L'Organisation spéciale Creil-Compiègne (1942)
Par Jean-Pierre Besse
Deux jours après l’attentat de Sarron et l’arrestation de Jacques Bourgeois, le 15 août 1942, deux gendarmes de la Feldgendarmerie de Creil arrêtent, chez Monsieur Verlest à Senlis, un ouvrier requis, Claude Leroy. Né à Compiègne le 24 mai 1924, margeur, ce dernier est remis aux autorités françaises.
Selon un rapport, Claude Leroy est l’un des responsables des Jeunesses communistes dans l’Oise, il est « au-dessus de Georgelin et au-dessous de Genest ». Cela semble en contradiction avec un autre rapport qui donne comme triangle de direction des Jeunesses communistes : Georgelin (responsable politique), Maurice Toubance (responsable du travail), Marcel
Letort (responsable à la propagande) : information confirmée par le témoignage oral de Marcel Letort.
A partir du 4 septembre 1942, les arrestations se multiplient dans toute la vallée de l’Oise, entre Creil et Compiègne.
Un rapport parle de 26 individus déférés au parquet fin septembre, un autre de 29 arrestations dont le chef du secteur A (Leroy) et du secteur B (Roger) de l’Oise ; le responsable régional de l’OS dans l’Oise serait en fuite, ce qui confirme le rôle de Georgelin.
Nous avons dénombré au total 44 arrestations : 2 en août, 30 en septembre, 4 en octobre et 8 à une date inconnue (septembre ou octobre). Parmi ces arrestations, celles de deux employés SNCF originaires de l’Eure-et-Loir, mais ces arrestations semblent liées à une autre affaire (celle de la valise de tracts de la gare de Montataire en juillet) et tout laisse penser qu’il s’agit là de responsables interrégionaux.
Sur les 42 Oisiens, il y a deux femmes. Tous sont des ouvriers métallurgistes ou des ouvriers de chez Kuhlmann à Villers-Saint-Paul sauf trois (un ouvrier agricole, un bûcheron et un marchand forain).
La jeunesse de ces résistants est confirmée : 42,5% ont mois de 22 ans et 70 % ont moins de 30 ans. La présence de militants plus âgés prouve qu’il ne s’agit pas uniquement des Jeunesses communistes.
Trente-neuf sont déférés en janvier, mars et juillet 1943, devant la section spéciale de la cour d’appel d’Amiens.
Un a été déporté dès novembre 1942 (Roger Visse), un s’est évadé de Compiègne (Marius Dutriaux), un seul n’est pas traduit en justice. Les peines prononcées vont des travaux forcés à perpétuité à un an de prison sans compter les peines d’amende. Un seul est relaxé (Marcel Landry).
Seize sont transférés à la centrale d’Eysses, en décembre 1943, avant d’être déportés à Dachau, sauf Jacques Chevallier trop malade pour être transporté. Cinq sont libérés lors de l’opération Jéricho, en février 1944, sur la prison d’Amiens, neuf sont déportés dans un autre camp de déportation que Dachau. Maurice Toubance est interné à Melun, puis à la Santé d’où il est libéré par l’insurrection parisienne. Nous ne connaissons pas le parcours de cinq d’entre eux.
L’âge de ces résistants explique sans doute leur survie, neuf sont morts dans les camps (le tiers de ceux qui furent déportés).
Sources
:
AD Oise, 33 W 8 351 - AD Oise, 33 W 8 353 bis - AD Oise, 33 W 8 354 - AD Oise, 1232 W 306.