1940 L'Oise dans la campagne de France

L'Oise dans la campagne de France

L'Oise en guerre
par Françoise Rosenzweig-Leclère

En 1940, la population de l'Oise subit pour la troisième fois en moins d'un siècle, la menace d'une invasion étrangère, des combats et une occupation militaire. De janvier à la mi-mai 1940, le département vit un état de guerre feutré que le journal La Gazette de l'Oise qualifie de « guerre virtuelle » ou de guerre « immobile », marqué par la mise en œuvre de la défense passive, une certaine désorganisation économique due aux effets de la mobilisation et les premières restrictions énergétiques et alimentaires.
Vient ensuite la Bataille de France (mai - juin 1940), puis une occupation allemande économique et politique qui durera quatre longues années (juin 1940 – septembre 1944).

Les bombardements aériens sur l'Oise
pendant la Campagne de France (mai - juin 1940)
par Marc Pilot et Françoise Rosenzweig-Leclère

Les bombardements de 1940 sur l'Oise se déroulent en deux phases. La première concerne surtout la zone de Compiègne, du 17 au 25 mai. La seconde touche l'arrondissement de Beauvais du 25 mai au 9 juin. On relève, pour l'ensemble du département, 525 victimes, 160 communes sont atteintes. Le centre des villes est pulvérisé ( Compiègne, Beauvais, Breteuil, Grandvilliers).

La guerre dans le ciel de l'Oise
par Frédéric Gondron et Marc Pilot

Le 15 mai 1940 la Wehrmacht perce à Sedan tandis que la Luftwaffe et la Flak forment un rideau impénétrable pour protéger les têtes de pont. A Berneuil-sur-Aisne le lieutenant Jean Schmidt du GC I/1, blessé, pose son appareil en catastrophe le 16. Cette première perte inaugure une liste qui se clôture le 8 juin avec un total de 71 avions épaves d’avions sur notre sol.

L'exode
Par Françoise Rosenzweig-Leclère

En décembre 1939, un plan d'évacuation de la population civile est élaboré : en cas d'invasion imminente, certaines populations du Nord et du Pas-de-Calais doivent se réfugier soit dans l'Oise soit en Bretagne. C'est à partir du 15 mai 1940 que le département est plongé dans la guerre alors que des réfugiés venus de Belgique ou du Nord ne cessent de s'écouler sur les routes de l'Oise. Le 20 mai la région de Compiègne est copieusement bombardée. Malgré un sursaut administratif, sous l'impulsion de Georges Mandel (mouvement préfectoral), et militaire (ligne Weygand), rien ne résiste à l'armée allemande qui déverse un déluge de bombes sur le nord du département et Beauvais en particulier. Commencé le 20 mai, souvent sur ordre des autorités françaises militaires puis préfectorales, l'exode des populations de l'Oise se poursuit jusqu'en juin 1940.


Les communes de l'Oise dans les combats de 1940

L'armistice à Compiègne
par Jean-Yves Bonnard

Le 21 juin 1940, Hitler se rend à la Clairière de l'Armistice pour ouvrir les pourparlers d'armistice avec la France. La délégation française envoyée depuis Bordeaux jusqu'à Paris occupé ignore encore où sera signé le cessez le feu jusqu'à ce que le convoi conduit par les Allemands le mène sur les lieux mêmes où a été signé l'Armistice de 1918. 

La destruction de la Clairière de l'Armistice
par Marc Pilot

Une fois l'armistice signé, le 22 juin 1940, les Allemands mettent à exécution l'ordre d'Hitler de détruire la Clairière de l'Armistice.
Les différents symboles sont démontés et l'abri de la voiture-restaurant du Maréchal Foch est détruit à l'explosif. Seule, restera la statue du Vainqueur de la Grande Guerre face au néant...

Les conséquences de la défaite
par Jean-Pierre Besse

Après la défaite la plus radicale que la France ait connue, les bombardements de mai-juin, l’exode, l’Oise est encore en septembre 1940 en état de choc. Près de 15 000 oisiens sont prisonniers. Les « évacués » sont loin d’être tous rentrés.
L’Oise est au 5ème rang des départements sinistrés par la guerre. Des agglomérations entières sont détruites comme Breteuil. Dans l’arrondissement de Beauvais, dix doivent être reconstruites. Jusqu’à la fin du mois d’août, on ne peut circuler qu'à pied, en vélo, ou en voiture à cheval. Les ponts sont coupés. Le réseau ferroviaire est très endommagé. Les services de La Poste ne rouvrent qu’en septembre, mais restent limités.
L’activité économique ne peut reprendre que lentement. Le potentiel industriel est entamé. Des usines ont été détruites, en totalité ou partiellement, mais les grosses entreprises du bassin creillois ont été peu touchées. En septembre, la chute de la production industrielle est indéniable, faute de moyens de transport qui permettraient l’approvisionnement en matières premières et en énergie, et l’écoulement des produits fabriqués. La production agricole est ralentie par le manque de carburant et la disparition d’une partie du cheptel. Les échanges que pratiquait le département avec l’extérieur deviennent irréalisables. La population de l’Oise ne peut se rendre dans la zone côtière. Les communications avec la zone non-occupée sont très difficiles, même par courrier. Le blocus, décrété par l’ex-allié anglais, isole la France.
Pendant l’été 1940, l’occupant s’est livré à un véritable pillage de ressources agricoles, industrielles (des stocks de minerai ont été transférés en Allemagne) et même culturel.
La population de l’Oise est désormais soumise à un double pouvoir : celui d’une administration française en pleine réorganisation et celui de l’occupant, d’abord tenté par l’administration directe mais qui, très rapidement, a préféré s’en remettre à une administration "indigène", moins coûteuse et finalement docile.
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