Chronologie répression contre Résistance

Chronologie de la répression contre la Résistance
par Jean-Pierre Besse et Jean-Yves Bonnard, notice créée le 20 juin 2003, mise à jour en juin 2012

Durant la Seconde Guerre mondiale, le département de l’Oise subit de nombreuses mesures répressives menées par l’occupant allemand souvent en étroite collaboration avec les autorités françaises. Il ne s'agit pas ici de dresser la liste complète des personnes arrêtées pour faits de Résistance, mais de rappeler les principales opérations de répression menées par les autorités vichystes et allemandes contre la Résistance et qui ont conduit au démantèlement de groupes de Résistance. Les arrestations individuelles et celles frappant peu de monde n'ont pas été retenues.

La répression durant l'occupation
Dès 1940, des mesures de répressions affectent des opposants politiques (en particulier les communistes) tandis que les premières persécutions sont menées contre les juifs. L’affirmation progressive de la Résistance au sein de réseaux et de mouvements donne corps à un nouvel ennemi aux yeux de l’occupant et au régime en place. Ce dernier multiplie les mesures de répression contre cette force agissant dans la clandestinité dont la montée en puissance est visible par sa propagande et ses actions armées (attentats, sabotages, parachutages…).
En octobre 1941, la police française arrête, à Noyon et dans la région, l'un des premiers groupes de Résistance communiste, organisé autour d'André Dumontois. Entre le 12 et 16 décembre 1941, la police française met fin aux activités d'un groupe de cheminots de Creil, membres du Secours populaire.
En mars 1942, les autorités allemandes démantèlent le Bataillon de France à Compiègne. En mars-avril 1943, la police française met fin aux activités du groupe des Jeunesses communistes de Crépy-en-Valois, dirigé par Gabriel Bellard.
On constate que, pour détruire les réseaux, les autorités d'Occupation agissent souvent en deux temps. Elles arrêtent d'abord le noyau central puis, plus tardivement, les ramifications. Ainsi, en juin 1943, les Allemands arrêtent les membres du réseau Prosper, dont les derniers éléments sont pris en août.
En juillet 1943, la Résistance subit durement la répression : sont démantelés le réseau CND, dont les derniers éléments sont arrêtés en novembre, et le réseau Jean-Marie, en octobre. D'août à octobre 1943, la 21e brigade spéciale de Saint-Quentin, réputée pour sa brutalité parmi les résistants, arrête une quarantaine de personnes appartenant aux premiers groupes de l'OS entre Creil et Compiègne. En novembre 1943, c'est le réseau Publican qui est anéanti. L’efficacité de ces mesures conduit à l’arrestation, en novembre 1943, de plusieurs organisateurs de mouvements (Libé-Nord, FTP, OCM…).
En janvier 1944, le groupe FTP de Beauvais (Jeanne-Hachette), qui vient d'être organisé, est aussitôt détruit. Puis, en mars 1944, des arrestations anéantissent le Front national (FN) et les syndicats aux Ateliers de Moulin-Neuf, à Chambly.
Pour autant, les mouvements se régénèrent et au début de 1944, la Résistance isarienne s’unifie au sein du Comité Départemental de la Libération Nationale (CDLN) et des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). La Résistance n’est plus seulement l’affaire de groupes mais aussi d’un ensemble structuré, en liaison avec le Comité Français de Libération Nationale à Alger.

