L'après Libération

L'Oise de l'après Libération

Le rétablissement des organes de la République
par Jean-Pierre Besse et Jean-Yves Bonnard

A Paris, le 25 août 1944, après six jours de combat dans la ville, le général de Gaulle est reçu par le CNR et le Comité Parisien de Libération à l’hôtel de ville. Lorsque que Georges Bidault lui demande de proclamer la République, le général De Gaulle lui rappelle qu’elle n’a jamais cessé d’exister. Pendant ce temps, les troupes alliées progresse vers l’Oise encore allemande.
Le 30 août 1944, Beauvais est libéré par les troupes britanniques. Le 2 septembre, tout le département de l'Oise est libéré.Au delà de la liesse populaire qui accompagne l'arrivée et l'action des troupes libératrices, deux faits symboliques marquent dans toutes les communes oisiennes la Libération : la floraison de drapeaux tricolores aux fenêtres et, plus tard dans la soirée, ou le lendemain, le défilé et le dépôt de gerbes au monument aux morts.
Les nouveaux pouvoirs s'installent à la préfecture, dans les sous-préfectures et dans les communes.

Les Comités de Libération
Par Jean-Pierre Besse

Face au pouvoir de Londres et de De Gaulle, la Résistance intérieure a constitué, sous l'impulsion de Jean Moulin, le Conseil national de la Résistance (CNR) où sont représentées les principales organisations de la Résistance, et, ce qui ne s'est pas fait sans soulever des oppositions, les représentants des partis politiques et syndicats.
Dans chaque département, il existe en théorie un Comité clandestin, créé à l'image, ou presque, du CNR. En pratique, la situation varie beaucoup d'un département à l'autre, en fonction du rapport des forces sur le terrain.
Enfin, toujours selon le même schéma, dans chaque commune doit exister un Comité local de libération.

Lendemain de la Libération à Pont-Sainte-Maxence

L'épuration
Par Jean-Pierre Besse

L'épuration est selon l'historien Pierre Laborie : "un acte fondateur des temps nouveaux". Pour les résistants en 1944, c'est à la fois une obligation morale et la condition nécessaire à la reconstruction et à la rénovation du pays.
Cette épuration prend diverses formes. Il y a celle que Peter Novick appelle : "la justice au coin d'un bois". C'est-à-dire, l'épuration extra légale ou encore l'épuration sauvage. Il y a ensuite l'épuration politique qui frappe les personnes ayant collaboré en participant aux activités des mouvements de la collaboration. L'épuration administrative concerne les agents de l'Etat. L'épuration économique vise les entreprises ou les dirigeants de celles-ci qui ont soit collaboré, soit profité de la situation politique pour tirer des bénéfices financiers illicites. Enfin, il reste une forme toute à fait particulière, la tonte des femmes.
Chantilly, défilé de femmes tondues

La presse de la Libération

Par Jean-Pierre Besse


Durant l'Occupation, les habitants du département de l'Oise n'ont à leur disposition que cinq journaux qui défendent plus ou moins ouvertement la politique de Vichy et la collaboration.

La Libération ouvre une période de foisonnement des organes de presse. Chaque parti, chaque mouvement a son journal. Certains ont même des éditions "régionales", c'est-à-dire spécifiques pour chacun des quatre arrondissements. Toutefois, dès 1946, les difficultés apparaissent pour quelque uns d'entre eux.


Le Travailleur de l'Oise, n°29, 13 au 18 mai 1945, Archives Jean-Pierre Besse, DR


L'intégration des FFI aux armées régulières
et leurs combats
par Jean-Pierre Besse

Dès que la Libération est réalisée, le général de Gaulle prononce la dissolution des états-majors FFI et interdit tout nouveau recrutement.
Il accepte toutefois l'intégration des FFI dans l'armée, mais placés sous le commandement des officiers de l'armée régulière.
"L'amalgame" se réalise plus ou moins facilement et rapidement selon les départements et selon les origines organisationnelles des résistants.



L'état du département en 1944
« Année zéro »
par Jean-Pierre Besse

A l’automne 1944, l’activité des entreprises est nulle par manque de courant électrique, de charbon et de carburant, de matières premières et de moyens de transport. Les entreprises ne disposent plus de moyens de communications postales ou téléphoniques.
Tandis que la main-d’œuvre rurale fuit les exploitations (les salaires agricoles ne sont relevés que l’année suivante), les usines du bassin creillois doivent affronter leurs destructions.
Ce n’est qu’au printemps 1945 que les transports ferroviaires s’améliorent, mais les relations avec Paris sont encore très difficiles. Le viaduc de Chantilly est en piteux état. Au mois de mai, les péniches de charbon sont de retour. En juin, le trafic ferroviaire se normalise. Alors que l’Oise cumule les destructions de 1940 et 1944, la reconstruction piétine, faute de matériaux et même de verre à vitre.
A l’automne 1945, le textile redémarre, mais la population supporte mal la hausse des prix, notamment ceux des produits manufacturés, et le blocage des salaires en mars 1946. Fin août, des grèves éclatent (11 en septembre) : les ouvriers protestent contre les inégalités de salaires. Le personnel qui travaille sur les chantiers de la SNCF est beaucoup mieux payé que celui des autres entreprises .
A l’automne 1946, le retour à la normale s’avère difficile.

Les élections de 1945-1946
par Jean-Pierre Besse

Pendant quatre ans, les Français ne sont pas appelés aux urnes. Le gouvernement de Vichy a enlevé tous leurs pouvoirs aux assemblées élues dans le cadre national ou départemental, pour les remplacer par des organismes nommés. Seuls les conseils municipaux ont conservé leurs pouvoirs ; et encore, dans les communes de plus de 2 000 habitants, le gouvernement a nommé de nouveaux conseils. La Libération marque le retour à la démocratie. Les Françaises et les Français, privés de droit de vote, vont se rattraper en 1945 et 1946. En effet, durant ces deux années, les consultations électorales se succèdent.

Le nouveau paysage politique
par Jean-Pierre Besse

La Libération marque le retour de la démocratie.
Avant que les différentes élections ne viennent établir le nouveau rapport des forces, les partis, syndicats ou associations qui, depuis quatre ans, agissaient dans la clandestinité ou étaient entrés en léthargie, surgissent à nouveau dans le paysage politique.  
Dans le même temps, les organisations de Résistance poursuivent, sous une autre forme, leur combat. Elles souhaitent participer à la reconstruction économique, politique et sociale du pays en mettant en application les idées qu'elles ont défendues dans la clandestinité.
Partis traditionnels et mouvements issus de la Résistance entrent très vite en concurrence : ils recrutent chez les mêmes personnes et défendent des valeurs qui, souvent, sont les mêmes. Les élections municipales du printemps 1945, les cantonales et législatives de l'automne portent un coup fatal aux mouvements de Résistance, peu habitués au combat politique de ce type, ce qui n'est pas le cas des partis traditionnels.
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