Vols-Tickets-Rationnement

Les vols des tickets d'alimentation

par Jean-Pierre Besse, notice créée le 20 juin 2003

 

Des actions revendiquées

Au même titre que tous les autres vols (nourriture, vêtements, tabac), le vol des tickets de rationnement ne peut pas être systématiquement considéré comme une action de Résistance. Il n'est pas toujours facile de faire la part du fait de Résistance des simples faits divers, voire de véritables actions de banditisme.

Mais, à la différence des autres vols, les résistants revendiquent tous les attaques de mairie pour s'emparer des tickets de rationnement. Généralement stockés à la mairie ou dans d'autres lieux comme les écoles, les titres de rationnement, qui donnent droit au pain, à la viande, aux matières grasses ou encore à des articles textiles, sont convoités par les résistants. Ils se les procurent lors de cambriolages nocturnes ou d'attaques musclées en plein jour. Certains faits révèlent aussi la complicité qui peut unir les secrétaires de mairie, souvent l'instituteur ou l'institutrice, et les acteurs de l'attaque.

L'attaque répétée des mairies d'Angicourt, où l'instituteur est responsable du Front national (FN), ou de Bacouël dont l'instituteur-secrétaire de mairie, Maréchal, est déporté, semblent en apporter la preuve.

La première action de ce type se déroule le 26 juin 1942 à la mairie de Nogent-sur-Oise, elle est réalisée par Marcel Deneux et une équipe venue de Paris. La seconde se déroule le 30 juin suivant aux Ageux.


Les cibles : les mairies, les facteurs

La prise de tickets entraîne parfois l'arrestation de résistants, le plus souvent après la réalisation de l'action sur le chemin du retour. C'est le cas à Mogneville dans la nuit du 27 au 28 septembre 1943, ou encore à La Neuvilleroy le 23 février 1944. Le 26 septembre 1943, c'est le maire d'Ons-en-Bray, Georges Palin, qui est tué alors qu'il refuse de remettre les tickets d'alimentation. Deux personnes sont jugées par défaut quelque temps après par la section spéciale. Rien ne permet de savoir s'il s'agit d'un acte de Résistance ou d'un acte de banditisme.

Entre mars et juin 1944, une autre technique est utilisée, elle consiste à s'attaquer aux facteurs qui livrent les tickets aux mairies des communes. La première opération de ce type est mentionnée le 24 mars sur la route d'Angicourt, la seconde dans la région de Saint-Just-en-Chaussée en avril. Deux attaques en mai, quatre en juin, puis plus rien par la suite (du moins dans les rapports).

L'attaque des mairies pour s'emparer des tickets de rationnement est parfois l'occasion de s'emparer aussi des tampons de la commune et de la griffe du maire, ce qui est très utile pour la fabrication des fausses cartes d'identité.

 

Sources

Arch. Départ. Oise, 33 W 8 249 - Arch. Départ.  Oise, 33 W 8 250

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