Une réponse à l'intensification des action de la Résistance (juin-juillet 1944)
Durant le premier semestre de l’année 1944, la Résistance métropolitaine est mise à contribution par les Alliés afin de préparer le Débarquement. Il s’agit de porter l’effort sur la neutralisation des troupes d’occupation et des entreprises travaillant pour l’effort de guerre allemand.
Plusieurs plans sont établis par le Bureau de Renseignement et d’Action de Londres (le BRAL, branche de la Direction Générale des Services Spéciaux) :
-       Le plan vert coordonne le sabotage des liaisons ferroviaires ;
-       Le plan bleu perturbera la distribution d’électricité par la coupure, notamment des lignes à haute tension ;
-       Le plan violet doit permettre de neutraliser les communications allemandes notamment les lignes téléphoniques souterraines à longue distance ;
-       Le plan « Tortue » ou « Bibendum » doit gêner l’arrivée des divisions blindées en coupant les axes routiers par la destruction ponctuelle de ponts, de carrefours…
Malgré leur caractère destructif, ces sabotages doivent être réalisés avec minutie afin de faciliter la remise en route des réseaux avec l’avancée alliée.
Ces plans sont mis en action lors du Débarquement allié en Normandie (6 juin 1944) qui suscite l’inquiétude chez les forces d’occupation et l’espoir chez les Résistants, espoir qui conduit parfois à des imprudences.
En réponse aux actions menées par la Résistance, les forces allemandes renforcent la surveillance des sites stratégiques et accentuent les contrôles de la population, procèdent à des fouilles, à des arrestations. Le S.D.  (Sicherheitsdienst, service de sécurité allemand) obtiendra des renseignements précieux par la force lors d’arrestations de suspects ou en soudoyant des indicateurs parfois issus de la Résistance. Plusieurs attaques meurtrières sont alors menées contre les maquis accompagnées ou suivies de rafles à Boulincourt (le 17 juin), à Salency (le 1er juillet), dans la région de Saint-Just-en-Chaussée (les 2 et 3 juillet), à Anserville (le 20 juillet) ou dans la région de Breteuil (le 2 août 1944). La répression devient plus violente et plus massive. Les arrestations ciblées cèdent la place à des rafles conduisant à des déportations systématiques. Cependant, le harcèlement des troupes d’occupation se poursuit et les bombardements alliés se multiplient avec une efficacité redoutable.

L'instauration de la terreur (mi-août 1944)
A la mi-août, les mesures de représailles menées par les troupes allemandes prennent une dimension particulièrement tragique qui trouve son origine dans le contexte militaire. En effet, les événements de guerre tournent en leur défaveur sur le front de Normandie. Les Alliés entrent à Rennes le 5 août, à Vannes le 7, au Mans le 9, à Chartres le 10. Plusieurs villes françaises se libèrent par elles-mêmes, à commencer par Brive-la-Gaillarde le 15 août. Le jour même, les forces franco-américaines débarquent en Provence. Cette poussée décisive des Alliés au début du mois d’août crée une tension dans les rangs allemands qui s’ajoute à un état de fatigue lié aux deux mois de combats depuis le Débarquement. Dans le même temps les destructions des voies de communication empêchent la formation de nouveaux convois de déportation à partir de Royallieu.
Pour les armées d’occupation, il ne s’agit plus seulement d’arrêter les coupables des actions de résistance mais aussi d’impressionner et de terroriser la population soupçonnée d’aider les séditieux. Sans doute, l’évacuation des prisons et des camps sous la pression de l’avancée alliée a-t-elle conduit les Allemands à trouver un mode de représailles plus « efficace » que les rafles pour soumettre la population.
Des massacres sont orchestrés dans plusieurs villages, assimilant population civile et résistants considérés comme « terroristes ». Cette montée en puissance de la violence, arbitraire et affichée, conduit aux tragédies de Troissereux (les 16 et 18 août), de Neuilly-en-Thelle (le 23 août), d’Andeville et de Cauvigny (le 27 août).

Si les mobiles de cette répression demeurent flous, la chronologie des événements et le contexte particulièrement tendu d’une armée allemande harcelée, fatiguée et en retraite apportent des éléments d’interprétation aux sombres représailles de l’été 44. Mue par un sentiment d’impunité, motivée par une vengeance contre la population insoumise, l’armée allemande commet, peu avant la Libération, des crimes de guerre.

Sources :
Besse Jean-Pierre, L'Oise septembre 1940 - septembre 1944, Gouvieux, 1994, 218p.

Liens :
Share by: