveau qu’en 1940, mais cette stabilité apparente cache en fait une détérioration entre 1940 et 1943 à peine corrigée après cette date. En francs constants, compte tenu d’une inflation qui s’élève à 214 % en 1944 par rapport à 1940, les salaires ont très nettement baissé et le pouvoir d’achat des salariés s’est considérablement dégradé, résultat à la fois de la compression des salaires et de l’envolée des prix.

Sources :

Rosenzweig-Leclère Françoise, L'Oise allemande (25 juin 1940- 2 septembre 1944), impact économique et social sur le département, Thèse de doctorat, Thèse de doctorat, Université Paris 8, 2002, 374p.

Liens :
  • Le rationnement
  • Le marché noir
  • Le marché du travail
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